• Marzouki recommande la levée de l'interdiction de voyager des hommes d'affaires • « Où en est la Constitution ‘ya' Ben Jâafar », crient les hommes d'affaires • Wided Bouchamaoui fustige les campagnes de dénigrement à l'endroit des hommes d'affaires tunisiens • Houcine Abbassi ferme et catégorique quant à la liberté de travail et le droit à la grève Imaginez Rached Gannouchi, Béji Caïd Essebsi, assis aux côtés de Hamadi Jebali et même Kamel Morjène. Tout juste derrières eux, vous pouvez remarquer la silhouette de Sahbi Atig, ainsi que d'autres politiciens et Hommes d'affaires tunisiens. Tout devant, Moncef Marzouki, Président de la République échange les sourires et les salutations avec Ali Lâareydh Chef du Gouvernement et Mustapha Ben Jâafar Président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Figurez-vous tout ce « beau monde », réuni dans un seul endroit. Ici, il ne s'agit pas d'une célébration d'une fête nationale dans une ambassade d'un pays étranger (USA et le Qatar par exemple), là où les tractations politiques, la loi de l'immunisation de la révolution, n'ont pas raison d'être. Ici c'est l'économie qui prime. Ici, Wided Bouchamaoui, présidente de l'UTICA et Houcine Abbassi Secrétaire Général de l'UGTT attendent des réponses claires et précises à une question aussi cruciale : Comment faire pour assurer la relance économique ? Rendez-vous était pris samedi dernier au siège de la première centrale patronale du pays. Un rendez-vous qui s'annoncerait assez « franc » avec un discours direct de Wided Bouchamaoui, pragmatique qui a critiqué doctement le laxisme et le manque d'initiative du gouvernement face aux phénomènes de l'économie informelle, la montée de la violence politique et le terrorisme ainsi que les sit-in les grèves qu'elle qualifie de « non encadré ». Elle condamne aussi la campagne de dénigrement contre les hommes d'affaires tunisiens. Elle revendique un agenda politique clair et précis. « Il est difficile de relancer l'investissement en l'absence d'un agenda politique clair, d'un calendrier électoral et d'une Constitution », a-t-elle estimé. Mustapha Ben Jâafar, répond ainsi que le texte de la Constitution serait soumis au vote en juillet de l'année en cours. Une réponse qui n'a pas convaincu les présents qui crient « winou Eddestour ? ». Ben Jâafar répond « il est prêt ». « Nous sommes en train d'avancer. Sauf que les médias ne mettent pas ça en exergue ». Estime-t-il. Marzouki, fidèle à lui-même ! Moncef Marzouki prend la parole. Cette fois-ci, point de « Salemalek ». Il s'attaque directement au cœur du sujet. Marzouki rappelle l'importance de la stabilité politique pour assurer la relance économique. Comme si, Mr le Président se trouve dégagé de toute responsabilité dans toute cette tension politique qui règne dans le pays. Marzouki se déclare favorable à la levée de l'interdiction du voyage des hommes d'affaires tunisiens. Il précise dans ce contexte que seulement 0,4% des hommes d'affaires tunisiens sont concernés par les dossiers de corruption. Raison pour laquelle il recommande la création d'un certain mécanisme de réconciliation dans la transparence totale pour aboutir à une réconciliation qui permette de relancer l'économie et d'établir la justice. Une justice que la Président de la République a ignorée à plusieurs reprises lorsqu'il faisait la sourde oreille devant plusieurs affaires (celle du journaliste Bouneb détenu à Qatar, son soutien aux milices et aux groupes violents). Marzouki se veut malgré tout ferme et rassurant à la fois en déclarant que « la Tunisie ne sera jamais un émirat islamique », à l'heure où l'armée traque les terroristes au Djebel Châammbi. A qui s'adresse le Président de la République ? Ali Lâareydh, Chef du Gouvernement estime pour sa part, que la relance économique nécessite la conjugaison de tous les efforts. Dans sa première rencontre avec les hommes d'affaires, il a essayé convaincre ceux-ci pour dire que la Tunisie a réalisé des progrès remarquables en matière de sécurité. Il promet des améliorations du climat d'affaires. Et il remet en cause l'instabilité politique et sociale l'émergence de groupuscules radicaux responsables de violences, phénomènes qui entrave le développement économique du pays. Le Chef du Gouvernement se félicite encore en annonçant que le pays a réalisé une croissance de 2% durant les trois premiers mois de l'année en cours. Il rappelle également que l'année dernière le taux de croissance avait franchi le taux de 3%. « La Tunisie aurait pu mieux faire, sans grèves et sit-in sauvage », a-t-il déclaré. Houcine Abbasi, premier concerné par cette question de grèves et de sit-in intervient. Il évoque que contrairement à ce qui a été annoncé, les statistiques officielles démontrent que les grèves et les sit-in se font de moins en moins nombreux. Il ajoute que la relance économique demeure tributaire de la garantie des droits de travail et également de la grève pour les employés. Pour lui, la première centrale syndicale du pays serait ferme et définitive quant aux droits syndicaux des employés. Droits que la Constitution doit garantir. La Constitution devrait tout garantir en fait. Et la relance économique ne pourrait se réaliser qu'à travers un climat politique sain. C'est dire que la classe politique du pays, devrait être à la hauteur de l'évènement et garder ses distances avec les tractations partisanes.