Ils étaient par centaines, hier matin, à affronter le froid et la pluie qui enveloppaient la capitale tunisienne. Fagotés de leurs maigres vêtements, le ventre vide et le cœur en miettes, les réfugiés du camp Choucha ont manifesté, en ce début de semaine. Flash-back sur une tragédie Situé à 7 kilomètres des frontières tuniso-libyennes et du poste frontalier de Ras Jdir, le camp des réfugiés de Choucha a accueilli des dizaines de milliers de personnes qui ont fui la guerre civile libyenne déclenchée début de l'année 2011. Si les réfugiés originaires de la Libye ont trouvé refuge chez les familles tunisiennes, les réfugiés subsahariens ont été éparpillés. Les plus chanceux ont eu l'asile politique, d'autres ont été rapatriés à leurs pays d'origine ou installés dans d'autres pays, d'autres encore, sans pièces d'identité, ont été laissés à leur sort et en l'attente des aides humanitaires internationales. Dans la majorité, ces milliers de ressortissants sont issus du Soudan, de Somalie, de la Côte d'Ivoire et d'Erythrée. Après que l'UNHC ait annoncé son départ au mois de juin prochain, non sans avoir apporté son aide et son soutien durant de longs mois, alarmés, les réfugiés vivent une énième fois la terreur de la guerre libyenne. Et pour cause, une crise humanitaire des plus cruelles s'accapare des lieux et s'abat sur ces êtres humains dépourvus des choses les plus rudimentaires de la vie. Après les frayeurs de l'insurrection sanglante qui a chamboulé la Libye, les voici à la merci de la famine et de la précarité totale. Ces laissés-pour-compte, sont sortis, hier, manifester, à la Place des Droits de l'Homme, puis devant le siège de l'UNHC Tunisie au Lac. Quel avenir pour ces victimes de guerre ? Malgré l'interdiction du rassemblement par les autoritaires tunisiennes, les demandeurs d'asile ou d'insertion sociale, les centaines de manifestants, tout âge et sexe confondus, se sont rassemblés, durant la matinée d'hier lundi 28 janvier, Place des Droits de l'Homme à Tunis. Leurs revendications sont aussi simples que légitimes : une vie humaine respectueuse de leur qualité d'êtres humains. Des banderoles ont été brandies et dont les messages étaient porteurs de leurs revendications et cristallisent la cruauté de leur situation inhumaine dégradante. «Moi aussi, je suis un être humain», «La discrimination de l'UNHC au camp de Choucha», «Nous sommes tous issus de la génération des victimes de la crise libyenne et nous réclamons une solution», «l'UNHC finis ta mission», «Libye : Même guerre, même réfugiés, même statut !!!», «Statut : demandeur d'asile rejeté», «Nous sommes les perdus et les oubliés», «Quel avenir pour nos enfants ?» Visant à attirer l'attention de l'opinion internationale et du soutien des ONG humanitaires sur la gravité de la décision de la fermeture du camp des réfugiés de Choucha par l'UNHC, les manifestants ont effectué une marche à pied à partir de la Place des Droits de l'Homme au siège de l'UNHC sis au Lac. Il est à rappeler que les aides alimentaires ont été coupées depuis le mois d'octobre dernier et que le Haut Commissariat des Nations Unies a annoncé, récemment, la fermeture dudit camp au mois de juin prochain. Procédures de rapatriement et d'asile closes, camp bientôt fermé, les dés sont jetés et le sort de ces victimes de guerre demeure un gros point d'interrogation.