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L‘invité du Dimanche Samir Taieb, fraîchement élu secrétaire général d'Al-Massar : « On n'acceptera pas de faire le jeu des élections au rabais »
Publié dans Le Temps le 29 - 06 - 2014

Al Massar est parmi les rares partis politiques à avoir tenu leurs congrès avant les élections. Pratiquement, il est le seul, avec le Parti des Travailleurs, à l'avoir fait, contrairement à d'autres qui les ont ajournés, en empruntant des moyens détournés, à l'image d'Ennahdha et Nida Tounes, craignant une éventuelle implosion qui serait de nature à affaiblir leurs positions et à les faire perdre des voix dans ce grand rendez-vous électoral. Donc, la tenue de ce congrès à quelques semaines seulement de l'entame de cette opération cruciale dénote d'un bon état de santé et uneambiance saine au sein de ce parti. La confirmation de cette réalité vient d'être donnée par la députée, Manel El Kadri, qui a, tout récemment, rejoint Al Massar, qui est, dorénavant, représenté , au sein de l'ANC, par dix membres. Il est à souligner que leur nombre a, ainsi, carrément doublé, puisqu'au départ ils étaient seulement cinq. Néanmoins, cet engouement pour Al Massar de la part des députés ne traduit-il pas une vérité, soupçonnée par certains, et selon laquelle ce parti séduit beaucoup plus les intellectuels que les masses populaires ? Toujours d'après ces derniers, cela expliquerait son attachement à Nida Tounes qui lui tourne le dos. En d'autres termes, Al Massar serait conscient des limites de son assise sociale et donc de son poids électoral, et c'est pour pallier à ces défaillances qu'il tient à l'Union Pour la Tunisie (UPT) qui perd sa vigueur, son envergure et son rayonnement qui existaient il y a quelque temps, lorsqu'elle était encore renforcée par Nida. Le nouveau secrétaire général de ce parti y oppose un démenti catégorique en justifiant cet attachement à l'UPT par la philosophie « massarienne » reposant sur la nécessité d'unifier toutes les forces démocratiques, progressistes et modernistes autour d'un seul projet. Al Massar se veut être rassembleur de toutes ces forces afin d'éviter son effritement comme lors des élections précédents, suivant les affirmations de notre invité.
-Le Temps : certains considèrent qu'Al Massar refuse de regarder la réalité en face, en continuant à coordonner son action avec Nida Tounes qui se défait de l'Union Pour la Tunisie ?
-M Taieb : nous agissons, toujours, dans le cadre de l'UPT, et si une de ses composantes a choisi de quitter la table pour aller se présenter dans des listes autonomes, on ne peut rien face à ce choix délibéré. Nous le regrettons, nous enregistrons cette décision et nous continuons avec les partis restants, en essayant, bien évidemment, de renforcer notre coalition avec d'autres partis qui demandent à l'intégrer.
-Vous avez dit, dans l'une de vos dernières déclarations, qu'un clan au sein de Nida Tounes œuvre à s'allier à Ennahdha. Comment réagirait Al Massar face à cet éventuel rapprochement entre les deux partis qui n'est pas à exclure, d'après les observateurs?
-Sans aller jusqu'à dire que Nida est en train de coordonner avec Ennahdha, je pense que la dernière crise à l'intérieur de ce parti a démontré l'existence d'un nombre de tendances dont celle que vous venez de citer. Et ces propos ne sont pas les miens, ils émanent des protagonistes de cette crise qui ont soutenu que certains voudraient faire alliance avec le parti islamique. Mais, c'est une position minoritaire, et la position de synthèse, incarnée par M Béji Caïd Essebsi, ne va pas dans ce sens, bien au contraire, elle tend à imposer Nida comme une entité faisant partie de la famille démocratique. On aurait souhaité qu'il y ait eu la plus large rencontre possible des forces démocratiques même au-delà de l'UPT, une rencontre à l'intérieur du Front de Salut National, quinous a rassemblés, pendant tout l'été dernier, dans le cadre du sit-in du Bardo, et grâce auquel on a réalisé plusieurs acquis. A Al Massar, nous avons entrepris de faire une initiative, au mois de décembre 2013, en demandant de transformer le FSN d'un front politique en front politique et électoral avec des listes communes. Cela n'a pas été possible, nous le regrettons, mais, nous continuerons, au sein de l'UPT, à œuvrer à rassembler le maximum des forces du progrès et des forces démocratiques en Tunisie qui croient au document fondateur de notre coalition.
-Abderrazak Hammami vient de constituer, avec, entre autres, Touhami Abdouli, le Front patriotique. Ce nouveau-né n'affecte-t-il pas l'UPT.
-Le Parti du Travail patriote démocrate (PTPD) n'a jamais quitté l'UPT, mais il se renforce dans le cadre d'un front, qui, demain, sera peut-être un parti unique, ce qui ne peut que consolider notre coalition. De toutes les façons, toutes les demandes de renforcer l'UPT seront analysées et étudiées à l'intérieur de celle-ci par l'ensemble de ses composantes, et nous appelons de tous nos vœux à ce qu'elle se fortifie avec de nouvelles adhésions.
-Qu'en est-il de la proposition relative aux élections qu'Ennahdha compte vous présenter?
-Nous avons écouté, à plusieurs reprises, les responsables d'Ennahdha parler d'une initiative consistant à choisir un candidat consensuel pour toutes les forces politiques aux présidentielles. De prime abord, quand on parle de consensus, on peut dire que c'est une bonne chose, sauf qu'ils'est avéré que cette initiative était conçue avec des arrière-pensées politiciennes. En d'autres termes, Ennahdha cherche à diviser le camp démocratique, l'empêcher d'avoir un ou deux candidats aux présidentielles et dire que le gouvernement est pour moi et que la présidence, on se la partage. Et ça, on ne peut pas l'accepter. Si l'initiative d'Ennahdha consistait à mettre en place un gouvernement d'union nationale, présidé par une personnalité indépendante et soutenue par les partis politiques, qui seraient, bien sûr, représentés dans ce gouvernement, toute la donne serait changée. Conformément à la constitution du 27 janvier, le véritable pouvoir exécutif se trouve entre les mains du gouvernement. Alors, quand on met de côté ce dernier, qui est la réalitédu pouvoir et la présidence, tout en voulant se partager la présidence, qui est secondaire, on ne peut y voir qu'une manœuvre politicienne de la part d'Ennahdha. De toutes les façons, nous allons recevoir sa délégation qui va nous présenter, par écrit, son initiative. Si elle ne diffère pas beaucoup de ce qu'on a entendu et écouté, notre réponse sera, toujours, la même. Nous allons attendre pour voir.
-Est-ce que vous accepteriez, maintenant, un candidat consensuel qui représenterait toutes les forces démocratiques pour les présidentielles?
-Vous savez, notre premier souhait a, toujours, été que toutes les forces démocratiques soient unies, que ce soit dans les législatives avec des listes communes, ou bien dans les présidentielles derrière un seul candidat. A l'UPT, avant la dernière décision de Nida, notre candidat était, naturellement, Béji Caïd Essebsi, maintenant, il a choisi de faire cavalier seul, la situation change. Mais c'est au niveau de l'UPT que nous allons étudier cette question de candidature, nous allons soutenir soit quelqu'un appartenant à notre coalition, soit une personnalité en dehors de cette enceinte. Nous étudierons cela ensemble. Et nous préférons, comme toujours, qu'il y ait un seul candidat pour toutes les forces démocratiques, progressistes et modernistes.
-Est-ce que la coordination logistique entre les forces démocratiques, que vous avez tant vantée, se fera dans le cadre de l'UPT ou bien qu'elle s'étendra au-delà de ces limites?
-Là, vous me donnez l'occasion de parler de l'initiative qui a été dégagée par notre congrès qui vient de se tenir. La motion concernant les élections et les alliances contient trois points. Le premier consiste à aller aux élections dans le cadre de l'UPT en tâchant de le fortifier. Le second réside dans la recherche de mécanismes de coordination avec toutes les forces démocratiques se trouvant en dehors de notre alliance, c'est-à-dire chercher à trouver des coordinations de terrain avec Nida Tounes, le Front populaire, l'Alliance et tous les autres partis centristes et progressistes. C'est une coordination de terrain se rapportant aux observateurs, aux contrôleurs, aux rendez-vous électoraux, aux meetings, aux déplacements... A travers cette logistique, on va essayer de diminuer le poids des élections quipèse sur nos épaules et faire en sorte que note action soit unifiée comme si on était sur les mêmes listes. Quant au troisième point (et il est très important) il consiste à appeler toutes les forces qui constituent l'espace démocratique, progressiste et moderniste à élaborer, avant les élections, un programme de gouvernement qui soit présenté aux Tunisiens. Cela veut dire que même si nous nous présentons séparés à ces élections, si le peuple nous donne sa confiance et nous confie les rênes du pouvoir, nous constituerons ce gouvernement ensemble sur la base du programme pré - élaboré. Quel message d'optimisme on va donner aux Tunisiens ! Ils vont, certainement, apprécier ce geste. Voilà donc les trois points qui constituent l'initiative que nous allons élaborer dans un texte que nous présenterons, évidemment, à tous nos partenaires.
-Le calendrier des élections vous convient-il ou bien vous avez des réserves à émettre à ce propos ?
-Notre position est, vraiment, mitigée, c'est-à-dire qu'à la fois nous avons des réserves, mais aussi nous comprenons un peu la gêne dans laquelle se trouve l'ISIE, parce qu'il est très difficile pour elle d'élaborer un calendrier qui fasse l'unanimité et qui soit accepté par tout le monde. Certaines parties ne seraient pas prêtes, d'autres le seraient, mais sous réserve que, etc... Finalement, pour nous, le calendrier est un fait, on doit faire avec, s'organiser et travailler pour être fin prêts pour les élections.
-On sait très bien que l'essentiel de la feuille de route n'est pasencore appliqué par le gouvernement Jomâa et que, par conséquent, le climat n'est pas encore favorable à la tenue des élections honnêtes, transparentes et libres. Est-ce qu'Al Massar est prêt à y participer dans ces conditions malsaines ?
-Dans le cadre du Dialogue national, nous avons élaboré la feuille de route qui contient un certain nombre de conditions pour créer un environnement propice aux élections. L'idée c'est que ces élections doivent être, nettement, au-dessus du seuil de celles du 23 octobre 2011 qu'on a acceptées avec toutes leurs insuffisances et toutes leurs défaillances comme étant une première expérience. Mais, maintenant, avec l'expérience qu'on a, l'accumulation des erreurs et des réussites, nous sommes en mesure de faire des élections qui soient dignes de la Tunisie, de la révolution démocratique tunisienne et des standards internationaux. Donc, je pense qu'on n'acceptera pas de jouer le jeu dans des élections au rabais, ce n'est pas parce qu'on est pressé par le temps qu'on consentira à tout. Non ! Je suis désolé ! Et pour cela, trois conditions sont nécessaires. D'abord, la neutralité de l'administration et des mosquées. Ensuite, la lutte contre la violence politique, étant donné qu'on ne peut pas entrer dans des élections et engager la vie des citoyens tunisiens qui voudraient participer à cette fête quand cette violence est exercée contre certains. Enfin, il y a la question très importante, relative aux nominations partisanes effectuées par la Troïka et qui doivent être revues. Ces trois conditions sont à remplir, dans le cas contraire, on émettra des réserves sur ces élections.
-Il n'y a pas que cela qui mine les prochaines élections, mais aussi l'argent politique qui coule à flot à travers les nombreuses associations islamiques dites caritatives.
-Tout le monde est conscient de la gravité de deux questions, celle de l'argent politique que j'appelle l'argent sale dont on ne connaît pas la provenance, ni la source. Il faut lutter contre ce phénomène-là. Je pense que, dans la loi électorale, il y a des sanctions qui ne sont pas suffisantes et qu'il faudrait faire plus. La seconde question est inhérente à l'égalité de tous, de toutes les listes, de tous les partis politiques devant les médias. Ce n'est pas normal que, dans un pays qu'on voudrait qu'il soit démocratique, un parti bénéficie d'une chaîne satellitaire qui émet 24h/24h et qui soutient ses listes. Ce n'est pas normal que ce soit un parti politique qui dispose d'une chaîne ou qu'une chaîne étrangère favorise une liste au détriment d'autres comme on a vu lors des élections précédentes où Al Jazeera soutenait, clairement, les listes du mouvement Ennahdha.
-Comment vous allez ripostez si jamais cela se reproduisait ?
-Tous d'abord, nous allons demander à tous les intervenants dans l'opération électorale, l'ISIE, la HAICA, le gouvernement et le ministère de l'intérieur, en premier lieu, à agir fermement contre ces abus et ces dépassements. De note côté, à chaque fois qu'on en constatera l'existence, concernant le côté financier ou le côté médiatique, on le relèvera et on avisera les parties intéressées.
-Mais peut-on s'attendre à ce que le gouvernement sévisse contre les contrevenants, alors qu'il n'a pas exécuté des décisions de justice, émanant du tribunal administratif concernant certaines délégations spéciales et qui restent, encore, lettres mortes?
-On peut dire que plus le gouvernement donne aux Tunisiens des signes de la faiblesse de l'Etat, de son incapacité à appliquer la loi, plus on trouvera des difficultés à gouverner. La gouvernementabilité de l'Etat des Tunisiens deviendra de plus en plus difficile, et c'est à ce gouvernement de faire respecter la loi et les décisions de justice. Il est inconcevable ne puisse pas appliquer des jugements. Un simple particulier peut le fairepar le biais d'un huissier notaire, alors qu'un gouvernement, avec tout ce qu'il possède comme force et comme moyens, est incapable d'appliquer des mesures. Personnellement, je considère que ce qui se passe, actuellement dans les délégations spéciales, est un vrai scandale.
-Et comment vous allez réagir par rapport à ce laxisme de la part du gouvernement ?
-Nous allons faire pression pour que le gouvernement agisse le plus tôt possible. Il ya quelques jours, j'ai contacté des responsables du gouvernement pour leur dire que ce n'est pas normal ce qui se passe à Hammam-Lif. Et c'est le cas, également, d'autres délégations spéciales révoquées par des décisions de justice mais dont les représentants ne veulent pas quitter les municipalités en en fermant les portes et en observant des sit-in protégés par des hors-la-loi, à l'image de ce qui se passe, actuellement, à la banlieue sud de la capitale, face à l'impassibilité des forces de l'ordre. Je trouve que c'est un très mauvais exemple qu'on donne aux Tunisiens.
-Où le quartet dans tout cela ? N'est-il pas le garant de l'application de la feuille de route ?
-Le quartet n'a pas le pouvoir, il est là pour rassembler les protagonistes politiques, pour créer une rencontre politique qui dégagerait des décisions consensuelles pour l'intérêt du pays. Il ne peut pas faire plus que cela. Bien sûr il avise, il bouge, mais il ne faut pas oublier que ses composantes sont des organisations qui ont un rôle social à jouer dans le pays, qui ont leur vie intérieure, leurs activités propres. Elles ne peuvent pas à tout bout de champ intervenir dans des considérations gouvernementales. S'il y a un retard au niveau de l'application de la feuille de route, il peut le relever, mais il ne peut pas se substituer au gouvernement. Nous, en tant que partis politiques, nous n'allons pas arrêter de le faire, moi, je le fais comme responsable politique et député de la nation. Mais, c'est au gouvernement de bouger, tout le monde l'a avisé, et s'il ne bronche pas c'est qu'il n'y a pas de volonté de sa part de faire appliquer les décisions de justice.
-En fait, les élections ne sont menacées que par cela, mais aussi par le commencement de radicalisation du terrorisme, en Tunisie, avec ce dernier venu, « Daech ».
-Je pense qu'il ne faut pas fairede cadeau à ces terroristes en perturbant notre calendrier. Il faut organiser nos élections et leur montrer que nous sommes capables de nous organiser démocratiquement, de faire des élections, de constituer nos institutions et de mener normalement notre vie. Parce que chaque fois qu'on avance dans la construction démocratique, on oblige les terroristes et les intégristes à reculer. C'est un défi qu'on leur lance en organisant, démocratiquement, nos élections. D'autre part, il y a une prise de conscience au niveau du gouvernement du danger que représente le phénomène du terrorisme. J'ai écouté, par exemple, il y a quelques jours, l'intervention du ministre de l'intérieur, à l'ANC, qui tranche, catégoriquement, avec toutes les autres, que ce soit dans cette enceinte ou ailleurs, où il essayait de nous montrer qu'il y avait exagération. Là, il était clair, il a dit que nous étions en guerre contre le terrorisme. On aurait souhaité le voir tenir ce discours avant, mais quoi qu'il en soit, on est rassuré par sa prise de conscience de la question. Maintenant, il faudrait accélérer la constitution de ce pôle antiterroriste, c'est quelque chose de très important. Tous les pays qui ont combattu le terrorisme sont passés par cette expérience. Le chef du gouvernement en a promis la création pour la fin de l'année en cours, moi, je pense cela ne peut pas attendre, il faudrait l'installer, dès maintenant, avant les élections. L'apport de ce pôle, dans la lutte contre le terrorisme, sera d'une importance capitale d'autant plus qu'il sera constitué des forces de l'ordre, de l'armée, de magistrats antiterroristes et surtout d'experts, constitués sous la forme d'un think tank, avec des sociologues, des éducateurs, etc. tout ce beau monde qui va réfléchir sur ce fléau, et la manière de prémunir nos enfants et notre jeunesse contre ce phénomène nuisible à la Tunisie et à toute la région.
-Qu'est-ce que vous diriez en hommage à Ahmed Brahim ?
-D'abord, je dois le saluer chaleureusement et dire qu'il a fait preuve de grandeur d'esprit et de militantisme. Si j'ai à le définir en un mot, je dirai : « Ahmed Brahim le militant ». Il l'a toujours été, depuis sa jeunesse, à l'UGET, quand il était étudiant, puis à l'UGTT, avec les enseignants universitaires, en tant que responsable politique à Attajdid, comme directeur du journal AL Tariq Al Jadid et en tant que premier responsable d'Al Massar. Il a toujours été aux avants postes. Je tiens à le saluer surtout pour cet exemple qu'il vient de donner à toute la Tunisie, en joignant la parole à l'acte, qui reste, malheureusement, notre problème dans le pays où tous les partis parlent, pratiquement, de la même façon de l'alternance démocratique, mais que personne ne pratique chez lui, dans son parti. C'est très bien de dire au gouvernement qu'il faudrait faire ceci ou cela, que tel parti est obscurantiste, etc. Cependant, il faut commencer par balayer devant chez soi. Ahmed Brahim a démontré qu'Al Massar, quand on parle de démocratie, d'alternance au pouvoir, de la place de la femme, de celle de la jeunesse, on les pratique à l'intérieur et qu'on n'en reste pas au niveau des slogans. C'est l'exemple qu'a donné ce congrès, et c'est Ahmed Brahim qui est derrière cela. Je pense qu'au-delà des Massariennes et des Massariens toute la famille démocratique et toute la Tunisie lui sont redevables, car il a accompli un geste qui marquera à tout jamais notre histoire nationale. Enfin, je tiens à dire que, malgré toutes les difficultés, à Al Massar, on ne baissera pas les bras, il y va de l'intérêt de la Tunisie.
F.K.


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