Ce que visait le travail de Fadhel Jaziri dans la Hadhra n'est pas la fixation d'un folklore teinté de mysticisme et de nostalgie, vécu comme une fuite hors du contemporain. Mais la mise en scène de la mémoire dans le théâtre du présent, c'est le présent, l'inactuel dans toute sa force d'avant garde, la lutte de la musique contre la dispersion du temps dans une unité créatrice. Ce travail méticuleux sur les chants soufis tels qu'ils ont été répercutés et transmis par la tradition confrérique dans les diverses zâwiyas de Tunis, exige non pas de les restaurer dans leurs formes désuètes, mais de les recomposer et de les retranscrire dans le langage de notre époque, afin d'en faire une œuvre vivante du présent. Hadhra est le domaine enchanté de nos démons dionysiaques et bienveillants, la célébration de nos extases, la configuration de nos passions. Elle fait de nous des initiés, des inspirés de notre temps, des habités par notre époque. Programmé dans le cadre du festival de la médina, le spectacle aura lieu le jeudi 18 juillet au Théâtre de la ville de Tunis.