Cela pourrait donner le tournis, mais c'est une valse à dix-mille temps qui vaut chemin de vie à hauteur d'Hommes, lorsque la jeunesse se mêle de pratiquer des exercices de haute-voltige où la quête de vérité, de justice ici-bas, ne craint pas de flirter avec l'apesanteur des amours éphémères, ou des passions juvéniles, mâtinées femmes mûres lorsque l'enjeu réel, se retrouve en réalité, au cœur de ce que l'on pourrait appeler sans se tromper, le désastre israélo-palestinien. Deux camps qui se mesurent du regard, et un même idéal de justice. Jean, nommé fraîchement à 22 ans, professeur de morale dans un lycée bruxellois, aura d'abord du mal à en découdre. Asma, la fille, repliée sur son secret et Elvire, la mère, qui ne s'en laisse pas conter son plus, sont en quelque sorte les perdants, d'un Samuel ou d'un Stephan. Jusqu'à ce que la quête, à quelque quarante années près, ne place les pas de la première dans ceux de la seconde. La tragédie d'Antoine les conduira inexorablement vers Ghaza, où les regards, comme les sentiments, finiront par s'accorder. Le sionisme n'est pas soluble dans l'eau mais au bout du compte, choisir la justice contre « l'appartenance à un peuple », sans pour autant, oublier en chemin, le sens des origines, cela ne relève pas du miracle, mais, des étranges parcours que peut réserver toute vie qui peuvent conduire une jeune juive, ne rêvant que de kilboutzim, à changer de regard. Et si Stephan ainsi que Filomeno qui n'est pas juif comme lui, trouve évident de soutenir – de facto - la cause de Noureddine, le Palestinien, c'est qu'un idéal commun, qui a la force de la jeunesse, les unit comme les doigts d'une seule main : « En tout ! ». Il faudra attendre la dernière page de ce roman où le désir, comme le militantisme engagé affleure à chaque ligne comme une seconde respiration, pour comprendre le sens de ce qui ressemble fort bien à un serment d'allégeance, pour des causes, qui pourraient être données pour perdues, si ce n'était la ténacité d'une jeunesse, qui n'a pas froid aux yeux, qui a le sens de la justice chevillé au cœur et qui ne craint pas, à l'instar de Jean l'équilibriste – à refaire le chemin à rebours, jusqu'à ce que la boucle soit bouclée. Il ne se trompera pas de chemin.