Le cycle repart à nouveau sur la rengaine désormais et dont le refrein commence par l'apaisement après la tempête, en attendant la prochaine épreuve. C'est la tactique de l'offensive et du repli : Al kar wal far ! Avant-hier, nous avons vécu un jour « heureux » de notre vie transitionnelle après avoir écouté Cheikh Rached Ghannouchi, l'homme de la nouvelle providence qui veille aux destinées de la Tunisie, nous dire au micro d'une radio, que la Nahdha est bien décidée à faire des « concessions » sur quoi, s'il vous plaît, sur les valeurs universelles (Al kiyam al kawniya) afin qu'elles soient intégrées dans notre géniale Constitution qui comme vous le savez sera terminée « Inchallah » dans l'année courante et sera la référence pour tout le printemps arabe et les peuples civilisés de la terre ! Nous sommes comblés ! Voilà qui annonce un nouveau printemps bien mérité après un hiver glacial. Autre « concession » de taille pour le vénérable professeur, la Chariaâ sera mise de côté pour le moment et il nous fait le beau cadeau d'un Etat civil (Dawla madaniya) démocratique où les libertés publiques seront protégées et où le droit à la différence sera respecté. C'est bon à prendre et il n'est jamais trop tard pour espérer. Que voulez-vous de plus, un paradis avec un bon chef cuisinier pour nous faire les bons « briks » (Janna we fiha brikaji, comme le veut le proverbe populaire tunisien). Par conséquent, nous sommes sincèrement reconnaissants au chef du parti islamique d'avoir bien voulu accepter de nous faire accéder à nos droits naturels et humains que Dieu nous a donnés avec le premier souffle d'Adam sur Terre et d'avoir accepté enfin que la Tunisie ne soit pas le Soudan, la Somalie ou l'Afghanistan, mais un Etat institutionnel et démocratique avec un référentiel islamique. Vous me direz mais c'est ce que nous avons toujours été depuis la Constitution de Carthage cinq siècles avant Jésus Christ, et Kairouan : « Je vous dirai, rendez grâce à Dieu pour cette offrande (Ihmadou Allah aâla naâmatihi), car un jour, on pourrait la regretter ! Eh oui, tout reste lié à la bonne volonté du prince tant que l'Etat de droit ne sera pas proclamé de façon irréversible et institutionnelle. Cet Etat de droit commence par l'affirmation de la plénitude de la souveraineté sur tout ce qui est relatif à la puissance publique. Mais, le hic, c'est qu'au moment où le chef de la Nahdha manœuvrier de grande classe, il faut le lui reconnaître, nous accordait tous ces privilèges » inespérés avec un régime théocratique religieux, les fameuses « Ligues de protection de la Révolution » milices bien légitimées par la Nahdha et le CPR, tenaient réunion pour affirmer leur caractère durable et irréversible dans le paysage politique et ce pour l'éternité ! Le Cheikh Rached ne dit pas mot à la Radio sur le devenir de ces structures qui sont rejetées par tous les partis démocrates et la société civile. Ce rejet a été aussi exprimé par nos partenaires européens les plus proches, ce qui implique un message bien clair et précis : « On ne peut pas construire une démocratie sans Etat de droit et on ne peut avoir un Etat de droit avec des milices qui s'approprient une partie de la puissance publique et les instruments de la « violence légale ». Celle qui le dit n'est autre que la chancelière allemande en personne, Mme Angela Merkel, à l'adresse du gouvernement tunisien. L'amalgame continue ainsi à être la culture de prédilection des hommes au pouvoir et seuls les naïfs de moins en moins nombreux dans ce pays, prendront pour de l'argent comptant, toutes ces promesses évasives des politiciens. Un ami de Tozeur, bien « jridi » par l'humour, la subtilité et l'intelligence est allé jusqu'à proposer dans son accent unique où il chatouille le « T » de prendre toutes les déclarations des hommes politiques tunisiens, influents et dont dépend notre destin, de les cautionner dans des registres écrits et sonores et de les confier à un huissier notaire officier de l'Etat, comme preuves éventuelles de la turpitude des leaders politiques ou de leur vertu bien sûr. Autre exigence, les « programmes » des dirigeants politiques aspirant au commandement doivent être conformes à leurs promesses électorales. A titre d'exemple, la Nahdha, nous a-t-elle dit à la veille du 23 octobre 2011, qu'elle voulait instituer la Chariaâ, comme base de législation en Tunisie ! Si elle l'avait fait les choses auraient été bien différentes peut-être, aujourd'hui, et Monsieur Rached Ghannouchi, n'aurait pas été obligé de faire des « concessions » à ce sujet. De longs mois sont passés et nous faisons du surplace de l'avis même du leader de la Nahdha, en partie à cause de ce problème et de cette ambition démesurée de changer radicalement le mode culturel et social tunisien millénaire et qui a fait ses preuves. A-t-on jamais vu une plus belle culture et un plus bel Islam que les nôtres avant que ces « drapeaux noirs » bannières du malheur et porteuses de la mort et de l'agressivité viennent envahir l'espace public et religieux de la Tunisie. Notre culture tolérante et millénaire est le socle de notre paix sociale et religieuse. Non, la Tunisie est bien plus belle que ses couleurs naturelles. Le bleu de son ciel et de ses mers, le vert de ses forêts et de ses vergers fleuris, le jaune de ses citronniers, le rouge de ses bougainvillées, le blanc de ses maisons lumineuses accueillantes et si apaisantes pour le regard du visiteur étranger. Paul Klee, le grand peintre allemand du 20ème siècle, en a été éblouie quand il a visité Kairouan. Il en est sorti avec des toiles qui ont marqué l'histoire de la peinture contemporaine et il l'a écrit dans ses mémoires : « J'ai été fasciné par la lumière et les couleurs de la Tunisie ». Non, le « noir » n'est pas la couleur de la Tunisie, les jeunes ne doivent pas désespérer. Il faut qu'ils vivent leur hymne à la vie et non à la mort. Ma mère n'a jamais porté le noir même au temps du deuil. Dieu protège noter pays de cette occupation « interne » préméditée, rampante et agressive avec ses soubassements et ses financements externes... parce que les hommes au pouvoir s'en foutent ! « Innaka Assamiîou Al Moujib ».