La 7ème Edition de Mûsiqât a pris fin samedi 13 octobre, au prestigieux palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd, lors d'une soirée de musique spirituelle assurée par la chanteuse Monâjât Yultchieva, cette voix féminine venue d'Ouzbékistan qui avait interprété des chants traditionnels et liturgiques, dits « maqam », puisés dans la région de Ferghana. Elle était accompagnée de son maitre Shawqat Mirzaev qui jouait du « rubab », sorte de luth à long manche et à cinq cordes avec un corps arrondi et un plateau en parchemin. Deux autres musiciens dont une femme jouant respectivement du « tambour », instrument à percussion et du « dutar », un luth à long manche fabriqué en bois de mûrier avec deux cordes pincées. Le son de ces instruments combine avec la voix suave et expressive de la chanteuse.
Monâjât, un nom qui signifie imploration ou supplique, est dotée d'une voix forte, pure et vibrante, allant à merveille avec les chants soufi qu'elle interprétait, si bien qu'on la croyait sortir des entrailles et non de la bouche, créant une grande émotion auprès du public, venu nombreux ce soir pour découvrir la musique traditionnelle d'Ouzbékistan et vivre des moments d'évasion vers d'autres horizons méconnus. Et c'est là le but de Mûsiqât qui, au fil des années, a offert au public un voyage vers des contrées musicales souvent inhabituelles pour nos oreilles et, partant, a donné l'occasion aux mélomanes de s'ouvrir sur les musiques du monde et la culture universelle.
Monâjât Yultchieva est née en 1960 dans la vallée de Ferghâna proche de Tachkent. Elle fut découverte par Shawqat Mirzaev, un célèbre joueur de rubab, qui devint son maître et continue de l'accompagner dans ses concerts à travers le monde. En 2005, elle a participé au festival de musique autrichien Glatt und Verkehrt et au Festival des voix sacrées du monde à Lausanne. Elle s'est produite à plusieurs reprises à Paris au Théâtre de la Ville et à Bruxelles au Théâtre royal de la Monnaie et dans le festival Voix de femmes.
Ce soir-là, elle a interprété des chansons composées par son maitre, qui dénotent des secrets d'un art musical mystique d'une extraordinaire profondeur que la voix sublime de la chanteuse nous a révélés : une voix transparente et fine qui nous rappelle les rites célébrés par les dévots soufis pour atteindre l'extase finale et entrer en communion avec l'Etre Suprême. Elle a su exécuter ce genre de chants spirituels, habituellement destiné aux hommes, avec charisme, beaucoup de talent et d'inspiration, de tout son cœur, de toute son âme. Le public fut transporté ailleurs, dans les confins d'Ouzbékistan, à travers les belles performances de la chanteuse et de ses compagnons, à travers ses prières et ses implorations émouvantes. Quoique les paroles ne soient pas comprises du public, il a suffi des mélodies musicales et vocales pour que le message soit transmis. Résultat : tout le monde est rentré satisfait à la