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A propos de la chronologie de création
Espérance-Club Africain
Publié dans Le Temps le 02 - 04 - 2013


répond à Ameur Bahri
D'abord, je salue la louable initiative prise par votre journal d'éclairer la lanterne des tunisiens sur le contexte historique de création du Club Africain et de l'Espérance Sportive, en donnant la parole à deux contradicteurs, M. Ameur Bahri et moi, afin d'apporter des éclaircissements à ce sujet, et ce suite à la publication dans les Editions Karem Sharif de mon ouvrage intitulé :
« Aux origines du Club Africain et du mouvement associatif sportif tunisien ».
Malheureusement, au lieu de me retrouver dans un débat riche où chacun des protagonistes apporte la preuve des différentes thèses qu'il soutient, j'ai eu la surprise de constater que le courrier qui vous a été adressé par M. Ameur Bahri pour lequel je garde tout mon respect, n'a pas livré des faits historiques reconstituant le processus de création de son club, documents vérifiables à l'appui, il s'est contenté de reproduire des citations puisées dans certains écrits et de les élever au rang d'une vérité historique, comme si une citation, quelle qu'en soit l'importance, est un document authentifiant un repère historique ou en mesure de s'y substituer . En outre, M. Ameur Bahri n'a pas manqué, en guise de réponse à mon article publié sur vos colonne en date du 27-02-2013, de me faire un procès d'intention : « de porter atteinte à la dignité et à l'amour propres des milliers d'Espérantistes », sans avoir pris la peine de lire notre ouvrage cité ci-dessus, Il y a lieu de bien préciser que le livre a été écrit pour restituer uniquement l'histoire du Club Africain , l'Espérance Sportive n'est citée qu'incidemment comme d'autres associations tunisiennes. La primauté chronologique de création n'est en aucun cas le motif des recherches effectuées.
Premièrement : J'attire l'attention de vos lecteurs que ni mon courrier du 27-02-2013 ni mon ouvrage n'ont prétendu que le Club Africain a été crée avant l'Espérance Sportive. Bien au contraire, j'ai même apporté la preuve que la date de création de l'EST était le 22-01-1918 et non le 15-01-1919 qui est en fait la date de son affiliation à l'USFSA (Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques), comme se fut le cas à titre d'exemple pour :
Date création Date Affiliation USFSA
- La Musulmane 08-04-1905 15-04-1905
- L'Union Sportive Tunisienne 25-04-1909 19-11-1919
- Espérance Sportive 22-01-1918 15-01-1919
- Club Africain 04-10-1920 14-10-1920
En effet l'Espérance a été constituée le 22-01-1918 comme l'atteste le récépissé de sa déclaration de constitution qui lui a été remis conformément à l'alinéa 2 de l'art 5 de la loi française de juillet 1901 (voir copie du récépissé au journal Les Annonces du 09-04-2004). De ce fait nos propos et nos écrits ne se sont jamais basés sur les dates de création de ces associations pour affirmer que tel club est par conséquent le doyen des clubs sportifs tunisiens encore en activité.
Deuxièmement : Pour ce qui est du Stade Africain, notre analyse des faits historiques a apporté la preuve que le Club Africain est le prolongement naturel du Stade Africain dissout qui a fait l'objet d'abord en mars 1918 d'une mesure de suspension par l'USFSA jusqu'à la fin de la guerre, suite aux incidents qui ont suivi son match du 22-03-1918 contre le Stade Tunisois équipe de la communauté juive (voir La Dépêche Tunisienne du 03-03-1918), puis d'une mesure de dissolution fusion avec le Stade Tunisois en novembre 1919 pour des raisons qui ont été longuement détaillés dans notre ouvrage. Derrière ce projet de fusion, se faufilait l'objectif de faire disparaître définitivement le Stade Africain de la scène sportive pour des considérations sécuritaires. Les hommes du Stade Africain ont résisté à cette manœuvre, en refusant cette fusion et ont déposé une demande de reconstitution du Stade Africain en décembre 1919, se basant sur le fait que la sanction de suspension prise contre le Stade Africain et le Stade Tunisois était limitée dans le temps, expirant à la fin de la guerre mondiale (11 Novembre 1918). La demande a été refusée d'abord à cause du nom, dans la mesure où l'article 212 des règlements généraux de l'USFSA stipule : « Les titres exacts des sociétés ayant fusionnée ne peuvent être pris par d'autres sociétés avant un délais de trois ans ». Voilà pourquoi les pères fondateurs de la reconstitution du Stade Africain ou si vous le voulez de la création du Club Africain ont jugé utile de remplacer le terme « Stade » par le terme « Club » pour, se conformer aux règlements et éviter d'attendre 3 ans, d'où l'appellation « Club Africain ».
Sur un autre plan, tordant le cou aux faits avérés, M. Ameur Bahri n'a pas hésité à affirmer que l'Espérance Sportive était constituée avec quelques joueurs du Stade Africain dissout, alors que nous avons les preuves qu'il n'y aucun lien entre ces deux équipes. D'abord l'Espérance Sportive a été constituée le 22-01-1918, bien avant le Match du 22-03-1918 à l'origine de la suspension du Stade Africain. Ensuite le Stade Africain qui devait légalement reprendre la compétition après la fin de la guerre a été autorisé à préparer la saison 1919-1920 et, par conséquent, à jouer des matchs amicaux programmés par l'USFSA parmi lesquels il sied de signaler le match joué contre l'Espérance Sportive le 02-11-1919 (voir La Tunisie Sportive du 08-11-1919) bien avant la fusion imposée avec le Stade Tunisois le 29-11-1919.
Troisièmement : Notre affirmation que le Club Africain est bel est bien le Doyen des associations sportives tunisiennes musulmanes reconnues encore en activité, ne s'est jamais basée ni sur sa date de création, ni sur son lien vérifié avec le Stade Africain (crée en 1915). En effet notre approche repose sur le classement établi par le pouvoir colonial des associations sportives, sur la base de leur appartenance respective à la communauté française, étrangère ou Tunisienne musulmane. C'est pourquoi il y avait 3 catégories d'associations :
- Les associations françaises qui étaient régies par la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, qui tout en accordant une liberté d'associations pour les français résidents dans la Régence, exigeait cependant que leurs représentants légaux (Président et secrétaire général) soient de nationalité française.
- Les associations étrangères (notamment italiennes) qui étaient régies par la convention consulaire du 28-09-1896 entre le gouvernement Français et Italien et qui accordé aux italiens résidents dans la Régence la liberté d'association.
- Les associations tunisiennes (dites musulmanes) qui étaient régies par le décret Beylical du 15-09-1888 sur les associations, est qui mettait à leur charge une obligation d'avoir une autorisation préalable par arrêté du premier ministre.
De ce fait, notre affirmation que le Club Africain est le doyen des associations sportives encore en activité, n'est pas le fruit d'une gymnastique d'hypothèses fantaisistes comme l'affirme M. Ameur Bahri, mais bien un fait réel et historique authentifié comme l'atteste les documents d'archives. C'est pourquoi le Club Africain figure sur la liste des associations sportives tunisiennes musulmanes telle qu'arrêtée par l'administration coloniale à la date du 18-12-1937 (voir pièce 14 – Carton 509 – Dossier 3, aux Archives Nationales). Quant à l'Espérance Sportive, conformément à la loi française du 1er juillet 1901 dont les dispositions exigent que les représentants statutaires de l'association (président et secrétaire général) soient de nationalité française, elle avait pour représentant légaux deux français à savoir M. Louis Montassier comme Président de janvier 1918 à octobre 1922 et M. Louis Réguig comme Secrétaire Général de janvier 1918 à novembre 1923. Constituée au départ comme association Française dans le cadre de la loi susmentionnée, l'Espérance Sportive fut de ce fait classée parmi les associations sportives françaises (voir liste des associations sportives françaises, pièces 15 – Carton 509 – Dossier 3, aux Archives Nationales).
Quatrièmement : Quant à la participation des joueurs nom musulmans (disant plutôt étrangers) dans les deux associations, si pour le Club Africain, et les documents d'archives le prouvent, aucun de ses joueurs lors de sa constitution n'était de nationalité autre que tunisienne, comme l'atteste le bordereau de dépôt des licences du Club Africain à l'USFASA en date 06-11-1920 : Frej Abdelwahed, Ahmed Dhahak, Abderrahmen Kalfat, Arbi Meddeb, Mahmoud Malouch, Ahmed Zaglaoui, Bechir Ben Mustapha, Chedly Ouergli, Jameleddine Bousnina, Haj Abdelkerim, Hassen Nouisri Manoubi Haouari, Ahmed Mestaoui, Mohamed Machouch, Mohamed Aïat et Abdelmajid Chahed (voir notre ouvrage p136) . Alors que pour l'Espérance Sportive, et sans en vouloir à M. Ameur Bahri de ne pas connaître la composition de la première équipe de l'Espérance Sportive, je me permets de la lui communiquer : Coyetaux, Zouiten, Bussutil, Scemama, Belhadj, Bouderbala Hassen, Sadok Baouab, Chérif Bouderbala, Thomas, Rolinger, Cuvier, Meng, Zouaoui, Polidori, Castagne, Bertin, Ben Mustapha et Grison (voir la Tunisie Sportive du 15-11-1919, du 20-03-1920 et du 26-12-1920). La simple lecture de cette première composition en apporte donc un cinglant démenti. Je ne peux cependant ne pas lui reprocher son affirmation, que : «l'Espérance Sportive à sa connaissance, n'a fait jouer des non musulmans qu'en 1992 avec l'arrivée de Malitoli ». Ma question alors ou sont passés, les Mirtil en 1936, Macheconi en 1939, Navaro en 1940, Matsima en 1969, Zico et Timis en 1989 et j'en oublie, sans compter les joueurs étrangers composant la première équipe, ci-dessus signalée.
Une dernière remarque au sujet du joueur juif Tunisien Gaston Taieb qui a fait effectivement partie de l'équipe du Club Africain dans les années quarante, je rappelle que si lors de sa reconstitution en 1920 le Club a refusé le projet de fusion imposé par l'administration coloniale avec le Club de la communauté juive le Stade Tunisois, et ce dans le cadre d'une nouvelle association à connotation juive l'UST, c'était pour des considérations d'imposer l'identité arabo-musulmane du peuple tunisien dans le paysage sportif de la Régence de l'époque, et ce en mettant en place l'unique association de football tunisienne musulmane à cette date. Cependant durant la deuxième guerre mondiale le combat était tout autre.
En effet Durant la seconde guerre mondiale et suite aux mesures d'exception qui avaient frappé les juifs sous le régime de Pétain qui ont eu pour conséquence de dissoudre leurs associations sportives parmi lesquelles l'UST, le Club Africain, fidèle à ses valeurs morales et afin d'exprimer sa solidarité avec les juifs tunisiens et son refus de l'antisémitisme, offrit l'hospitalité à certains d'entre eux. Cette attitude du Club Africain a fait des émules parmi nombre d'associations tunisiennes qui ont ouvert également leurs portes, un peu plus tard, aux juifs tunisiens, comme se fut le cas à l'Espérance Sportive qui intégra en 1960 la Joueuse de Basket Elliane Hassid et en 1961 les joueurs de Tennis : Boujnah, Cohen, Tanugi, Depaz, Gauzlan Claude et Bessis Bernard (voir le Petit Matin du 23-07-1960 et la Presse du 29-05-1961) .
En conclusion, ce droit de réponse se refuse à nourrir la polémique. Il n'a d'autre ambition que de rétablir, preuves documentaires à l'appui, certains faits que M. Ameur Bahri a éludés ou massacrés et de reconstituer des pans entiers de la mémoire associative sportive tunisienne, portant notamment sur le processus de création du Club Africain et de l'Espérance Sportive, sans aucune arrière-pensée partisane ou chauvine.
Il est question avant tout d'un devoir de mémoire et non d'une course effrénée à un quelconque leadership chronologique. Dans le cas de figure, la rivalité sportive est mauvaise conseillère quand il s'agit de se pencher sur le mouvement de l'histoire. Les faits historiques sont têtus et ont la peau dure. Il est tout aussi malsain que contreproductif de vouloir en donner une lecture intéressée ou instrumentalisée!


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