Le président de Nidaa Tounès, Béji Caid Essebsi, a préconisé, au cours d'une conférence de presse donnée, mardi 8 juillet 2014, à Tunis, la prorogation des délais d'inscription aux listes électorales au-delà du 22 juillet afin de permettre au plus grand nombre de citoyens de s'inscrire et de voter lors des prochaines élections présidentielle et législatives, de manière à garantir la crédibilité de ces élections, en ce qui concerne la représentativité des électeurs et de ceux qui seront élus au peuple tunisien. Il a estimé que plusieurs autres partis politiques partagent avec lui cette idée, compte tenu du nombre faible des citoyens qui avaient pris l'initiative d'inscrire leurs noms depuis le démarrage de l'opération d'inscription le 23 juin et qui a atteint, jusqu'à cette date, c'est-à-dire durant quinze jours, environ 110 mille inscrits, alors que le dernier délai est fixé au 22 juillet, soit dans 15 jours, de sorte qu'on puisse supposer que le nombre total des inscrits avoisinera les 200 mille. Or, quatre millions de citoyens sont ciblés, soit ceux qui avaient boycotté les élections de l'Assemblée nationale constituante le 23 octobre 2011. Béji Caid Essebsi a déclaré « qu'au sein de Nidaa Tounès, nous pensons que si les élections se déroulent dans les conditions indiquées, c'est-à-dire avec ceux qui viendront , quel que soit le nombre, elles manqueront de crédibilité. » Différence entre crédibilité et légitimité En réponse aux questions des journalistes, Béji Caid Essebsi a indiqué que la crédibilité ne signifie pas la légitimité, ajoutant que les élections seront légitimes dans tous les cas et que ceux qui seront élus bénéficieront de la légitimité mais qu'elles manqueront de crédibilité en ce qui concerne leur représentativité du peuple tunisien. Aussi, nous lançons un appel pressant aux citoyens tunisiens pour s'inscrire. Il a indiqué que la jeunesse de son mouvement participe directement et de façon efficace à la campagne de sensibilisation à l'inscription aux listes électorales. Il a souligné que nous ne soupçonnons personne concernant cette désaffection mais pour rattraper ses retombées sur l'inscription, Nidaa Tounès a jugé bon de proposer la prorogation des délais, car il s'agit d'assurer la crédibilité des élections au moment où le monde entier suit avec intérêt l'expérience démocratique en Tunisie. Le président de Nidaa Tounès a estimé que l'organisation des élections dans les conditions signalées et avec ceux qui viendront, quel que soit le nombre, signifie la victoire du mouvement Ennahdha et des partis qui gravitent autour de lui, comme cela s'est produit lors des élections de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011. Dès lors, l'on peut se demander pourquoi organiser ces élections, a-t-il dit. Présentation à la présidentielle Béji Caid Essebsi a été d'avis que l'Instance supérieure indépendante des élections n'est pas matériellement bien préparée afin d'accomplir au mieux sa tâche, outre les soupçons d'allégeance politique à des partis connus, pesant sur certains membres de ses sections dans les régions et à l'étranger, signalant des actions de protestation menées par des groupes de Tunisiens à l'étranger devant certains consulats de Tunisie à l'étranger, pour des carences dans la manière de préparer les élections. Béji Caid Essebsi a confirmé qu'il se présentera à l'élection présidentielle , marginalisée , selon lui, par rapport aux élections législatives, exprimant son rejet des propositions relatives à la présentation d'un candidat unique consensuel à la présidentielle qu'il a qualifiées de « mauvaise manœuvre »,car la démocratie suppose que le peuple choisisse ceux qui le représentent, tant à la chambre des députés qu'au niveau de poste de président de la république. Il a déclaré qu'il représente et défend , à travers son parti Nidaa Tounès, le projet de société progressiste, ouvert sur la modernité, et cherchant à intégrer la Tunisie au 21ème siècle, face au projet fondé sur les options doctrinales religieuses et passéistes prônée par les partis de la tendance islamique comme Ennahdha. Cependant, a-t-il dit, bien que les deux projets soient diamétralement opposés, ceci n'empêche pas la nécessité de la coexistence pacifique et du travail avec ces partis, car la Tunisie ne peut pas être gouvernée par un seul parti politique.