Depuis le 10 août, le festival international de Hammamet consacre une semaine de la femme créatrice. Exclusivement féminine, cette manifestation récompense les efforts de l'artiste femme qui se bat quotidiennement pour imposer sa présence sur la scène artistique. « Boxe avec elles », documentaires de Latifa Robbana et Salem Trabelsi a ouvert le bal. Au cours de 52 minutes, le film fait défiler des portraits de jeunes filles qui ont choisi de pratiquer la boxe comme sport considéré comme exclusivement masculin. Issues de milieu populaire, elles sont fières d'exposer leur biceps. Certaines n'ont pas perdu leur féminité et rêvent de devenir de grandes championnes. Le film a été bien accueilli partout dans les festivals du monde entier et connaît à chaque fois, un véritable succès.
Au cours de la deuxième partie de la soirée, Manel Abdelkaoui a proposé un monologue « haute trahison » ou « Les jumeaux », texte de Ahmed Ameur d'après Said Néji dans une mise en scène de Mohamed Kchaou. La pièce se base sur un travail de mémoire qui nous fait revenir dans les années 70, époque où le mouvement estudiantin était très actif. Sameh et Samah, deux vieux militants se souviennent de leur combat pour la liberté et surtout de leur ami Mourad obligé de dénoncer ses camarades pour sauver la tête de son père accusé de haute trahison. Manel Abdelkawi entreprend un effort physique et corporel admirable pour rappeler aux « oublieux » que la révolution ne date pas d'aujourd'hui, que de nombreux étudiants ont sacrifié leur vie pour des idées de justice, d'égalité et de liberté.
La soirée du 11 août était dédiée à la musique et la poésie. Le spectacle a réunie une pléiade d'instrumentistes Yosr Laâbidi au piano, Khadija Afrit au qanun, Samar Ben Amara à la Zoukra et Zahra El Madani au Oud qui ont montré tout leur talent dans des solos dans lesquels chacune s'est exprimée avec sensibilité sur des musiques allant du traditionnel au contemporain. Elles sont relayées par des lectures de textes poétiques inspirées proposées par Souad Chaieb, Radhia Chaheibi, Faouzia Alaoui, Monia Boulila et Faouzia Harbi qui était accompagnée par un grand talent de la chanson bédouine Rym Hamdi. Malgré quelques faiblesses qui imprégnées à cette soirée un caractère amateur, l'ensemble ne manquait par de charme.
Le 12 août, ce sont « Les militantes » de Sonia Chamkhi qui ont investi l'écran du théâtre de plein air de Hammamet. Ces militantes sont Bochra Belhaj Hamida, Radhia Nasraoui, Sihem ben Sedrine, Saida Garrach, Souad Abdrerahim et Latifa Lakhdar que l'huistoire retiendra comme étant des figures de proue de la révolution du 14 janvier. Des portraits dans leur quotidien en pleine transition démocratique que la réalisatrice montre dans son documentaire où elles sont partie prenantes de la vie politique post révolutionnaire. Quelles soient candidates, militantes ou personnalités de la société civile, elles s'engagent corps et âme dans la lutte politique livrant un message clair que la femme est l'égale de l'homme et que ses droits lui permettent d'être sur l'échiquier politique sans distinction aucune avec ses confrères masculins. Le film est un document précieux plus qu'un documentaire qui archive cette mémoire de ces militantes pionnières auxquelles il rend hommage.
Après le 7ème art, le quatrième art a pris sa place sur la scène avec la pièce « Taba Taba » de Khawla Hadfi. 45 minutes de plaisir pour les comédiens Khawla Hedfi, Yosr Galai, Fatma Felhi et Zohra Zamouri, qui ont essayé au cours d'une série de tableaux de présenter l'univers de la femme dans toutes ses dimensions. Samia Gamel, icône de la danse orientale, fait rêver l'héroïne de la pièce qui n'a pourtant pas les capacités physiques pour devenir une star de la danse. C'est donc sur un ton enjoué et plein d'humour que cette création aborde le thème de la femme. La semaine se poursuit avec d'autres activités dont nous vous rendront compte prochainement.