Un parasite dans le blé a permis de découvrir le pot aux roses Mohamed Ben Salem, ministre de l'agriculture, a annoncé, lors du point de presse périodique, tenu jeudi 23 août au palais du gouvernement à la Kasbah, que les services compétents du ministère et des organismes sous tutelle ont réussi à découvrir plusieurs actes de malversation financière et administrative commis au sein du ministère et des organismes qui en relèvent. Les dossiers relatifs à ces actes ont été établis et transmis à la justice. L'affaire la plus importante porte sur une escroquerie à laquelle a été exposé l'Office des céréales de la part du propriétaire et directeur d'une minoterie et qui travaillait également comme collecteur de blé, c'est-à-dire qu'il collecte le blé produit en Tunisie auprès des agriculteurs et cultivateurs et le vend à l'Office des céréales. Or, cet homme exploitait sa qualité de directeur d'une minoterie pour acheter le blé tunisien subventionné auprès de l'Office des céréales au prix subventionné de 28 dinars le quintal, mais au lieu de l'utiliser dans la minoterie, il le revend à l'Office au prix courant de 60 dinars le quintal. Et il s'est avéré que notre bonhomme est un récidiviste, car il a été impliqué l'année dernière dans une affaire similaire mais il n' avait pas été poursuivi judiciairement, les autorités s'étant contentés de le priver de la prime de 17 dinars accordée pour chaque quintal de blé vendu à l'Office.
Les services du ministère et de l'Office ont pu confondre l'escroc en découvrant qu'un chargement de blé qu'il était venu vendre à l'Office à bord d'un camion était atteint d'une maladie parasitaire connue des techniciens et spécialistes de l'Office et qui n'existait pas en Tunisie. Ils ont compris, vite, que le blé était importé, car les directeurs de minoteries pouvaient importer le blé. Entre temps, un autre camion était venu transportant un autre chargement de blé importé. Les techniciens et spécialistes de l'Office et du ministère accompagné d'un huissier notaire arrivèrent de leur côté, prirent un échantillon du chargement et l'envoyèrent à un laboratoire spécialisé qui confirma l'atteinte du blé par la maladie parasitaire signalée. L'huissier notaire dressa un procès verbal en bonne et due forme, tandis que le ministère de l'agriculture reçut un certificat officiel attestant que le blé était importé et était atteint de la maladie signalée. A la lumière de ces données, un dossier a été établi et transmis au procureur de la République de Béjà ou se trouve le siège de la minoterie. Son propriétaire impliqué dans l'affaire possédait des silos à Jendouba, aussi.
Implication d'un ancien ministre de l'Agriculture Habib Haddad
Mohamed Ben Salem a indiqué qu'une commission technique a été créée pour contrôler tout le système et tracer les cas de malversation où que ce soit afin de les dénoncer et les présenter à la justice.
Par ailleurs, le ministre a signalé une autre affaire de malversation dans laquelle est impliqué l'ancien ministre de l'agriculture Habib Haddad pour exploitation de sa qualité de fonctionnaire en vue d'obtenir un avantage de façon illégale. L'affaire a porté sur la prise d'une décision ministérielle en l'absence de décret de référence, en vue de l'extension d'un périmètre irrigué à Siliana et la création d'un nouveau périmètre à proximité de l'ancien périmètre, conformément au vœu de la sœur de l'épouse de l'ancien président Ben Ali, dénommé Nafissa Trabelsi. La création de ce nouveau périmètre a lésé les agriculteurs de l'ancien périmètre, car l'eau consacrée à l'ancien périmètre avait été détournée au profit du nouveau périmètre, tandis que l'Etat a déboursé plus de 290 mille dinars afin d'exécuter les travaux d'aménagement du nouveau périmètre. Le dossier de l'affaire a été transmis au parquet en juillet dernier.
Abus dans les commissariats régionaux de l'agriculture : 800mille dinars détournés
Le ministère de l'agriculture a transmis, également, à la justice, un dossier relatif à des actes de malversation financière et administrative commis aux dépens de l'Institut de recherche en génie rural. Quelques 800 mille dinars mis à la disposition de cette institution pour réaliser des projets du ressort de ses attributions ont été dépensés, illégalement, à d'autres fins. Le directeur de l'Institut impliqué dans l'affaire a profité de son poste pour recruter son fils sans l'accord préalable du ministère de tutelle. Puis, il l'a aidé à monter une société alimentée par l'argent de l'Institut, outre l'envoi de chercheurs inféodés dans des missions bidons à l'étranger.
Un autre dossier porte sur des actes de malversation financière et administrative commis aux dépens de l'Agence foncière agricole. La vice directeur de cette Agence impliquée dans l'affaire a permis l'octroi d'un prêt de l'ordre de 128 mille dinars à sa fille, pour l'achat d'un terrain agricole et son utilisation à la réalisation d'un projet, mais la fille a vendu le terrain à un prix plus élevé et n'a pas honoré ses engagements concernant la réalisation du projet. L'affaire a été portée devant la justice.
Les services compétents du ministère de l'agriculture ont découvert, en outre, des cas d'abus flagrants au sein des commissariats régionaux de l'agriculture, tels que le commissariat régional de Manouba où les abus portaient sur l'utilisation arbitraire des voitures administratives. L'une de ces voitures, une voiture neuve de marque ‘'Golf'', a fait un accident qui n'a pas bénéficié du suivi convenable. Des abus ont été enregistrés au commissariat de Kasserine qui ont nécessité des mesures administratives. Des falsifications de marchés publics ont été découvertes au sein du commissariat de Bizerte, et les enquêtes se poursuivent.