C'est dans le cadre de la première session de la manifestation théâtrale « Découvertes » organisée par le Théâtre National Tunisien du 18 au 23 février au 4ème art qu'a été présentée lundi dernier la pièce « Les passants » de Mohamed Habib Mansouri. La pièce basée essentiellement sur la danse ne comporte pas de dialogue, juste quelques onomatopées. Ce qui donne lieu à toutes interprétations possibles. Au fond d'une scène nue à peine éclairée sont lignées sept chaises sur lesquelles vont s'installer sept comédiens : cinq hommes et deux femmes qui sont les personnages de la pièce. Ces chaises seront momentanément abandonnées et ne seront utilisées que vers la fin du spectacle. Les personnages quittent leurs sièges pour se mettre à tournoyer au milieu de la scène accentuant le rythme de leur pas sur une musique assourdissante. Ce sont des passants totalement déboulonnés. Soudain l'un d'entre eux pousse un you you, ce qui fait rire la salle. Puis, tous se mettent à genoux et entreprennent un exercice de respiration et d'expiration poussant leur torse en avant et en arrière. Ensuite, ils s'écroulent à terre et effectuent des roulements. L'un d'entre eux vêtu de blanc, un nœud papillon autour du cou donne l'air d'un chef d'orchestre qui semble les guider dans leurs cadences accélérées. Subitement, quelques mots sortent de la bouche d'un protagoniste : « Et après ? Et alors ? On baisse les bras ? ». Un puzzle à reconstituer On comprend à travers la trame qu'il est sans doute question de pouvoir, d'égarement, de folie et d'errance. Il ne s'agit là que de suppositions car aucune indication ne nous aide vraiment à comprendre le sens de ce qui se joue. La pièce prend un sens et devient intéressante lorsque les chaises disposées jusque là dans la pénombre entrent en jeu. Des tableaux se succèdent : une femme assise sur une chaise observe le spectacle d'un groupe d'hommes qui s'entredéchirent tels des rapaces. Elle se met à lancer des you you tandis qu'un passant traverse la scène avec un cartable à la main. Arrive un autre homme, il renverse la chaise au milieu de la scène, un autre personnage vient se prosterner devant cette chaise renversée dans une position de prière. La même chaise sert aussi comme instrument sur lequel on torture un homme. Enchainé, il pousse des cris stridents et déchirants. La pièce a tout l'air d'un puzzle dont il faut reconstituer les morceaux. L'imagination des spectateurs est sans cesse convoquée comme face à une peinture abstraite. Au début de la représentation, on est déboussolé parce qu'on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe. Ce n'est que vers la fin que le puzzle se reconstitue grâce en particulier à la déclamation d'un poème de Mahmoud Derwiche « Les passants » chanté par Assala Nasri qu'on saisit un peu le sens des choses. Enfin, une heure sans mot mais non sans cri pour dire le désastre qui guette à chaque détour. Mohamed Habib Mansouri nous livre les fragments de la pensée de Derwiche qui, écrit sous forme de poème peut tenir, mais formuler sur une scène de théâtre, c'est beaucoup plus compliqué notamment pour ceux qui ne connaissent pas la poésie de Derwiche. « Les passants » est donc destinée à des spectateurs avertis qui aiment la danse et à qui on peut solliciter de faire des efforts de compréhension. Hayet Gharbi Les -à -côtés - Comme de coutume, pas de dérogation à la règle, la pièce a démarré avec une heure de retard. Les organisateurs de cette nouvelle manifestation théâtrale devraient veiller au respect des horaires car il y va de la crédibilité et de la réussite de leur initiative. - Avant la présentation de la pièce, l'organisateur de la manifestation a appelé le public à observer une minute de silence à la mémoire de l'humoriste Nasreddine Ben Mokhtar qui venait de décéder. - Le programme de la manifestation manque beaucoup d'éléments : fiche technique et artistique, synopsis etc... pouvant aider les spectateurs à la lecture et la compréhension des pièces.