«Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que je me sens en sécurité à l'étranger et on me manque de respect dans mon propre pays. » « Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que je ne veux plus être harcelée, parce que ma fille a droit à un avenir meilleur. » « Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que la femme arabe c'est ma mère qui m'a porté, allaité et élevé pour que je devienne un homme ». « Je soutiens le soulèvement des femmes dans le monde arabe car chaque être humain sur cette terre, homme, femme ou enfant, qu'importe sa nationalité, a le droit de vivre avec sa dignité, ses opinions et ses croyances. » Ces mots, revendications et appels sont ceux de milliers de femmes et hommes de part le monde qui ont choisi de montrer leur solidarité avec la cause de la femme en adhérant à l'action intitulée « Le soulèvement des femmes dans le monde Arabe » ou « The uprising of women in the Arab world », un mouvement virtuel en phase de devenir un véritable phénomène de société.
Du mouvement virtuel à l'action sur terrain « Le soulèvement des femmes dans le monde Arabe » est à la base le titre d'une page Facebook citoyenne qui ne cesse de drainer des fans, venant des quatre coins du monde arabe et d'ailleurs, rassemblés autour de la cause de la femme, l'amélioration de ses conditions de vie et l'affirmation de ses droits et acquis. Yalda Younes et Diala Haidar du Liban, Farah Barqawi de Palestine et Saly Zohney d'Egypte, sont les quatre administratrices à l'origine du lancement de cette campagne à partir d'octobre 2012 et qui rassemble aujourd'hui plus de 72000 fans.
Réunies en octobre 2011, autour d'une page dont le slogan est « Ensemble pour des femmes qui jouissent de la liberté, l'indépendance et la sécurité dans le monde Arabe. », les quatre filles venues de quatre horizons différents ont vécu, chacune à sa manière les révolutions arabes et considèrent que même si elles ont évincé les dictatures, elles demeurent incomplètes. Les internautes sont invités à participer à la campagne en écrivant sur des pancartes « Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que ...» puis en terminant la phrase avec leur mots, leurs souhaits et leurs demandes afin d'afficher leur support. Deux mois plus tard, l'action prend de l'ampleur et se traduit désormais par des tags avec le logo de la page sur les murs de Beyrouth, du Caire, de Damas et en Palestine. Plusieurs médias européens et américains effectuent des reportages autour d'initiatives de femmes arabes qui revendiquent ouvertement leur droit de s'habiller comme elles veulent et qui s'indignent à cause du harcèlement sexuel dans les rues arabes. Des manifestations dans les rues et des ventes aux enchères sont entrain de se produire pour financer des expositions et l'impression d'affiches qui supportent l'action du Soulèvement de la femme dans le monde arabe.
Les Tunisiennes ont aussi leur mot à dire Ce message est adressé à tout le monde, quelque soit son genre, sa nationalité ou sa religion le but étant, de mettre en exergue le racisme dont souffre la femme dans le monde arabe sur le plan social, économique et politique, ses droits bafoués et l'importance de révéler ses problèmes au grand jour dont l'espoir de constituer un noyau de lutte contre l'oppression et l'injustice.
Les Tunisiens et surtout les Tunisiennes, particulièrement assujetties à des dépassements et attaques notés suite aux mouvements des révolutions arabes, ont été nombreuses à adhérer et faire du bruit autour de l'action, certes leurs revendications ne sont pas les mêmes que celles de leurs homologues dans les autres pays arabes souffrant d'une injustice beaucoup plus prononcée mais la crainte se sent. C'est ainsi qu'une internaute a posté une pancarte au nom de la saida Manoubia, dont le mausolée a été profané dernièrement, pour dénoncer l'atteinte à un symbole culturel ; « Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que je suis la femme arabe et sufi qui s'est formée auprès de grands érudits du soufisme, je suis morte il ya 700 ans mais les oiseaux de l'ignorance m'ont suivie dans ma tombe et brûlé mon mausolée car je demeure le symbole de la femme libre et militante. », écrit-elle au nom de la sainte, exemple d'une femme tunisienne qui luttait pour son émancipation des dizaines de siècles auparavant.
Une autre internaute tunisienne revendiquait le visage découvert : « Je suis avec le soulèvement de la femme dans le monde arabe parce que la sexualité de la femme est considérée comme tabou alors que la pédophilie et le viol sont considérés comme choses courantes ». Une riposte à l'affaire de la jeune fille violée par deux policiers et qui s'est vu accusée alors qu'elle devrait être victime. Plusieurs personnalités et artistes ont manifesté leur soutien en participant spontanément à cette action à l'instar de l'actrice tunisienne Hend Sabri qui a déclaré son support avec ces mots : « Je soutiens le soulèvement de la femme dans le monde arabe car les femmes libres élèvent des hommes libres...et parce qu'une révolution qui ne reconnaît pas les droits des femmes, n'est pas une révolution mais une véritable régression... » .