• L'enseignement de l'ISIE Le monitoring des médias, l'un des thèmes attenant à la communication politique, est développé par la doctoresse Hamida El Bour, professeure à l'IPSI, lors d'un colloque. Elle commence par préciser que, dans la plupart des pays démocratiques, il y a des structures indépendantes de monitoring des médias qui servent deux objectifs majeurs. Selon elle, cette technique vise, tout d'abord, à montrer si ces derniers étaient équitables dans leur couverture des événements et des acteurs politiques, c'est-à-dire de vérifier si celle-ci était impartiale et objective et que tout le monde était représenté conformément à la règle de la proportionnalité. L'apport pédagogique Au-delà de cet impératif électoral, le monitoring est aussi un outil pédagogique pour les médias, étant donné que les différents observatoires dans le monde organisent beaucoup d'activités dans les écoles et les universités pour en présenter les résultats, ce qui donne l'opportunité de parler du fonctionnement des médias et de la nature des problèmes qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur métier. De telles manifestations donnent, également, l'occasion d'apprendre aux gens ordinaires qui sont des téléspectateurs et des lecteurs ignorant tout sur ces mécanismes et ces logiques gouvernant la production médiatique,note-t-elle. Il y a eu, en Tunisie, une expérience inédite de monitoring à l'occasion de l'élection de l'ANC, parce que, d'une part, la structure chargée d'organiser et de superviser cette opération, qui est en l'occurrence l'ISIE, a pu assurer le suivi des médias et aider les journalistes et les entreprises de presse en leur montrant la voie d'une nouvelle tradition de couverture politique, et que, de l'autre, la société civile a effectué, de son côté, un monitoring parallèle. Jusqu'à une date récente, il n'y avait presque pas d'observation des médias bien qu'on soit, presque, en pleine période électorale, et heureusement qu'enfin la HAICA a pris la relève. Quant à la société civile, elle a repris son monitoring qui reste, cependant, limité dans la mesure où il s'intéresse, principalement, au genre social, à l'équilibre homme-femme, fait remarquer l'ex membre de l'ISIE. Succession ouverte Certes, les efforts très louables fournis par l'ISIE ont, largement, contribué à faire réussir les élections du 23 octobre 2011 et à assurer un contrôle minutieux du comportement des médias en dépit du vide juridique et institutionnel, laissé après l'abrogation du code de la presse de 1975 et du ministère de la Communication. Cependant, le cadre juridique qu'elle a instauré pour combler cette lacune, notamment, par le biais des deux Décisions du 3 septembre 2011 précisant le cadre, l'organisation et les conditions de production des émissions, les dépassements étaient nombreux surtout de la part des médias privés, en particulier ceux de l'audiovisuel. On veut parler des chaînes de télévision Nessma et de Hannibal qui ne se sont pas soumises aux dispositions des articles 11 et 12 relatifs à la règle de l'égalité proportionnelle refusant, ainsi, d'observer ce principe d'équité stipulant de traiter tous les candidats sur un pied d'égalité en leur accordant le même temps de parole et le même temps d'apparition. Ces chaînes ont privilégié les uns aux dépens des autres. Néanmoins, quels que soient les écarts de conduite commis par certains médias, il est indéniable que l'ISIE a réussi son monitoring d'autant plus qu'en plus des défaillances juridiques elle a disposé d'une logistique presque défaillante et d'un effectif réduit au vu du nombre impressionnant de listes qui ont atteint les 1600. Donc, on peut dire que malgré les moyens de fortune mis à sa disposition, l'ISIE a gagné son pari et, certainement, ses cours d'initiation à la couverture médiatique donneront leur résultat dans les années à venir, sa pédagogie sera payante. Espérons que le successeur immédiat aura le profil requis et qu'il participera, dès maintenant, à renforcer l'expérience acquise et à l'enrichir. Il y a lieu de garder espoir après l'intervention énergique et rassurante du tribunal administratif pour barrer la route à ceux qui voudraient disposer de cette instance de régulation et lui donner une couleur partisane.