Il y a quelques mois une jeune fille intrépide, Khaoula Rachidi, se battait contre des Salafistes pour rétablir le drapeau national à la faculté de la Manouba et que les fondamentalistes voulaient remplacer par leur emblème noir. Le geste lui valut l'admiration de la Tunisie tout entière et un accueil digne d'une héroïne de la part de Président de la République. Hier, au sein de l'hémicycle de la Constituante, après le vote de confiance absolument mérité par le gouvernement Laârayedh, tous les élus du peuple qu'unissent l'intérêt national et l'attachement aux symboles de la patrie se mettaient débout, entonnant avec ferveur l'hymne national que les pires dictatures n'avait jamais pu occulter. Un seul député M. Mahmoud Baroudi de l'Alliance Démocratique ne s'est pas mis débout, n'a pas chanté l'hymne national et répondit par des gestes ostensibles de refus aux implorations de ses collègues conscients de l'extrême gravité morale du geste. M. Baroudi était vraisemblablement contrarié par le vote de confiance. On ne sait pas exactement s'il avait voté et ce qu'il a voté, au juste. Mais la règle démocratique, de surcroît dans un régime parlementariste de fait, comme c'est le cas en cette conjoncture, implique aussi la prééminence de la majorité sur la minorité et, en tous les cas, hier un gouvernement né au forceps devait jouir du maximum d'adhésion, car le contexte politique social et économique est difficile et que les replis caciques, les partisanneries épidémiques et passionnelles n'ont guère raison d'être. Nous respectons l'avis, les avis de M. Mahmoud Baroudi, un homme par ailleurs médiatisé sur les plateaux des télévisions et que les Tunisiens ont quelque part appris à apprécier pour son franc-parler et un certain sens de la latitude. Cette latitude qui lui a fait justement défaut hier, au milieu de 217 députés et sous le regard de 12 millions de concitoyens sidérés de ce qu'un élu du peuple ait manqué de ferveur, et tout simplement refusé de chanter l'hymne national, la seule chose avec le drapeau et l'intégrité du territoire qu'on ne puisse mettre en équation.