Les examens de la session de janvier 2013 ont commencé hier, jeudi, dans de nombreuses universités tunisiennes. Certes, en mastère, certaines facultés ont décalé les partiels pour la fin du mois courant en raison du retard dans le démarrage des cours au début de l'année universitaire. Mais dans d'autres établissements, les examens coïncident avec le retour de vacances, pour tous les niveaux d'études. Les plus longs s'étendront sur deux semaines après quoi les cours reprendront presque sans transition. Il n'y aura pas de nouveauté dans le déroulement des épreuves, mais déjà, les réunions avec les professeurs appelés à surveiller ont remis à l'ordre du jour le problème des candidates entièrement voilées. Sur un plan administratif, les étudiantes « niqabées » n'ont pas le droit d'entrer en salle d'examen et de passer les épreuves en gardant leur voile. Craignant des frictions à ce sujet entre les étudiantes concernées et les enseignants surveillants, les administrations universitaires recommandent à ces derniers d'en référer directement au chef de l'établissement dans les cas litigieux. L'enseignant est formellement prié, en pareilles situations, de ne pas prendre d'initiative personnelle et surtout de ne pas recourir à la provocation ni à la violence verbale ou physique face aux candidates récalcitrantes. L'affaire Khozdoghli est aujourd'hui dans tous les esprits. Le 3 janvier dernier, c'est-à-dire le jour même où les partiels avaient commencé, le procès du Doyen de la Facultés des Lettres de La Manouba se poursuivait. Et il est fort probable que lorsque les examens seront terminés, le tribunal chargé du dossier prononcera son verdict. La session de janvier 2013 aura donc été en partie marquée par la délicate question du « niqab », résolue plus ou moins pacifiquement en milieu social, et pas encore définitivement réglée à l'Université. Négligence et laxisme Mais au Supérieur, la surveillance à ces examens pose d'autres problèmes: le plus épineux touche à la prévention contre les fraudes et tentatives de fraude de plus en plus fréquentes à l'Université. Les circulaires remises aux professeurs et affichées aux portes et à l'intérieur des salles d'examen sont strictes notamment au sujet des téléphones portables. Mais, sachant que les candidats ne sont pas les seuls responsables dans les cas de fraude, les administrations mettent l'accent sur la bonne gestion de la classe par le ou les professeurs surveillants. On attend de ces derniers qu'ils fassent preuve de davantage de sérieux et de vigilance tout au long de l'épreuve. On déplore en effet une négligence et un laxisme de plus en plus généralisés parmi les professeurs dès qu'il s'agit de leur confier des candidats à surveiller : nombre d'entre eux s'absentent le jour des épreuves sans en prévenir l'administration. D'autres arrivent avec 15 ou 30 minutes de retard alors qu'ils sont appelés à rejoindre leurs établissements respectifs une demi-heure avant l'examen et de commencer à distribuer les copies aux étudiants un quart d'heure au moins avant le début de l'épreuve. On a par ailleurs noté que certains professeurs trouvent de quoi s'occuper pendant leur séance de surveillance et vaquent entièrement à ce travail ou loisir sans se soucier véritablement de l'alibi qu'ils donnent ainsi aux amateurs de fraude parmi les candidats à leur charge. D'autre part, entre professeurs surveillants, les différends se multiplient et l'on en arrive à une forme de bizutage étrange que s'autorisent les plus haut gradés aux dépens de leurs collègues d'échelon inférieur : un professeur du Corps A peut par exemple se permettre de se décharger entièrement de sa tâche sur le collègue affecté à la même salle, notamment si celui-ci est assistant, contractuel ou détaché du secondaire ! Sinon, il arrive suffisamment en retard pour s'épargner les tâches les plus éprouvantes (distribution des copies, remise des feuilles de brouillon et des sujets, signature de chaque cahier d'examen, répartition des candidats dans la salle, etc.). Il quitte les lieux le plus souvent avant l'heure et s'il daigne rester jusqu'à la fin de la séance, il n'arrête pas de s'offrir des pauses café inopinées qui durent plus ou moins longtemps. En fait, ces attitudes irresponsables et préjudiciables au bon déroulement des examens et même à la crédibilité de leurs résultats, ne sont pas le fait des seuls enseignants « gradés ». Des collègues femmes s'y complaisent aussi, et également les jeunes recrues fraîchement débarquées qui traitent encore avec une mentalité d'étudiants avec le public qu'ils surveillent. On les voit ainsi fermer les yeux sur certains mouvements suspects et sur des échanges louches auxquels ils prennent part eux-mêmes quelquefois ! Toutes ces irrégularités et tous ces abus auraient-ils droit de cité dans les établissements universitaires qui se respectent ? La plupart des contrevenants jouissent d'une forme d'impunité, parfois délibérée et très souvent forcée. En effet, et pour préserver un climat de relative sérénité dans les facultés ou instituts qu'ils dirigent, les chefs d'établissements supérieurs évitent de sévir administrativement contre les professeurs en faute et se contentent au meilleur des cas d'une remontrance verbale. A moins qu'il s'agisse d'un manquement très grave aux règlements. Mais à notre humble connaissance, les sanctions infligées dans pareils cas restent très moyennement dissuasives !