Beaucoup de gens auraient aimé voir les partisans de la cause féminine, en Tunisie, à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme, ce 8 mars 2013, se montrer plus audacieux et agressifs dans les revendications, à la mesure de l'agressivité des adversaires. N'était- ce pas, justement, en investissant la rue, à visage découvert, fières d'étaler au grand jour la beauté de leurs corps, parées de tous leurs atours et constamment habillées et maquillées au goût du jour, que les femmes tunisiennes et les jeunes filles tunisiennes ont concrétisé et concrétisent, encore, leur émancipation. Dans les années 1970, une vingtaine d'années à peine après l'indépendance, le port de la mini jupe était plus répandu à Tunis qu'à Paris. Le phénomène déroutait les hommes, y compris le grand féministe Habib Bourguiba, qui n'avaient pas pu en saisir la portée réelle. Ils avaient pris pour de la légèreté et une invitation à la débauche ce qui était principalement une adhésion à ce qui représentait réellement et concrètement le progrès et la liberté pour la femme moderne, être la maîtresse absolue de son corps. Aussi, lorsque la maxi jupe avait été créée, par la suite, et devint le signe de l'élégance, elle avait été immédiatement adoptée par les charmantes tunisiennes, allant comme un gant à leurs beaux corps de gazelle. Les femmes ne s'embarrassent pas outre mesure dès qu'elles ont confiance en elles mêmes, à l'instar de tous les honnêtes gens, du reste. C'est cette affirmation de l'émancipation, à travers la réappropriation du corps, caractéristique de la femme tunisienne, dans la région arabe et islamique, qui est, aujourd'hui, en péril et au-delà, tous ses autres acquis, car, partout dans les autres pays du monde arabe et islamique, les femmes sont scolarisées, fréquentent les universités et travaillent. Mais, en Tunisie seulement, la femme est libérée de l'aliénation et de la malédiction frappant le corps féminin. Le long chemin de la libération Les menaces de voir se réinstaller, de nouveau, les vieux tabous hypocrites de la chair, sont d'autant plus inquiétantes qu'elles ont surgi alors qu'il restait encore un long chemin à parcourir dans la voie de la libération, comme les problèmes liés à la virginité de la jeune fille, avant le mariage, l'union libre, la liberté des relations entre les deux sexes, la culture sexuelle et de manière générale l'assouplissement des mœurs et coutumes sociales encore en vigueur dans ce domaine. Beaucoup d'interdits et de représentations anachroniques continuent d'obstruer, sans raison, les mentalités des jeunes gens des deux sexes, en Tunisie. Au lieu de s'étendre, en vain, sur les sentiers battus des généralités, les progressistes devraient y concentrer leur combat.