Simultanément à la campagne de ratissage engagée par les forces de sécurité à Sidi Ali Ben Oun, les terroristes ont riposté hier instantanément à Sousse et à Monastir. Ils ont visé cette fois-ci un secteur vital et névralgique de l'économie tunisienne, le tourisme. Cela nous amène à déduire que ces diables de terroristes ne reculent devant rien. Un combat sans relâche s'impose. Ce n'est pas la première fois qu'ils agissent. Il y'avait eu des déflagrations le 2 août 1986, la veille de l'anniversaire de Bourguiba, une autre opération terroriste le 11 avril 2002 à Djerba. L'activité touristique en a été gravement affectée. Hier, aussi les terroristes ont ciblé une zone touristique. Qui est derrière ces actes barbares ? Certains s'attendaient à ce que la montée de l'Islam politique au pouvoir tempère les ardeurs des terroristes qui agissent au nom d'une certaine conception de la religion. Qu'en est-il aujourd'hui ? Hamadi Redissi, universitaire spécialisé dans l'Islam politique, rappelle au Temps que «beaucoup d'observateurs s'attendaient à ce qu'une fois Ennahdha admette de partir, le pays risque d'être l'objet d'opérations terroristes. Chaque fois qu'Ennahdha est en difficulté des groupes terroristes agissent pour déplacer le centre d'intérêt de l'opinion publique. Une remarque de fond s'impose. L'Islam politique au pouvoir, loin d'amener la paix civile est accompagné de la résurgence du terrorisme. Avec l'opération kamikaze d'hier, le terrorisme passe à une autre échelle. Lorsque nous voyons l'agitation politique autour du dialogue national, on comprend l'immaturité des partis. La classe politique tunisienne n'est pas à la hauteur des défis. La réflexion de l'élite est limitée. Elle n'englobe pas les enjeux régionaux. La Tunisie est le dernier refuge du terrorisme international. Les terroristes sont chassés de partout dans le monde. La Tunisie est le maillon faible. Ils veulent l'investir. Le travail de sape des radicaux de la Gauche avant les élections du 23 octobre et le travail d'Ennahdha après ont fait le lit du terrorisme. Le pays risque de virer vers le chaos. Il faut un Gouvernement de Salut National. Un sursaut national est indispensable. Il faut que les Tunisiens sortent par millions pour dissuader les terroristes ». Pour notre universitaire, l'Islam politique ne résout pas le problème du terrorisme. Il révèle « la petitesse de la classe politique tunisienne qui n'a rien vu venir et raisonne de façon provinciale ». Le constitutionnaliste Kaïes Saïed, que certains partis politiques voulaient qu'il préside le prochain gouvernement, n'a pas caché sa colère. Il a affirmé au Temps que « nous entrons dans un tournant très grave. Ce qui s'est passé ailleurs, semble commencer à se reproduire en Tunisie. Ceux qui visent un établissement hôtelier, semblent se diriger contre non seulement les personnes qui y étaient, mais l'Etat tunisien. Ceux qui fomentent ces attentats ou ces assassinats ne visent pas seulement quelques personnes ou quelques établissements. Aux autorités tunisiennes compétentes de les dévoiler. C'est leur devoir envers la Nation et le peuple parce que les régimes passent, les gouvernements peuvent être renversés, mais l'Etat tunisien doit continuer. Malheureusement tout laisse à penser que la situation se détériore, de jour en jour. Qui est derrière ? C'est la grande question. Qui tirent les ficelles ? Maintenant les puissances occidentales qui ont toujours combattu le terrorisme dans leur pays, voient le terrorisme s'implanter dans les pays considérés comme réservoir du terrorisme. C'est peut-être une manière de le combattre ». Quelle solution adopter pour combattre le terrorisme ? Kaïes Saïed pense que l'approche sécuritaire est indispensable. Elle n'est pas suffisante. « L'approche socio-économique est nécessaire. Les terroristes ne sont pas nés terroristes », dit-il. Ces actes auront-ils des incidences sur le dialogue national ? Le Constitutionnaliste pense que de tels actes auront des répercussions certaines. Qui en tirera profit ? « Les jours à venir nous le diront », conclut l'universitaire. De son côté le parti Républicain a formulé une proposition de six points pour faire face au terrorisme. Il a suggéré la création d'un Fonds national pour la lutte contre le terrorisme d'au moins 1500 millions de dinars constitué, entre autres, de dons, d'une légère taxation sur les opérations boursières, les bénéfices des banques et des sociétés d'assurance…Ce fond servira à équiper les unités de sécurité. Les budgets des ministères de l'Intérieur et de la Défense nationale devront augmenter pour répondre aux besoins de la lutte contre le terrorisme. Une Instance provisoire de la sécurité nationale devra être composée par les 3 présidents, les chefs des quatre plus grands partis et le secrétaire général de l'UGTT. Cette instance élaborera une stratégie de lutte contre le terrorisme et suivra son application. Une Agence Nationale de Renseignements devra être créee. Une loi devra être promulguée pour protéger les familles des agents de sécurité et des militaires. Le Gouvernement devra se raviser à propos des décisions de suspension d'activités prises à l'encontre des syndicalistes du ministère de l'Intérieur. Enfin une journée nationale de solidarité avec l'armée et les forces de sécurité devra être organisée.