«Le pouvoir doit fournir la preuve qu'il veut mettre fin à la violence», affirme Taïeb Baccouche «Nous appelons à la dissolution des ligues de protection de la Révolution dont les activités sont contraires à la loi», déclare Ridha Belhaj Des actions en justice sont intentées contre Nida Tounès, d'autres sont engagées par Nida Tounès. L'affaire de Lotfi Naguedh est au devant de la scène. Taïeb Baccouche, secrétaire général du parti, place l'affaire dans son cadre général et politique. Il s'agit, dit-il d'un « phénomène qui prend de plus en plus d'importance. L'utilisation de la violence politique a pour cible tous ceux qui ne sont pas dans la ligne directe de la Troïka, principalement Nida Tounès. Des affiches et des banderoles diffamatoires contre Nida Tounès sont placées dans différents coins en ville sans que les autorités réagissent. A Ksar Hellal, la maison d'un membre du parti a été incendiée.
Les choses ont atteint la ligne rouge. Des actions en justice sont engagées contre Nida Tounès et son président pour détourner l'attention de l'opinion publique». Le parti a intenté une action en justice contre le conseiller de la présidence qui a prétendu que « le parti et son président blanchissent l'argent ». La diffamation existe dans les journaux de caniveau. Des procès n'ont pas été engagés. « Lorsque des déclarations sont faites par des responsables au pouvoir, on ne peut se taire », précise le secrétaire général.
Concernant l'affaire de Lotfi Nagued, Taïeb Baccouche rappelle que des responsables avaient parlé de mort naturelle par arrêt cardiaque avant la parution du rapport du médecin légiste, chose contraire à la loi et à la morale. Un premier rapport a été établi à Gabès et le second à Sfax.
Des pressions sont exercées sur les avocats et les juges à Tataouine. Une tente est dressée devant le tribunal et des sit-ineurs sont en train de scander des slogans politiques chaque fois qu'il y a une séance d'écoute au tribunal. « Tout en faisant confiance à la justice nous demandons le transfert du dossier à Tunis ou à une autre ville, pour que le travail d'enquête se fasse dans des conditions normales », affirme le secrétaire général.
Me Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès, précise que « la violence politique a pris plusieurs formes. La première dans certains journaux de caniveau. Par ailleurs, le débat politique s'est transformé en débat au sein de la justice pour des affaires qui ne la concernent pas. Plusieurs affaires sont intentées contre le président du parti et d'autres dirigeants. La violence politique a évolué de façon progressive. Elle a commencé avec l'affaire de la Faculté des Lettres et des Humanités de La Manouba et s'est poursuivie avec les actions des ligues de protection de la Révolution, après la naissance de Nida Tounès ». Les actes violents ont concerné les locaux du parti, les personnes, comme la réunion politique à Sfax...Le point culminant a été l'assassinat politique à Tataouine, de Lotfi Naguedh suite à son lynchage par des membres de la ligue de protection de la Révolution de la ville. « Les tiraillements politiques ont commencé à propos de ce dossier avec la déclaration du porte-parole du ministère de l'Intérieur, parlant de mort naturelle. C'est une immixtion indirecte dans le dossier. Des pressions sont exercées par les ligues de protection de la Révolution, sur les témoins et en dehors du tribunal. Le premier juge d'instruction a été remplacé par un autre parce qu'il était en congé. L'article 294 du code des procédures pénales permet de demander le transfert du dossier. Une requête a été faite dans ce sens auprès de la Cour de Cassation, pour garantir des conditions normales de travail.»
Ridha Belhaj appelle à mettre fin à la violence politique, parce qu'elle met en danger la transition démocratique. Il propose l'établissement d'un Code de conduite à tous les partis politiques pour un minimum de comportement civique et démocratique. Il rappelle que les ligues de protection de la Révolution n'ont plus de raison d'être.
« Ennahdha les a implantées en leur donnant un cadre légal. Comme toutes les forces civiques nous appelons à la dissolution des ligues qui ont des activités contraires à la loi », dit le Directeur exécutif.
Deux avocats Me Hassine Zorgui et Me Ezzeddine Bougarres ont mis en relief les difficultés rencontrées à Tataouine et les différentes pressions exercées. « Les témoins subissent des menaces. Tataouine est une petite ville et le dossier est grand ». Taïeb Baccouche, tout en rappelant le cadre politique de l'affaire de Lotfi Naguedh, informe à la stupéfaction générale de l'assistance que ce qui s'est passé à Tataouuine a risqué de se reproduire, dernièrement à Hbira. « Une tentative de violence contre le secrétaire général local de l'Union des agriculteurs aurait pu connaître une tournure dramatique ». Le secrétaire général appelle le pouvoir à fournir la preuve qu'il veut mettre fin à la violence. Il réitère l'appel à nommer des personnalités neutres à la tête des ministères de souveraineté.