On affirme depuis quelques décennies que certaines espèces animales protégées vivant dans le sud tunisien sont le point d'émirs, pardon, le point de mire de quelques chasseurs des pays du Golfe. L'outarde houbara fait partie des oiseaux braconnés par ces princes fauconniers. Il paraît, selon une légende d'obsédés, que certains organes de cette variété d'outarde, son foie et son cœur en particulier, font office de dépanneurs sexuels. Une sorte de viagra naturel, quoi ! Les amis tunisiens des oiseaux se sont longtemps (et en vain) insurgés contre l'extermination de cette espèce. Ben Ali les considérait alors comme les vrais « braconniers » qui osaient le provoquer dans sa propre chasse gardée. Du temps de Bourguiba aussi, on leur clouait le bec dès qu'ils revenaient sur « l'affaire » (assurément très juteuse) des outardes. En sera-t-il autrement avec nos nouveaux Maîtres ? Manifestement, en terme d'amitié, celle qui relie nos gouvernants actuels aux fauconniers du Golfe est bien plus solide que celle qu'ils doivent aux espèces protégées. Outardes aux œufs d'or En fait, il n'y a pas que nos amis du Golfe qui sont attirés par les outardes tunisiennes ! Durant les toutes dernières décennies, les voisins libyens ont découvert sur notre territoire, les plaisirs de la chasse à courre. En effet, courant après nos femelles où qu'elles paradent, ils ont fini par les capturer par dizaines et par centaines. Personne alors ne criait à l'extinction de la gent féminine tunisienne. Il y en avait même parmi les Amis des Libyens qui épargnait à ces derniers de s'essouffler après le gibier et le leur rapportait jusqu'à leur hôtel ou leur Résidence. Nombreux de nos compatriotes s'évertuèrent aussi à offrir le gîte à ces hôtes généreux pour qu'ils y accueillent leurs conquêtes plutôt faciles. Certes, ce type de rabattage fut un temps perturbé par les Révolutions du Printemps arabe. Mais ce n'était sans doute que partie remise : il ne fallait tout de même pas réduire au chômage nos outardes aux œufs d'or ! Si donc l'on vient chez nous booster sa vigueur sexuelle, autant en tirer le meilleur profit, se disent les entremetteurs nationaux. Et comme sur la carte, notre chère Tunisie a tout l'air d'une jeune dame qui tend ses bras vers l'Orient, ils y voient un signe encourageant du Destin et de la géographie! Fiasco et redressement Le problème aujourd'hui, c'est ce blocage que certains opposants mal intentionnés appellent « l'impuissance » du Gouvernement. Même des membres de la Troïka ont parlé de fiasco gouvernemental. Pour les profanes, « fiasco » signifie « échec complet ». Mais pour les connaisseurs, le mot désigne aussi une « impuissance sexuelle accidentelle », une « panne phallique » si l'on veut. Comment réagir en pareils cas : nos dirigeants actuels ont toujours répété qu'ils en sont encore au stade de l'initiation en matière de gouvernance. Il faudrait donc leur donner le temps pour qu'ils apprennent à surmonter les « fiascos » et ne pas trop les bousculer comme on le faisait autrefois avec les nouveaux mariés appelés à déflorer leurs épouses vierges la nuit même des noces. Patientons donc une, deux ou même trois années encore ! Cependant, si le redressement (n'allez pas trop loin dans l'interprétation du mot) de la Tunisie est une urgence, le remède efficace se trouve peut-être dans les entrailles de nos outardes. Pourquoi offrir aux étrangers les cœurs et les foies aphrodisiaques de ces oiseaux alors qu'ils sont d'une utilité cruciale pour notre propre élan ! Nous devons comprendre que si dans les pays des Emirs fauconniers, la situation politique, économique et sociale est toujours stable, nos outardes y sont sans doute pour quelque chose ! Retenons donc la leçon et préservons-les du braconnage extérieur ! Sachons néanmoins que si les organes stimulateurs des outardes ne donnent pas de résultats probants, la seule solution qui reste pour revigorer le pays est d'organiser de nouvelles érections, euh non, de nouvelles élections !