Mercredi 3o octobre dernier, la journée s'annonçait belle, avec un ciel d'un bleu azur et un soleil de nature à relever le moral et à espérer que l'issue de la crise politique qui sévit dans le pays est proche. 9heures du matin on annonce que le dialogue national est sur le point d'aboutir à un choix pondéré d'un nouveau chef de gouvernement apte à maîtriser la situation jusqu'à achèvement de la prochaine Constitution et la mise sur pied des nouvelles institutions d'un Etat qui réponde aux objectifs de la Révolution et aux aspirations du peuple. Quelques jours auparavant Ali Laârayedh, chef du gouvernement actuel a enfin signé la feuille de route, prévoyant, son remplacement ainsi que ses ministres par un gouvernement de salut, dont les membres n'auraient aucune tendance partisane, ni aucune prétention à se présenter aux prochaines élections. L'espoir de la sortie de la crise était permis et les citoyens bien que dubitatifs ou inquiets étaient malgré tout optimistes. 10 heures passées, on apprend avec stupeur que deux attentats suicide ont eu lieu simultanément, à Monastir et à Sousse. Le premier a été déjoué à temps, grâce à la vigilance des agents de sécurité qui ont empêché un jeune homme visant la Mausolée du leader Bourguiba d'arriver au bout de son projet, évitant de près la catastrophe. Le deuxième concernait un kamikaze qui s'est fait exploser à la Corniche , après avoir été empêché de pénétrer dans un hôtel dans les parages. L'attaque qui s'était produite vers les 9h30, a semé la terreur aussi bien auprès de ceux qui se trouvaient sur les lieux, touristes et citoyens confondus, qu'auprès de tous ceux qui ont appris la nouvelle, dans toutes les régions du pays. Avec la peur et la consternation, l'inquiétude était permise et la plupart des gens, déboussolés et apeurés se sont étonnés de cette coïncidence qui se produit à chaque fois que le dialogue national réalise un pas en avant vers la sortie de la crise politique. Le terrorisme a frappé le 23 octobre, avec l'assassinat de sept agents de la garde nationale, à Sidi Ali Ben Oun, au moment même où les agents du dialogue national attendaient que le chef du gouvernement signe la feuille de route et accepte de se retirer. Celà avait retardé une première fois le processus du dialogue et a incité Ali Laârayedh à retarder l'échéance. L'histoire, éternel recommencement Les événements du mercredi dernier sont similaires à ceux qui avaient eu lieu sous l'ancien régime en 1987, alors que Ben Ali n'était encore que ministre de l'Intérieur. A l'époque, des explosions ont eu lieu dans des hôtels à Sousse et à Monastir s'étaient soldés par des morts et plusieurs blessés. Ces attentats survenus la veille du 3 août date anniversaire de Bourguiba, étaient un défi lancé au vieux lion, malade, devenu de plus en plus sénile. Or le parti Ennahdha n'a jamais voulu reconnaître la responsabilité de ces attentats, avançant la thèse d'une mise en scène par les services de Ben Ali, permettant à ce dernier de préparer le chemin vers le palais de Carthage. Lors de son accession au pouvoir, Ben Ali s'est en effet, comporté comme le sauveur qui a évité de justesse le bain de sang au pays. Accusations mutuelles Pour Ghannouchi le chef spirituel et temporel d'Ennahdha, les derniers attentats ont été perpétrés par les ennemis de la Tunisie. Même justification donc qu'en 1987. Il est vrai qu'on peut penser que d'autres éléments, déstabilisés par la Révolution, et dont l'implication dans les abus et la corruption a été révélée et établie, ont profité de la présente conjoncture pour commanditer des actes de terrorisme de nature à semer le trouble et faire de sorte que le pays sombre davantage dans la crise. D'autant plus qu'ils appartiennent à un temps, que les islamistes ne pouvaient connaître. Le temps des attentats yousséfistes et les tueries à Sabbat Edhlam, et les multiples actes de violence perpétrés par une milice redoutable et qui était cautionnée par le parti au pouvoir de l'époque. Toutefois certains indices laissent planer le doute sur ces propos, dont notamment les relations de Ghannouchi avec Abou Yadh chef des Ansar Achariâ. Cette association a commencé à s'activer depuis la Révolution, appelant à l'application aveugle de la Chariâa et incitant à la violence contre tous ceux qui ne partagent pas son avis, notamment les laïcs considérés comme des mécréants et des suppôts de Satan. « Ce sont nos enfants » Ennahdha parti majoritaire à la Constituante, n'a jamais été clair ni dans ses propos ni dans ses résolutions. Le ministre de la Justice transitoire et des droits de l'Homme avait toujours manifesté son enthousiasme à consolider les droits et les libertés publiques. Mais concrètement rien n'est réalisé. C'est même dans certains cas pire que l'ancien régime, avec l'acharnement qu'il y a eu sur la liberté d'expression l'ingérence de l'exécutif sur la magistrature, des décisions étant dans certains procès loin de toute objectivité et contraires à toutes les normes juridiques nationales et internationales. Les membres de la protection de la Révolution association d'obédience islamiste qui avaient longtemps semé le trouble et perpétré des actes de violences à plusieurs occasions, restés souvent impunis. Ce sont nos enfants, avait un jour déclaré Rached Ghannouchi, insinuant par là qu'il faut en quelque sorte les ménager. Avec les évènements de l'ambassade des Etats-Unis, soldés par des morts et des blessés, le terrorisme avait pris une tournure encore plus grave. « On les attendait de face, ils ont attaqué par derrière » ! avait déclaré Ali Laârayedh, alors ministre de l'Intérieur. Ceux qui ont pu être arrêtés et jugés ont écopé de deux ans ….avec sursis ! Jugement clément ou complaisant, pour ces enfants, qui sont les nôtres et parmi lesquelles il y a le chef de Ansar Achariâ, Seifallah Belahssine , alias Abou yadh. C'est ce même bonhomme qui a guidé les opérations terroristes de Soliman et qui a été condamné à une peine de prison, en vertu de la loi antiterroriste sous Ben Ali. C'est lui qui a bénéficié d'une grâce présidentielle à la Révolution. Depuis, c'est lui-même qui a mené l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis ainsi que d'autres actes de violence ….au nom de l'Islam et du Jihad, et avec la complaisance du ministre de l'Intérieur. Ce dernier aurait même aidé à le laisser partir libre, après avoir été cerné par les forces de l'ordre à la mosquée El Fath en plein centre ville. Accoutré d'un Niqab, il a pu sortir sous le nez des forces de l'ordre pour aller vers une direction inconnue. Une complaisance certaine. Quel rôle joué par Rached Ghannouchi ? Celui-ci a beau clamé sa bonne foi, et sa volonté à ne servir que l'intérêt du pays. Les faits qui parlent d'eux-mêmes ne peuvent confirmer son attitude suspecte et son acharnement à vouloir garder le pouvoir ad vitam Aeternam et à instituer un régime de Califat, un sixième Califat comme dirait l'autre ! Il a beau démentir le dernier rapport de l'expert en sécurité Nasreddine Ben Soltana, selon lequel il aurait rencontré Abou Yadh pour lui demander d'encourager les jeunes de Ansar Achariâ à intégrer les rangs de l'armée nationale et la police, lors d'une rencontre avec lui en 2011. D'ailleurs Ghannouchi, sorti de ses gongs a décidé de poursuivre ledit expert pour propos calomnieux. Cela dit, et bien que toute prétention nécessite qu'elle soit prouvée, il y a parfois des présomptions qui ne laissent aucune place au doute. La plus forte présomption consiste dans cette complaisance vis-à-vis des membres de la protection de la Révolution ainsi que ceux d'Ansar Achriâa, causes de tous les maux. Honni soit qui mal y pense !