Le phénomène troublant et inquiétant des feux d'artifice achetés à bas prix, commerce de contrebande aidant, gagne en ampleur et fait rage à Djerba depuis la fin de ramadhan. Chaque soir, partout dans l'île, des bruits assourdissants retentissent à répétition pour remplir l'air et briser le silence homérique légendaire des nuits djerbiennes. Emanant des tirs nourris des feux d'artifice, ces déflagrations constituent une grave agression infligée aux paisibles citoyens dans leur droit le plus légitime de veiller tranquilles et de dormir en paix. Comme ces feux d'artifice sont lancés en guise de manifestation de joie au cours de la célébration des mariages, pour accompagner toutes les cérémoniales et les rituels en usage dans chaque village ou quartier, la nuisance est donc un état permanent qui ne connait de répit qu'aux premières lueurs du jour. Que de personnes, chaque jour, sont dans l'obligation de passer des nuits blanches, résignées à supporter jusqu'à l'aube l'audition des déflagrations assourdissantes provoquées par les jets de feux d'artifice auxquels s'adonnent avec excès les jeunes et les adolescents, avec la bénédiction de leurs parents, et qui sont semblables aux bruits des tirs à balles réelles. Et les chanceux qui parviennent à fermer l'œil doivent s'attendre, à un moment ou à un autre, même à l'aube, à être réveillés en sursaut, terrorisés par le vacarme ahurissant émanant des tirs de feuxd'artifice lancés au moment de l'arrivée du cortège de la mariée « la Jahfa » survenant très tard dans la nuit, comme il est de coutume à Houmt-Souk. Ces débordements frisent l'inimaginable et la situation devient vraiment intenable ; ces feux d'artifice sont tellement puissants qu'ils ne peuvent plus être considérés comme festifs, bien au contraire, les tirs nourris de ces engins retentissants constituent un tapage nocturne qui trouble la tranquillité d'autrui. Dans un communiqué rendu public, mardi 3 juin 2014, le ministère du Commerce a rappelé que conformément à l'annonce commune des ministres de l'Intérieur, des Finances, du Commerce et de la Santé datée du 20 décembre 2013, la production, la vente, l'importation et la commercialisation des feux d'artifice sont interdites et que toute personne qui transgresse la loi sera exposée à des poursuites judiciaires légales. La volonté de nuire à autrui est on ne peut plus indubitable, la transgression de la loi est chose faite, vécue et prouvée, alors qu'attend-on pour sévir ? Quant, au nom de la loi en vigueur, va-t-on parer à ces débordements, à ces jets de pétards et de feux d'artifice qui ont nui assez pour ne plus être tolérés ?