Les Tunisiens ont fêté hier la journée nationale des sacs en plastique et de la poussière grâce à des tempêtes de sable et des rafales de vents. Baisse outrancière de la visibilité, bourrasques de sable au sud, tourbillons de vent sur les villes côtières, un cocktail de vents ensablés et pluies sur le nord. Le tout auréolé de sacs en plastique, des restes jetés par nos semblables entre papiers, bouteilles d'eau, de jus et de yaourts. Des objets faisant la danse des abeilles et heurtant les corps pliés des passagers. Voilà le bilan de la journée du mercredi 22 mai 2013. Dame Nature a fait le bon et le mauvais temps dévoilant les vilénies qui sommeillaient par terre. Vents apocalyptiques et visibilité réduite L'Institut National de la Météorologie a parlé de rafales, de vents forts de secteur ouest dont la vitesse était de 50 à 70 km/h dépassant les 100 km/h près des côtes. Des nuages orageux et pluvieux ont été aussi notés. Au sud, c'est une autre paire de manche. Des tempêtes de sables ont totalement couvert les villes. Des tourbillons qui ont envahi aussi bien le centre que le nord. La visibilité a été beaucoup affectée ce qui a causé des blocages sur les routes et plusieurs accrochages. Quant aux dégâts, outre la panique générale des citoyens, il n'y avait pas vraiment de grandes séquelles à noter, à part 3 blessés à Kairouan suite à la chute d'un arbre et la vitrine d'un grand magasin brisée au centre ville de la capitale. Des palmiers et des arbres ont été déracinés par la férocité du vent. Ce dernier s'atténuera aujourd'hui selon l'INM. Autant en emporte le vent Durant toute la journée d'hier, l'on a pu contempler des habitants silencieux mais qui pullulent de plus en plus parmi nous depuis ces dernières années. Il s'agit bien de cet arsenal d'ordures hétéroclite de bouteilles en plastique, mégots et paquets de cigarettes, récipients de yaourts, paquets de jus, de biscuits et de chips, roues et toutes sortes de ces ustensiles utilisées et jets nonchalamment par nos concitoyens. Le roi de tous : le sac en plastique ! Ce dernier a fêté hier sa journée nationale. Tournoyant, dansant et d'humeur festive, il a quitté le sol et occupé les cieux, heurtant les corps tordus par le vent, les pare-brises, embrassant les passants, envahissant les arbres et toute forme de végétation qui se fait, déjà, rarissime dans un pays anciennement nommé : «Tunisie la verte»… L'air n'était plus que poussière et nouveaux objets volatiles bizarroïdes. De nouveaux occupants de l'espace aérien semblent surgir du sol. Quant aux célèbres remblais dont la présence massive n'est plus un secret pour personne ; tapis généralement en bord de route, les plus légers d'entre eux se sont dispersés dans l'air, le reste a occupé les routes et les quartiers. A vrai dire, ces ouragans et ces souffles libérateurs d'une nature déchaînée et coléreuse ont dévoilé ce qui se tramait par terre : des cimetières de sacs en plastique et d'ordures traînant ici et là. Des résidus que tout le monde semble ne plus voir et le citoyen et l'Etat. Quoi de plus normal puisque ces débris et autres sacs sont désormais nos voisins et cohabitent avec nous ! Au final, tempêtes et rafales de vents pourraient être les ultimes salvateurs d'une nature délaissée et d'un environnement sauvagement outragé par ses habitants. Vents et pluies seraient les seules armes de Dame Nature pour s'auto-nettoyer et balayer toutes ces saletés et ces matières utilisées par le citoyen tunisien de plus en plus inconscient face à la gravité de ces gestes qui lui semblent anodins. Ce tonnerre de rage a affranchi Dame Nature de l'irresponsabilité et de l'ingratitude citoyenne. Il fera plus beau aujourd'hui.