Affichant une position moins tranchée à l'égard des débordements de la société « Al Yosr » de développement et de placement financier, des analystes et des commentateurs ont rejeté la faute sur les banques, la Bourse de Tunis et les établissements bancaires et financiers officiels, en général, pour n'avoir pas pu et su proposer aux petits épargnants des offres et des formules intelligentes et séduisantes de placement et d'épargne propres à les inciter à placer leur argent auprès des établissements bancaires et financiers officiels en vue de les fructifier. Au-delà des jugements infondés portés sur les adhérents à la société « Al Yosr » parmi les petits épargnants qualifiés à tort de naïfs, les mêmes analystes ont estimé que la forte adhésion aux offres proposées par la dite société « Al Yousr » montre l'existence d'un désir et d'une importante demande d'épargne et de placement chez la grande masse des citoyens , mais les banques et les établissements financiers officiels ont été incapables de répondre, comme il se doit, à cette importante demande d'épargne et de placement financier chez les petits épargnants. Carences générales Au contraire, les banques ont procédé, depuis longtemps, à la suppression des quelques rares offres incitant les petits épargnants et les petites gens, en général, à placer leur argent chez les banques et dont notamment l'octroi d'un intérêt à un taux encourageant au profit des sommes d'argent déposées auprès des banques. L'épargne au moyen des livrets d'épargne postale a perdu, aussi, de son éclat d'autrefois, à cause de la réduction importante opérée au taux d'intérêt accordé aux épargnants par le biais de la poste, lequel taux a été, depuis plusieurs années, ramené à environ 2%, contre 10 et 12% par le passé. Ne se contentant pas de supprimer l'octroi d'intérêt aux sommes d'argent déposées auprès d'eux par les épargnants, les établissements bancaires ont multiplié les commissions et agios perçus à titre de prestations, et augmenté les taux d'intérêt perçus sur les crédits et prêts qu'ils accordent à leurs clients particuliers et professionnels. Récemment, un expert a dévoilé que les banques vivent à hauteur de 80% sur les commissions et les bénéfices tirés grâce aux intérêts perçus sur les prêts bancaires. Aussi, lorsque le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a pris la décision très controversée et hâtive de limiter l'octroi des prêts bancaires à la consommation, comme les prêts d'achat de voitures, tout le monde, y compris les banques commerciales, a été contre pareille décision. Il en va de même pour la poste. Le coût de l'envoi d'un mandat postal ordinaire qui était, il y a quelques mois entre 1 dinar et demi et 2 dinars, a doublé et est passé à 3 dinars 500. Autres vices De son côté, la Bourse de Tunis, pourtant opérationnelle depuis plus de 30 ans, a été incapable, absolument, jusqu'à présent, de polariser les petits épargnants , au moment où son rôle consiste, justement, à mobiliser l'épargne auprès des petits épargnants et toutes les autres ressources financières disponibles afin de les placer au service de l'investissement et de la réalisation des projets à travers l'acquisition d'actions dans les sociétés cotées en Bourse. Les petits épargnants désirent profiter des bénéfices de leur argent placé, dans des délais raisonnables, de préférence en liquides, et à des taux encourageants, ce que ni la Bourse, ni les participations aux capitaux des entreprises ne leur offrent pas, parce que le système de la Bourse et des participations au capital des sociétés en Tunisie est vicié et mérite des réformes profondes afin de mieux répondre aux exigences du contexte tunisien.