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Vers un système de ciblage flexible de l'inflation Achèvement du projet de jumelage tuniso-français Au menu : modernisation de la politique monétaire et une stratégie de communication adaptée pour la BCT
Comment juguler l'inflation et quelle politique monétaire à suivre pour contenir les pressions inflationnistes ? Conformément aux missions et attributions de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), l'institution d'émission est seule habilitée à répondre à cette question. Préserver la stabilité des prix est la mission générale assignée à la BCT. Seulement et pour mener à bon escient une politique monétaire axée sur le ciblage de l'inflation, l'institution de régulation devra s'armer des outils et des mécanismes nécessaires à la prise de décision. Et c'est dans ce même cadre que s'inscrit le projet institutionnel de jumelage tuniso-français financé par l'Union Européenne(UE) et lancé en mai 2011 visant la mise en place à la BCT d'un cadre moderne de politique monétaire axé sur le ciblage de l'inflation. Un séminaire de présentation des résultats du projet, deux ans après son lancement a été organisé hier suivi d'un point de presse tenu par Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT. Le projet de jumelage entre la Banque de France et la Banque Centrale de Tunisie s'inscrit dans le cadre du Programme d'appui à l'Accord d'Association et au Plan d'Action Voisinage (P3AII). La modernisation du processus de conduite de la politique monétaire et le renforcement de la politique de communication de la BCT sont les objectifs arrêtés par le programme soutenu principalement par la Banque de France et la Banque nationale de Pologne. « D'un montant de 1,1 million d'euros, le projet de jumelage a permis la mobilisation de plus de 40 experts européens et la réalisation de plusieurs centaines de jours de missions et de visites d'étude…Et grâce à ces efforts, la BCT dispose aujourd'hui d'un dispositif d'analyse et de prévision adapté à ces objectifs de politique monétaire, d'outils statistiques et de gestion des données renouvelées et d'une politique de communication renforcée », affirme Mme Laura Baeza, Ambassadeur et Chef de la Délégation de l'UE en Tunisie. Pour sa part, le Gouverneur de la BCT a affirmé lors de son allocution d'ouverture que la modernisation de la conduite de la politique monétaire constitue l'un des axes majeurs du programme des réformes à mettre en place, au cours de la période à venir. L'achèvement de ce projet de jumelage arrive à point nommé, vu la conjoncture actuelle caractérisée essentiellement par la poussée des tensions inflationnistes, le glissement du dinar face à l'euro et au dollar et par le tarissement des avoirs nets en devises. Quelle nouvelle politique monétaire à suivre par l'institution de contrôle à l'heure des turbulences actuelles et des aléas endogènes et exogènes poussant les tensions inflationnistes à leur paroxysme? La BCT a opté pour un ciblage flexible de l'inflation, en fixant un intervalle ou une fourchette d'inflation et non un seuil d'inflation fixe de manière à assurer davantage de souplesse dans la lutte contre la donne inflationniste. Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT Comme un commandant de bord, le gouverneur manœuvre, comme il peut, pour arriver à bon port « Nous avons injecté 650 MDT pour stabiliser le dinar et répondre à la demande du marché en devises » Au cours d'un point de presse, Chedly Ayari, Gouverneur de la Banque Centrale a donné un avant-goût de la nouvelle politique monétaire axée sur l'inflation à poursuivre par l'institution d'émission et a présenté quelques éclaircissements sur l'actuelle situation monétaire et de change. Chedly Ayari a mis l'accent sur le rôle joué par la banque centrale dans la supervision bancaire : la supervision sur pièce et la supervision sur place et sur l'importance de moderniser les techniques de supervision via l'expertise et le soutien financier de l'UE. Le gouverneur a affirmé que la banque centrale optera pour un ciblage flexible de l'inflation ou un intervalle d'inflation qui pourrait se situer entre 4 et 5%. « La Tunisie peut supporter 4% d'inflation. L'inflation est comme le Cholestérol, il ne faut pas en avoir trop, ni trop peu. Aujourd'hui il convient de réduire de 2,5 points de taux d'inflation pour revenir au seuil de 4%. Nous édifions une culture de combat de l'inflation avec souplesse nécessitant de l'art, de la science mais aussi de la chance », avance le gouverneur de la BCT. Au sujet de la dernière dépréciation du dinar face à l'euro et au dollar, Chedly Ayari a affirmé que ce trend baissier du dinar remonte aux années 2000. Le dinar tunisien a commencé à se déprécier en 2000 pour accélérer sa pente baissière après la Révolution à cause, notamment, de l'environnement politique et sécuritaire du pays mais aussi en raison des facteurs exogènes liés notamment au bras de fer euro/dollar. L'image esquissée par Chedly Ayari, : « Ils (les USA et les Européens) sont les locomotives et nous sommes les wagons ». Le gouverneur a précisé que le taux de change est fixé par le marché interbancaire et que la BCT intervient en tant que régulateur. « La récente dépréciation du dinar par rapport à l'euro et au dollar, et précisément du 6 au 10 mai courant est le fruit d'une opération de spéculation sur le dinar après une forte demande d'achat de devises provenant d'entreprises publiques (achat de céréales ou pétrole) ou privées dont Tunisiana. Et face aux carences au niveau des réserves de change chez les banques de la place et pour répondre aux besoins du marché, nous sommes intervenus pour injecter sur le marché une enveloppe de 650 MDT », explique le gouverneur. Et d'ajouter : « Nous sommes en période creuse en matière de devises. Nous sommes en train de gérer la situation par patronomie. Actuellement le dinar s'est stabilisé et j'insiste qu'il n'y ait pas de dévaluation du dinar », enchaîne-t-il. Le taux de change reflète par ailleurs la réalité économique, politique, sociale et sécuritaire du pays. « La BCT suit l'évolution de toutes les forces endogènes et exogènes ; constructives et destructives comme si l'on suivait l'ébullition du lait sur le feu », dixit Chedly Ayari. « Nous passons par une période de turbulences, et tout comme le commandant de bord, la BCT est en train de manœuvrer, tant bien que mal, son tableau de bord ou ses outils afin de réussir son atterrissage », conclut le Gouverneur de la BCT. Yosr GUERFEL AKKARI - Qatar garantira la stabilité du dinar tunisien, dixit Ali Laarayedh Aucune institution autre que la BCT n'a le droit de décision sur le dinar, affirme Chedly Ayari Tandis que le gouverneur de la BCT affirmait hier que seule l'institution d'émission en Tunisie est habilitée à prendre toute décision concernant le dinar, le Chef du Gouvernement a avancé le même jour lors d'une conférence de presse que le Qatar garantira la stabilité du dinar tunisien. Paradoxe ! Voici les déclarations de Ali Laarayedh rapportées par le site Africanmanager : « Ali Laarayedh, Chef du Gouvernement a indiqué, dans la conférence de presse qu'il a tenue, jeudi, que l'Etat de Qatar placera auprès de la Banque centrale de Tunisie et à des conditions avantageuses, un dépôt de garantie pour maintenir le taux de change du dinar tunisien vis-à-vis des principales devises étrangères, et ce pour prévenir toute dépréciation et dévaluation. D'autre part, il assuré qu'il a discuté avec les responsables qataris, lors de sa dernière visite à l'Emirat, les moyens de réactiver les projets d'investissement de Qatar qui se heurtent actuellement à des difficultés en Tunisie, ajoutant qu'il a exposé au gouvernement qatari de nouveaux projets pour investissement ». (Source Africanmanger)