“Stricte application de l'état d'urgence et recours en dernier lieu aux balles réelles au sens de la loi de 1969” Mr Ali Lâaraydh, ministre de l'intérieur, a affirmé, ce jeudi 31 mai 2012, à Tunis, que le ministère de l'intérieur va appliquer strictement les lois en vigueur concernant la préservation de la sécurité des citoyens, des institutions, et du pays , en général, dont la loi relative à l'instauration de l'état d'urgence et la loi numéro 4 de l'année 1969 relative à la manière de faire face aux manifestations de foules et aux situations difficiles similaires, qui fixe les étapes progressives à suivre dans l'utilisation de la force pour régler de telles situations dont en dernier ressort le recours aux balles réelles. Lors d'une conférence de presse donnée, jeudi 31 mai , au siège du ministère de l'intérieur, Mr Ali Lâaraydh a rappelé que l'état d'urgence interdit les réunions de plus de trois personnes et permet aux autorités compétentes de confiner les gens dans leurs maisons. ‘Notre politique, à l'avenir, est de faire face à toutes les manifestations et actes de violence ,avec la fermeté totale, mais dans le cadre du respect de la loi, a dit le ministre de l'intérieur, qui a indiqué que cette politique sécuritaire a été présentée au président de la république ainsi qu'au président de l'Assemblée nationale constituante et au chef du gouvernement qui l'ont tous soutenue et appelé à sa mise en œuvre avec la diligence requise. Le conseil des ministres en sera saisi, également, afin que toutes les structures de l'Etat apportent leur appui à cette politique, tant il importe que les diverses parties concernées y adhèrent en vue de pouvoir surmonter tous les points négatifs générés par la transition démocratique. Le ministre de l'intérieur a noté que les tunisiens ont appris comment évoluer et vivre sous les régimes despotiques mais ils s'exercent aujourd'hui à apprendre comment vivre dans le cadre d'un système démocratique qui leur garantit la liberté totale de manœuvre, et ce système a beaucoup d'exigences , soulignant que les tunisiens possèdent toutes les qualités pour gagner le pari démocratique, et ne pas avoir à choisir entre le despotisme et l'anarchie, car la thèse du despotisme éclairé est absolument fausse, en ce que le despotisme est, toujours, synonyme de répression et de décadence. A cet égard, le ministre de l'intérieur a rassuré les tunisiens et les visiteurs de la Tunisie concernant la situation sécuritaire dans le pays, déclarant qu'il n'y ni camps d'entraînement secrets au maniement des armes, ni terroristes aux aguets. Il a souligné que les forces de sécurité intérieure font preuve d'une vigilance de tous les instants pour neutraliser et mettre hors d'état de nuire tous ceux qui s'aviseraient à porter atteinte à la sécurité des citoyens et du pays. Menaces et défis sécuritaires Le ministre a évoqué les principales formes de violence organisée qui menacent et ébranlent, actuellement, la sécurité, et constituent des sujets d'inquiétude et des sources de soucis autant pour les citoyens que pour les forces de sécurité appelées à les affronter, savoir le crime et les agissements des bandes criminelles, les mouvements de contestation sauvages sous forme de coupures de routes, de chemins de fer, et d'occupations illégales des lieux du travail, au nom de soit disant revendications sociales, puis la violence organisée, exercée au nom d'une certaine idée de la religion, et qui consiste à imposer aux autres , par la force, certains modes de pensée et de vie . Cette dernière violence est exercée par un courant fondamentaliste ou salafiste bien déterminé, car la mouvance salafiste est diverse, et il en est des courants qui ont une certaine idée de la religion et de la manière de vivre à laquelle leurs partisans s'attachent, sans chercher à l'imposer aux autres par la force. Par contre, a dit le ministre, chercher à imposer ses opinions et ses idées aux autres, en utilisant la force et la violence, même au nom de la religion, constitue un crime de droit commun puni par la loi. Mr Ali Lâaraydh a déploré aussi la violence générée par la persistance du régionalisme et du tribalisme, qualifiant ces comportements de retour en arrière au moment où la tendance générale est vers la consécration des grandes Unions que ce soit dans le cadre national ou dans un cadre transnational plus large, comme l'Union du Maghreb Arabe ou encore l'Unité arabe, pour les tunisiens. A cet égard, il a insisté sur la détermination des autorités de ne plus permettre les agressions contre les établissements étatiques et les sièges de souveraineté, comme les palais de justice, les postes de police ou de la garde nationale, les sièges des gouvernorats et des délégations. “Ces édifices, a-t-il dit, autant que les casernes bénéficient d'une intégrité et sont inviolables, et leurs attaquants se mettent dans la position de ceux qui s'avisent à attaquer des casernes. L'autre violence organisée qui inquiète les tunisiens et l'Etat, à la fois, est la recrudescence de la contrebande et du trafic de toutes sortes de produits et articles prohibés à travers les frontières, notamment les frontières tuniso-libyennes. La contrebande est néfaste pour la sécurité et pour l'économie. Le ministre a indiqué qu'il n'existe pas d'armes illégalement stockées en Tunisie, mais des cas isolés de possession illicite de petits articles , comme des révolvers, qui sont souvent démasqués. Les forces de sécurité intérieure appuyée par les unités de l'armée ne ménagent aucun effort pour faire face à ces défis sécuritaires et assurer la quiétude aux citoyens. C'est pour mieux les soutenir et conférer à l'action sécuritaire davantage d'efficacité que la nouvelle politique sécuritaire a été adoptée, quoiqu'il s'agisse de réactivations de lois en vigueur et de mesures déjà prises. Le ministre de l'intérieur a souligné qu'autant les autorités compétentes sont décidées à se montrer fermes dans la lutte contre la violence organisée autant le gouvernement est soucieux de permettre aux tunisiens de continuer à respirer pleinement l'air de la liberté apporté par la Révolution. Il a signalé, en outre, l'élaboration de nombreux programmes de réforme tendant à améliorer le rendement des services de sécurité, et portant sur les divers aspects du travail sécuritaire, juridique, organisationnel, ou relatif à la formation et à l'équipement des forces de l'ordre afin qu'elles s'acquittent au mieux de leurs tâches. Le ministère de l'intérieur accorde aussi une importance majeure à l'amélioration continue de la situation matérielle et professionnelle des agents des forces de sécurité et de tous ses personnels. Agissements louches Le ministre de l'intérieur a dénoncé l'action nuisible et les agissements jugés louches de certains syndicats sécuritaires qui cherchent à semer le trouble et la désinformation à des fins politiques au service d'intérêts particuliers, publiant des communiqués et faisant des déclarations contraires aux principes du travail sécuritaire. Il a signalé les déclarations fallacieuses faites à la presse par des responsables de ces syndicats sur l'existence de camps d'entrainement secrets en Tunisie, alors que le devoir leur impose d'en informer, le cas échéant, la hiérarchie. De telles déclarations relèvent de divulgation de secrets militaires punissables, a dit le ministre qui a demandé aux moyens d'information et à l'opinion publique de ne pas ajouter foi à tout ce qu'on leur dit, car c'est le plus souvent des mensonges pour des raisons inavouées. Il a signalé aussi la rumeur relative à l'existence d'un terroriste qui aurait eu l'intention d'attaquer la synagogue juive de l'île de Djerba, à l'occasion du pèlerinage annuel à ce lieu de culte, le 12 mai dernier. Les services du ministère de l'intérieur s'étaient mobilisés, toute la nuit, pour le démasquer et l'arrêter mais il s'est avéré, en définitive, qu'il s'agissait d'un groupe de jeunes tunisiens “engagés'' qui voulaient aller combattre en Syrie, via la Libye. Le pèlerinage s'est déroulé dans de bonnes conditions et les forces de l'ordre étaient là, mais discrètement. Il a signalé aussi les déclarations mensongères sur les avertissements adressés aux ressortissants de certains pays européens et autres pour éviter d'aller en Tunisie, notant que l'ambassadeur d'Allemagne, entre autres, les a catégoriquement démentis, et a encouragé, au contraire, ses concitoyens, à venir, nombreux, visiter la Tunisie à l'ère démocratique. Le ministre de l'intérieur a émis l'espoir que les tunisiens et les nombreux visiteurs de la Tunisie parmi les touristes de toutes les nationalistes passeront la saison estivale qui commence, sous le ciel tunisien, dans les meilleures conditions de sécurité et de tranquillité, grâce à la vigilance et au travail soutenu fourni par les forces de sécurité au service de la préservation de la sécurité dans le pays, à tous les niveaux.