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Jour de cauchemar
Portrait convulsif d'une femme rurale
Publié dans Le Temps le 12 - 06 - 2013

A peine la quarantaine, et déjà avec sept enfants dans les bras, Fatma fermière continue à survivre, lutter comme elle l'a toujours fait avec sa famille.
Onze heures du matin sonnante. Une ferme surgit à quelques centaines de mètres du Mont Châambi. Des chiens aboient et une petite fillette apparait pour nous fixer d'un regard curieux.
Une femme, s'approche. « Salamaleik Si Khaled », dit-elle. Si Khaled qui est notre accompagnateur, nous présente. Elle sourit. « Hier aussi, des journalistes m'ont rendu visite », a-t-elle expliqué.
« Faites comme chez-vous (Eddar darkom) », dit-elle, accueillante. A l'entrée d'une maisonnette, fort modeste, Fatma nous présente sa fille aînée. « Voilà ma fille aînée. Elle m'aide beaucoup ici » confie-t-elle. Mariée à l'âge de 16 ans, Fatma a enfanté 7 fois. Elle a 3 filles et 4 garçons. Trois de ses enfants fréquentent l'école. Les autres, sa fille aînée et ses deux autres garçons l'aident dans son quotidien à la ferme. Limem, son fils aîné, se prépare à se marier la semaine prochaine. Et c'est sa mère, Fatma, qui prend en charge les dépenses de son mariage. « Je suis contente de voir mon fils aîné se marier » dit-elle. Limem, cohabite avec son père, sa mère, ses frères et sœurs ici à la ferme. Limem aide sa mère dans son travail quotidien. « Je travaille afin que ma famille ne manque de rien », tient-elle à préciser.
Fatma gagne à peine 500 dinars comme salaire mensuel. Ça fait sept ans qu'elle travaille ici, dans la ferme d'un entrepreneur natif de la région de Kasserine. Quelques années auparavant, Fatma était également fermière. Avec son salaire, elle essaie de couvrir les charges de ses enfants, les médicaments de son mari ainsi que les autres charges pour sa nourriture. Son mari, auparavant tâcheron et berger, est atteint de deux maladies chroniques. Il n'arrive plus à travailler. Spontanée, Fatma parle de sa vie. « Ici à la ferme, on prend soin d'un cheptel de 54 vaches, outre un troupeau de moutons. Travailler dans une ferme, n'est pas une tâche aisée. Mais, au moins nous avons de quoi subsister. Ce qui est bien ici, c'est que je bénéficie d'une couverture sociale », précise-t-elle. Une couverture qui lui a bien servi lorsqu'elle a été hospitalisée à deux reprises. Une fois en arrivant à terme d'une grossesse et une autre suite à une attaque d'une vache. Ce n'est pas toujours facile d'être à la fois femme et fermière !
Une journée cauchemardesque
Fatma, regrette que le terrorisme s'installe près de chez elle. Actuellement, pour avoir de l'eau, elle ne pourra plus se déplacer vers une source d'eaux naturelles située au Mont Châambi. Elle et sa famille, se trouvent obligées de recourir aux services d'un camion tracteur pour apporter de l'eau. Quelques jours auparavant, Fatma a vécu l'explosion de la dernière mine aux alentours du Mont Châambi. Une explosion qui a touché une voiture militaire et qui a fait deux morts et deux blessés. Ce même jour, Fatma raconte qu'elle a été soupçonnée ainsi que sa famille d'aider les terroristes. Elle explique que ses deux fils, son neveu et son mari furent arrêtés depuis 9 heures du matin. « On ne les a libérés qu'à 20 heures, le jour même », explique-t-elle. Et d'ajouter « environ 13 voitures avec des hommes cagoulés et armés étaient présents dans notre maison, une heure presque après l'explosion. Ils ont fouillé partout. Ils nous ont accusés de ravitailler les terroristes. Ils ont amené mon mari, mes deux enfants et mon neveu. Ils ont même embarqué un vieillard (berger) de 84 ans. Ils étaient mal traités, insultés et même privés d'eau et de la nourriture durant une journée ». Fatma s'étonne. Et se demande comment on la suspecte d'aider les terroristes alors qu'elle habite près d'un camp militaire récemment installé. Fatma se demande encore les raisons d'une telle agressivité de la part des forces de sécurité. « A quand la fin de cette histoire ? », tient-elle à nous dire. Nous quittons l'endroit. Une heure après de retour sur le même endroit, Fatma, nous attend. Elle nous a préparé du pain traditionnel, connu dans cette région sous le nom de « Kisra ». Une hospitalité et une générosité séculaires qu'on connaît bien ici à Kasserine.


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