Après avoir participé activement à la mise en œuvre de l'initiative de M. Béji Caïd Essebsi visant à fonder un mouvement capable de garantir un meilleur équilibre de l'échiquier politique tunisien, M. Omar S'habou a brusquement fait défection sous des prétextes que ceux qui lui ont fait confiance au sein du MRT ne peuvent ni justifier ni comprendre. La conclusion de sa déclaration publique de retrait de l'initiative est ici particulièrement en cause, dans la mesure où, en se situant à mi chemin entre MM. Ghannouchi et Essebsi, il renie tout à ce qu'il a pu faire comme déclarations et démarcations depuis son retour d'exil au lendemain de la Révolution du 14 janvier. Car si l'argumentaire développé par M.S'habou tend à faire admettre que son désaccord tardif serait dû à la décision de Sil' Béji de présider lui-même le nouveau parti, il est aisé de lui rappeler qu'au sein du Bureau politique du Mouvement Réformiste Tunisien (MRT) qu'il préside, il a au contraire défendu plus d'une fois cette option, et avec une force de persuasion qui contraste avec ce qu'il présente aujourd'hui comme une banale évidence. Après la dizaine de démissions qui avaient, à la veille des élections du 23 octobre, affecté la direction de notre mouvement, l'idée de procéder au remplacement des partants avait été rejetée dans la perspective d'une dissolution du MRT au profit de ce que nous appelions, dès lors, le «parti de Sil' Béji». Une appellation que M. Omar S'habou avait introduite lui-même. Mais revenons à l'objet de l'initiative elle-même. L'idée de M.Béji CaId Essebsi était de fonder un grand parti réformiste militant en faveur du projet de société moderniste bourguibien, mais sur la base de choix démocratiques bien clairs. Ceux-là même que le militant destourien Beji Caïd Essebsi avait défendu auprès de Bourguiba lui-même depuis la fin des années 60, avec M. Ahmed Mestiri, M.Hassib Ben Ammar, M. Sadok Ben Jemaa, Mme Radhia Haddad... C'est dans la dynamique de ce «mouvement des libéraux» qu'il avait contribué à la naissance du journal Er-Raï, du Conseil des Libertés et de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme. Les fondateurs du MRT restent fidèles à leur premier projet lorsqu'ils ont au lendemain du 14 janvier, rejoint le militant Omar S'habou sur l'idée d'un parti de la réforme bourguibienne attaché à cette démocratie que le leader Habib Bourguiba n'avait malheureusement pas su instaurer dans notre pays.
Je me permets de m'exprimer au nom de cet élan généreux qui a animé les très nombreux militants démocrates de divers profiles qui avaient alors choisi Omar S'habou comme symbole de l'attachement à la modération, au centrisme et à la réforme patriotique que représente l'œuvre de Habib Bourguiba.
Aujourd'hui, en rejoignant l'initiative de Sil' Béji, les réformistes tunisiens, comptent donner à la Tunisie démocratique pluraliste toutes les chances d'une alternance concrète, à travers un parti attaché aux valeurs bouguibiennes qui avaient su garantir le triomphe du mouvement de libération nationale sous la direction du Néo-Destour et la construction de l'Etat moderne après l'indépendance.
Il s'agit d'un acte patriotique militant conçu pour consolider le pluralisme et l'établir dans la durée d'une République démocratique authentique où il est impératif que toutes les sensibilités et catégories de Tunisiens se réconcilient et construisent l'avenir ensemble. Sur la base de la souveraineté populaire, du consensus patriotique et de l'alternance pacifique.