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Fermeture de tous les cafés et autres restaurants même dans les quartiers à haute densité étrangère Au nom d'une loi promulguée depuis... Bourguiba (qui redevient ainsi pieux)
C'est au cœur d'une ambiance festive et estivale que le mois saint vient cette année. Le mercure affiche des températures parfois humainement insupportables, les ordures jonchent les rues et les prix s'embrasent. Les dérapages s'installent et les dépassements sont de règle. Des images et un vécu auxquels le citoyen tunisien, tantôt acteur, tantôt victime, commence à s'habituer.
Avec 17 heures de jeûne, l'humeur n'est plus vraiment au beau fixe, surtout pour ceux qui sont accros au tabac et au café. La canicule aidant, les principes théologiques et spirituels propres à la sagesse du jeûne passent aux oubliettes. Place aux mauvais réflexes : fièvre acheteuse, convoitise malgré la flambée des prix et humeur lunatique.
Force est de constater, cette aura particulière que revêt notre société durant les 30 jours de Ramadan. Sauf que pour cette année, dans un gouvernement à majorité islamiste, de nouveaux éléments patents et à connotations islamistes envahissent notre quotidien ramadanesque.
Plusieurs citoyens se sont indignés contre la fermeture des cafés et des restaurants dans plusieurs quartiers à l'instar d'Ennaser. Effectivement, durant le premier jour de Ramadan, une descente policière a intimé l'ordre aux propriétaires des cafés et restaurants qui donnent sur l'Avenue Hédi Nouira de fermer boutique. Un des habitants de la cité s'est confié à nous : «On comprend qu'ils soient là pour appliquer la loi qui existe depuis des lustres. Mais, il aurait fallu aviser ces gens par le biais d'une circulaire quelques jours avant le mois saint ! Effectuer une descente policière à l'improviste comme celle qu'ils ont faite prête à confusion ! ». Une passagère qui a assisté à l'arrivée des policiers surenchérit : «Il n'est pas du ressort des agents de l'ordre de la faire mais plutôt de la police municipale ! C'est quoi ce délire ? On se mélange encore les pinceaux au ministère de l'Intérieur!».
En effet, une loi qui existait depuis l'ère de Bourguiba, interdit l'ouverture des restaurants et des cafés tout au long de Ramadan. Le texte de loi ne concerne pas les zones classées touristiques ou les rues commerçantes.
Pour s'expliquer le ministère de l'Intérieur a déclaré, hier, que cette fermeture n'est point illégale ou abusive vu qu'elle répond aux procédures en vigueur depuis Ben Ali...
Aurait-on oublié que le quartier en question est très sollicité par les étrangers, que la majorité de ses habitants sont des hommes et des femmes d'affaires de nationalité étrangère et qu'elle comporte une grande avenue commerçante ?
Part ailleurs, quand on veut appliquer la loi, il aurait mieux fallu le faire dans les règles de l'art et non de manière outrancière et impulsive. Une simple circulaire envoyée par le gouvernorat quelque temps avant l'arrivée du mois saint et distribuée aux propriétaires des restaurants pour les aviser, aurait suffi.
«On aurait pu éviter cette polémique si gouverneur et policiers avaient vraiment respecté la loi, nous confia un restaurateur. Pourquoi n'avoir pas averti de manière civique à travers les médias audiovisuels et par un document officiel la veille de Ramadan et appliquer la loi en cas de transgression de la loi? Ils ont préféré à cela leurs manières d'antan soi-disant au nom de la loi.»