Après avoir destitué, en août dernier, le puissant chef de l'armée égyptienne, le Maréchal Tantaoui, et imposé ses hommes à la tête de la redoutable institution militaire, le président Mohamed MORSI, illustre inconnu, il y a quelques mois encore, signe une nouvelle réalisation à son actif. En plus des pouvoirs législatifs qu'il accapare déjà, le président vient de signer un nouveau décret qui renforce considérablement ses pouvoirs. L'objectif ne consiste-t-il pas à propulser un projet de Constitution ,adopté à la hâte par la commission constituante, béni par les frères musulmans ,largement majoritaire et réfuté par les groupes laïques, libéraux et chrétiens coptes qui accusent ce projet de porter atteinte à la liberté religieuse et d'expression ? Malgré son appel à la population égyptienne à se prononcer par référendum le 15 décembre prochain sur ce projet de constitution qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011, Morsi semble s'engager dans une stratégie à double face qui risque de diviser le pays et d'aggraver une situation sociale et économique déjà alarmante.
Faisant de la charia « source principale de la législation »,la nouvelle constitution englobe de nombreuses dispositions qui, d'après les détracteurs de ce projet ouvrent la voie à des interprétations ,donnant à l'Etat un large champ d'action pour réduire les libertés et appliquer la loi islamique en particulier dans ses concepts les plus rigoureux. Ce projet qui divise le pays cache-t-il la naissance d'un éclairé salutaire ou d'un tyran considéré comme un « nouveau pharaon » ? Pourtant, en quelques mois, le Président Morsi a établi des records. Elu président alors qu'il n était même pas le favori des frères musulmans, il a réussi à imposer, récemment un cessez le feu entre Israël et Hamas, occupant ,du coup, la couverture du journal le Time, avec ce titre enchanteur de « l'homme le plus important du Moyen-Orient ».
Cette ossature qui avantage son avenir politique pour devenir un grand homme d'Etat, notamment, dans une région qui aujourd'hui en a le plus besoin, doit le maintenir dans une situation qui donne raison à la raison, en dehors de toute appartenance ou considération ethnique ou religieuse ou culturelle. Morsi, élu pour être président de tous les Egyptiens doit rester comme il l'a déclaré au journal le Time « le garant de toutes les libertés d'expression et de conscience. Fondamentalement le garant de la liberté, de la démocratie et de la justice sociale respectant la loi de l'alternance... ». Loin de devenir un pharaon, il sera plutôt un pionnier dont sera fière l'histoire du printemps arabe.