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La rue en colère, les politiques désemparés...
Grève générale et vague de manifestations
Publié dans Le Temps le 27 - 07 - 2013

La grève générale décrétée par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pour protester contre l'assassinat de Mohamed Brahmi, une figure de l'opposition de gauche, a été largement suivie hier dans plusieurs régions du pays. A Tunis, les rues et les administrations étaient désertes. Les marchés étaient peu animés et de nombreux commerces avaient leurs rideaux baissés.
Très peu de bus ont assuré des dessertes entre Tunis et ses banlieues. Le métro léger et les taxis ont, en revanche, assuré un service minimum. Tunisair et sa filiale Tunisair Express ont décidé d'annuler tous leurs vols qui étaient prévus hier. D'autres compagnies aériennes européennes, dont Air France et British Airways, ont également dû annuler leurs liaisons entre Tunis et les principales capitales européennes en raison d'un débrayage des techniciens au sol.
Cette grève générale est la seconde depuis la chute de Ben Ali. La première avait eu lieu en février 2013 à l'appel de l'UGTT au surlendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd.
«C'est une nouvelle grève politique que nous avons décidée en accord avec l'organisation patronale, et le débrayage a été largement suivi», a déclaré Sami Tahri, le secrétaire général adjoint de l'UGTT. Et d'ajouter : « Tous les secteurs ont suivi le mot d'ordre dans toutes les régions », a-t-il affirmé, citant les banques, la santé, les télécoms et partiellement les transports.
À l'intérieur du pays, la grève a été bien suivie y compris dans le secteur privé, et des sit-in organisés à Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa et au Kef.
Sidi Bouzid, ville natale du député Mohamed Brahmi, était complètement paralysée.
Appels à la dissolution de l'ANC
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dès 10 heures devant le siège de la centrale syndicale, à la Place Mohamed Ali, avant de se joindre à une marche organisée par l'ordre national des avocats à l'Avenue Habib Bourguiba.
Les manifestants ont notamment réclamé la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), la mise en place d'un comité d'experts pour terminer la rédaction de la Constitution, celle d'un gouvernement de technocrates avec une feuille de route claire pour emmener le pays vers des élections libres et transparentes dans les plus brefs délais.
La police n'est pas intervenue pour disperser cette manifestation pacifique. Jeudi après-midi, les forces de l'ordre avaient, en revanche, dispersé sans ménagement une manifestation spontanée organisée à l'Avenue Habib Bourguiba, faisant usage de gaz lacrymogène et de matraques.
Des manifestations avaient également éclaté jeudi soir à Sidi Bouzid, où des milliers de personnes ont laissé éclater leur colère, avant de mettre le feu à des sièges locaux du mouvement Ennahdha à Menzel Bouzayène et Menasse. Le siège du gouvernorat et des postes de police ont été aussi incendiés dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
Répondant à des appels à la désobéissance civile lancés par le Front Populaire et certains autres partis de l'opposition, d'autres régions se sont soulevé. À Bizerte, des centaines de citoyens ont manifesté devant le gouvernorat À Gafsa, Siliana, Béjà, Kasserine, Redeyef et Sfax ; des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants se sont poursuivis jusque tard dans la nuit.
Démissions en cascade
Sur le plan politique, les défections se sont poursuivies hier à l'ANC. Après la démission des députés du Front populaire et de Mourad Amdouni du Mouvement du peuple, Hattab Barakati du Bloc des travailleurs et Iyed Dahmani du Parti républicain, les élus du parti Al-Moubadara de Kamel Morjane se sont retirés hier de l'Assemblée. Ceux de Nida Tounes, du Parti Républicain et quelques députés indépendants on t préféré suspendre leurs activités au sein de l'Assemblée. Ces élus qui ont également annoncé qu'ils comptent organiser un sit-in ouvert jusqu'à la dissolution de l'ANC et du gouvernement.
Dans le camp d'en face, des centaines de militants islamistes ont organisé hier une manifestation pro-gouvernement. Partis de la Mosquée Al-Fath en plein centre de Tunis, les manifestants ont notamment appelé à respecter la légitimité des urnes et accusé l'opposition de comploter contre le gouvernement.
Mohamed Brahmi sera enterré aujourd'hui au cimetière d'El Jallez à Tunis, tout près de la tombe de Chokri Belaïd, selon sa volonté.
Walid KHEFIFI
Réactions
Les déclarations de Lotfi Ben Jeddou ministre de l'Intérieur concernant les assassinats de Ckokri Belaïd le 6 février 2013 et de Mohamed Brahmi, le 25 juillet ont suscité des réactions auprès des Tunisiens, des activistes et des hommes politiques. Pas convaincantes, ces déclarations sont même sévèrement critiquées.


Om Zied, activiste des droits de l'Homme

«Un scénario puéril»

Le Temps : Comment évaluez-vous les déclarations du ministre de l'Intérieur concernant l'assassinat de Ckori Belaïd et Mohamed Brahmi ?

-Le ministre de l'Intérieur s'est prononcé pour calmer le jeu, mais il n'était pas convainquant. Supposons que ce qu'il a dit soit vrai, cela ne répond pas à une question importante : la responsabilité politique. Il s'agit en fait, d'un assassinat politique, il faut dès lors dévoiler les responsables qui sont derrière.

Mais le ministre a déclaré que l'enquête n'a pas prouvé l'implication des partis politiques dans ces assassinats à l'exception du Mouvement Ansar Achariaa et les « Salafistes Takfiriine ».

-Je crois qu'il a répété ce qu'on lui a présenté. Il y a des rouages qu'il ne maîtrise pas, alors que nous avons observé une affinité entre le Mouvement Ennahdha et les Salafistes. Preuve, les jugements des impliqués dans les événements de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique qui ont bénéficié de peines très légères. Ce n'est pas tout, Abou Yadh n'a pas arrêté…

Par ailleurs, je trouve que la date des déclarations est très suspecte. Six mois se sont écoulés depuis l'assassinat de Chokri Belaïd alors qu'aucune information n'a été dévoilée. Un jour après l'assassinat de Mohamed Brahmi, le ministre parle déjà. Celaa ressemble à un scénario puéril. En fait, je ne suspecte pas Ennahdha, mais qui a tué Brahmi ? Il faut aussi avouer que le mandat d'Ennahdha a favorisé tous les débordements et qu'il s'est caractérisé par toutes les anomalies. Je ne crois plus à ce mouvement. Ces gens ne peuvent plus assurer. Qu'ils quittent dans l'intérêt de la Tunisie et dans leur intérêt propre.

Comment voyez-vous l'avenir de la Tunisie à la lumière de ce qui se passe ?

-Je ne pense pas que cela va se calmer. Je crois que nous sommes à la croisée des chemins et que nous aurons un hiver chaud. Le calme ne peut pas être instauré dans ces conditions marquées par la tension et la méfiance instaurées par eux.

Il faut avoir un autre gouvernement capable de redonner de l'espoir au peuple tunisien, de la confiance. Les prérogatives de l'ANC doivent se limiter à l'adoption de la Constitution pour ne pas créer de problèmes. Il est essentiel par ailleurs, de dissoudre les ligues de protection de la révolution.

Sana FARHAT

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Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de l'information

«C'est lundi que le destin de la Tunisie sera décidé»

Le Temps : Le ministre de l'Intérieur a-t-il été convainquant ?

Sami Tahri : Ses réponses étaient insuffisantes. Il y a même du flou concernant Boubaker Al Hakim. C'est un terroriste international qui circule en Tunisie librement. Pourquoi il n'a pas été arrêté ? Pourquoi n'a-t-il attendu l'assassinat de Mohamed Brahmi ?

En fait, les escadrons de la mort sont toujours là. Les armes existent et la liste des martyrs est dressée par les assassins. Le gouvernement a fait preuve d'un échec surtout dans la question de la sécurité. Il faut dès lors former un nouveau gouvernement de salut national ou de gestion des affaires courantes. L'UGTT examinera cette question le lundi lors de la commission administrative pour dire son mot par rapport à cela et la démission du chef du gouvernement. La réponse de l'Union Générale Tunisienne des Travail leur sera prononcée lundi. C'est lundi que le destin de la Tunisie sera décidé.


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