«Avec le remaniement en cours le même cheminement qui a prévalu après les élections et qui a mené à l'échec, se trouve à nouveau emprunté», affirme Taïeb Baccouche, secrétaire général de Nida Tounès «Ce Gouvernement ne pourra rien réussir sans avoir pris des mesures urgentes dont la première doit mener à la dissolution des Ligues de protection de la Révolution», prévient Meya Jeribi, secrétaire générale d'Al-Joumhouri «Il n'est pas raisonnable, qu'à l'heure où le pays est sans gouvernement, le président de la Constituante soit absent», déplore Samir Taïeb «Nous avons besoin d'un programme urgent de sauvetage qui crée les conditions nécessaires pour la reprise économique», affirme Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste « Le pays pourra s'en sortir à la condition que les partis politiques fassent prévaloir l'intérêt supérieur du pays sur leurs propres intérêts», clame Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique Un gouvernement tant attendu et qui ne voit pas de sitôt le jour après 9 mois d'atermoiements, la violence qui continue à sévir après l'assassinat de Chokri Belaïd, les retards enregistrés dans les travaux de l'Asseblée Nationale Constituante (ANC), la situation économique et sociale peu reluisante et l'impérieux dialogue national pour sortir le pays de l'ornière, ont été au centre de la conférence de presse très suivie, tenue hier par l'Union pour la Tunisie. Il s'agit du Front démocratique crée entre Nida Tounès, Al-Joumhouri, Al-Massar, le Parti Socialiste et le Parti du Travail Patriotique et Démocratique, ambitionnant d'équilibrer les rapports de forces politiques dans le pays pour permettre une alternance pacifique. Taïeb Baccouche, secrétaire général de Nida Tounès, précise que le remaniement ministériel, on en parle depuis 9 mois. Ça devient stupide enfin de compte. Il affirme : « la lenteur et nonchalance a fait perdre toute confiance et crédibilité en ce remaniement. Après le choc voire le séisme provoqué par l'assassinat de Chokri Belaïd, a été proposée l'idée d'un Gouvernement de compétences nationales avec le même chef du Gouvernement. Cette idée a été avortée. Aujourd'hui, on va rafistoler pour ajouter quelques noms non partisans tout en gardant l'esprit des quotes-parts. Le délai de 15 jours s'achève bientôt et rien n'est fait. Même s'ils arrivent à former un gouvernement, les problèmes restent posés. La situation dans le pays exige des solutions radicales. La crise touche tous les niveaux, politique, économique, social, culturel et même religieux. Le même cheminement qui a prévalu après les élections et qui a mené à l'échec, se trouve à nouveau emprunté. Le même échec est attendu. On ne s'attend pas à des solutions profondes des problèmes du pays. Parler de 40 ministères, finira par dilapider beaucoup d'argent pour réaliser des ambitions personnelles ». Meya Jéribi, secrétaire générale du parti Républicain (Al-Joumhouri), rappelle qu'on ne se lassera jamais de poser le problème de la violence. « Il faut une mobilisation générale des citoyens car la violence est un vrai danger pour la Tunisie et les Tunisiens. Nous sommes arrivés au summum de la violence avec l'assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février ». Elle regrette que les mesures nécessaires n'aient pas été prises. La violence se poursuit et se propage dans le pays. Des agressions contre les Facultés, des menaces des Ligues de protection de la Révolution devant le silence du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Justice. « Le local du parti Républicain à La Soukra a été attaqué. Des écriteaux appelant à la haine et à la violence ont été apposés. C'est la même culture des Ligues de protection de la Révolution. Le syndicat général de l'enseignement secondaire dont la commission administrative est actuellement en réunion, a vu ses locaux infestés par des tracts qui appellent à la violence ». La secrétaire générale d'Al-Joumhouri, déplore que la violence se propage verbalement, physiquement et effectivement. « Ce Gouvernement ne pourra rien réussir sans avoir pris des mesures urgentes dont la première est la dissolution des Ligues de protection de la Révolution et une neutralité effective des ministères de souveraineté. C'est ce qui permettra au Tunisien de sentir que la justice et la sécurité sont à son service. Sans combattre la violence on ne peut parler ni d'investissement, ni de croissance. C'est un sujet qui concerne tous les Tunisiens, toutes les associations et tous les partis politiques. Nous sommes en pourparlers avec le Front populaire et d'autres pour un programme national et citoyen de lutte contre la violence ». Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar et membre de la Constituante évoquera les retards accusés dans le travail de l'ANC. « L'opposition au sein de la Constituante ne se contente pas de critiquer. Elle est une force de proposition. Elle a présenté un projet de calendrier. Un groupe est en train de se former au sein de l'ANC dont l'objectif est de mettre en place un calendrier. Nous n'accepterons d'examiner aucun projet de loi, qu'après la fixation d'un calendrier. Il faut fixer des échéances et agir pour les respecter », dit-il. Il fait porter les retards enregistrés dans le travail de l'ANC au groupe majoritaire et Ennahdha, avec la complicité du président de l'ANC. « Il n'est pas raisonnable, qu'à l'heure où le pays est sans gouvernement, le président de la Constituante soit absent. Même lorsqu'il n'est pas à l'étranger, il ne fait pas grand-chose », affirme Samir Taïeb qui déplore que le président de la République n'ait pas agit selon ses prérogatives et ait utilisé l'article 15 de la loi fondamentale d'organisation provisoire des pouvoirs. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste s'étalera sur la situation économique et sociale. Il précise que « le Gouvernement parle de taux de croissance sans précédent, de la création de 100 mille emplois un grand exploit alors que la situation dans le pays est au plus bas. Les membres du Gouvernement méprisent la baisse de la note souveraine du pays, alors qu'il s'agit de la preuve reflétant au vrai sens une crise étouffante qui prévaut dans ce sens ». Il rappelle l'inflation galopante dont les dernières augmentations des prix du carburant qui se répercuteront sur toute la machine économique. « Nous sommes gouvernés par des personnes qui ne maîtrisent pas la gestion des affaires publiques ainsi que les questions économiques et sociales. Elles ne cherchent qu'à profiter de leur positionnement au sein du pouvoir et le consolider. Nous avons besoin d'un programme urgent de sauvetage qui crée les conditions nécessaires pour la reprise économique. Il faut prendre des mesures urgentes au profit des pauvres et des régions marginalisées. Les citoyens pauvres ne peuvent se taire. Durant la campagne électorale on leur a promis monts et merveilles, un programme de 365 points, 400 mille emplois. Ils ont été floués. Ils déchantent. Il est normal qu'ils réagissent dans la rue. Ce qui crée une situation d'instabilité sociale et des perturbations qui mettent à mal la sécurité. Les investisseurs restent dans l'expectative. C'est un cercle vicieux. Pour le rompre, il faut un programme d'urgence ». Comment sortir de la crise ? Le dialogue national est la voie de sortie la plus efficace. Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique, appelle à l'optimisme sans tomber dans l'autosatisfaction. Tout en précisant que l'Union pour la Tunisie, compte multiplier le contact direct avec le peuple tunisien dans tous les coins de la République, clame « nous ne déformons pas la réalité, sans pour autant inventer les problèmes. Nous sommes des porteurs d'espoir. La crise avec ses dimensions politiques, économiques, sociales et culturelle n'est pas une fatalité. Le pays pourra s'en sortir à la condition que les partis politiques fassent prévaloir l'intérêt supérieur du pays sur leurs propres intérêts. Le dialogue auquel nous appelons est la seule voie de salut. Les Tunisiens témoigneront que l'Union pour la Tunisie est favorable au dialogue avec les forces responsables de la crise. Les forces démocratiques doivent s'unir. La solution réside dans le deuxième round du dialogue national initié par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) qui sera organisé avec la collaboration du Conseil de l'Ordre des Avocats et la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme et qui devra voir la participation des organisations sociales et des partis politiques qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition ».