Les faucons d'Ennahdha auraient eu le dernier mot au conseil de la choura Le conseil de la Choura d'Ennahdha s'est réuni en conclave durant de longues heures vendredi soir pour discuter, principalement la question du remaniement ministériel, un remaniement devenant à la longue agaçant. Les quelques échos parvenus font état d'une impromptue sortie de Hamadi Jébali, secrétaire général du parti et chef du Gouvernement, avant la fin de la réunion. Pour les ministères de souveraineté, les échos qui circulent laissent entendre qu'Ennahdha ne cèdera en rien sur ce point d'une acuité cruciale pour elle. Le ministère de la Justice en fait partie. Hamadi Jebali, aurait déclaré que le sujet du remaniement ministériel fait partie de ses attributions. Le communiqué diffusé hier matin, souligne l'attachement d'Ennahdha à « l'approche participative dans la gouvernance ainsi que son ouverture à toutes les parties qui oeuvrent à la réalisation des objectifs de la Révolution ». Le conseil de la Choura a rappelé qu'il tient au consensus qui a été à la base de l'expérience actuelle de gouvernement et appelle les autres parties à s'en tenir à cette approche et à l'approfondir pour consolider la stabilité. Il invite ses partenaires de la coalition à accélérer la résolution du sujet du remaniement, pour garantir davantage d'efficacité à l'action gouvernementale dans le cadre de l'engagement pour la réalisation des objectifs de la Révolution et la satisfaction des aspirations populaires. Le conseil est solidaire des anciens prisonniers politiques, sitinneurs qui demandent l'activation de l'amnistie générale. Il appelle à « mettre fin à l'injustice subie par les détenus membres d'Ennahdha et de la Ligue de protection de la Révolution de Tataouine ». De même le conseil apporte son soutien à Abdelfattah Mourou qui a été agressé et se prononce contre toutes les formes de violence. Tout d'abord concernant l'affaire Lotfi Naguedh à Tataouine, l'enquête judiciaire se poursuit encore et le communiqué d'Ennahdha ne fait que soutenir ceux qui ont été impliqués dans le lynchage qui avait entraîné la mort de Naguedh. Pour beaucoup d'observateurs, les termes du communiqué laissent apparaître que les faucons ont eu le dernier mot dans les discussions au sein du conseil de la Choura. Mehdi Ben Gharbia, dirigeant au sein de l'Alliance Démocratique a déclaré au Temps, que « son parti avait présenté par écrit ses conditions pour participer au Gouvernement. Il attend encore la réponse. Il y a une frange au sein même d'Ennahdha qui ne croit pas au consensus, mais à la violence. L'aile dure d'Ennahdha, n'a pas encore réalisé et estimé comme il se doit la nature de l'étape que nous vivons actuellement. Il est regrettable que cette partie ne soit pas consciente des enjeux. Par contre le chef du Gouvernement en est conscient connaît les difficultés de la gouvernance. Cela nous rappelle le début des années 90 et ceux qui appelaient à l'escalade. Nous espérons que l'histoire ne se répète pas. Il ne faut pas faire comme si rien n'a été fait dans le pays. Cela ne sert ni Ennahdha, ni la Troïka, ni le pays». Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, a déclaré sur les ondes de MosaïqueFM, qu'il est temps pour « donner au gouvernement toutes les prérogatives pour assumer ses responsabilités et faire face aux grands défis. L'attentisme porte préjudice à l'intérêt national. Il est nécessaire qu'il y ait des signaux clairs à l'opinion publique. Le ministère de la Justice doit être confié à une personnalité indépendante ». Mohamed Bennour espère que le conseil de la Choura accorde au Gouvernement les compétences nécessaires pour solutionner plusieurs problèmes comme la violence. Toutes les familles politiques et idéologiques doivent mettre fin à la violence. Les Ligues de protection de la Révolution doivent englober toutes les tendances. Leur rôle n'est pas d'empêcher les partis politiques de tenir leurs réunions, mais de protéger les établissements contre ceux qui veulent les agresser. Il faut se départir de la mentalité des quote-part politiques. Il faut penser à l'efficacité. Il faut que Hamadi Jébali dispose de toutes les prérogatives pour assumer au mieux ses fonctions». Le bureau politique d'Ettakatol, devait se réunir hier après-midi pour décider s'il reste ou non au sein de la Troïka. La sortie de la Troïka n'est pas exclue. De même le Congrès pour la République (CPR) a tenu un Conseil national extraordinaire pour examiner la même question. On sait que le CPR exige le départ de Rafik Abdesslam du gouvernement, alors que l'actuel ministre des Affaires étrangères, est pressenti au poste de porte parole du gouvernement avec titre de ministre. Rached Ghannouchi, Mustapha Ben Jâafar et Mohamed Abbou devaient se rencontrer chez Moncef Marzouki à Carthage pour trouver un épilogue à ce feuilleton. Attendons voir.