La bombe démographique qui menace le monde ne semble intéresser ni les grandes puissances ni les pays qui en souffrent le plus, à savoir l'Asie et l'Afrique. La Tunisie qui a eu le mérite et l'intelligence préventive, déjà à l'aube de l'indépendance, de promouvoir une politique de rationalisation des naissances récolte aujourd'hui les fruits de la sagesse et de la politique éclairée de Bourguiba qui a imposé le planning familial, comme bien d'autres mesures touchant la femme et la famille et ce, malgré l'opposition farouche des milieux obscurantistes et conservateurs de l'époque. Nous sommes donc après 58 ans d'indépendance, seulement 11 millions d'âmes alors que sans cette politique courageuse nous serions aujourd'hui au moins le double et là je vous invite à imaginer la situation de ce pays qui arrive à peine à mourir correctement son monde avec cette population de 11 millions de personnes. Mais, il va falloir tirer certaines conséquences et faire une lecture lucide de ce qui attend ce pays dans le futur proche avec toute cette culture obscurantiste qui refait surface et avec quel acharnement au nom de la religion et qui fait que le planning familial enregistre déjà un recul au moins au niveau de la fréquentation de ses établissements de plus de 30%, selon certaines informations, surtout dans les catégories fragilisées de notre peuple. Première constatation le grand Tunis gonfle allégrement pour avoisiner les 3 millions d'âmes et personnellement je pense que les statistiques annoncées sont en deçà de la réalité, car il faut intégrer une marge d'erreur importante du fait du refus de certaines familles de donner les informations exactes aux enquêteurs. Si nous prenons en ligne de compte l'exode massive sur le grand Tunis après la révolution, confirmée d'ailleurs par le recul de la démographie dans les régions du Nord-Ouest et du centre-ouest, je ne serai pas étonné de réviser le chiffre à la hausse pour atteindre facilement 4 millions de personnes à s'entasser dans le « grand Tunis ». D'où la nécessité de réviser de fond en comble la politique d'aménagement urbain dans ces quatre gouvernorats (Tunis, Ariana, Manouba, Ben Arous), et même les périphéries de Nabeul car Soliman est déjà intégré de fait dans ce mégapole. Il va falloir trouver les solutions pour désenclaver Tunis et ses banlieues et surtout les quartiers dits « populaires » alors qu'en réalité tout Tunis vit un délabrement inquiétant et étouffant. Il va falloir aussi une politique nationale « verte » pour faire en sorte qu'il y ait des « mini-belvédère » partout où le foncier le permet et là il faudrait une politique coercitive et courageuse pour faire en sorte que la vocation des espaces verts soit respectée surtout dans les plans des villes, où ces espaces ont été prévus mais jamais réalisés. La construction anarchique et l'indiscipline érigée en politique « populaire » et populiste par certains partis politiques du « laisser faire... laisser aller », depuis la Révolution, s'est soldée par la défiguration de nos villes, bidonvilles et amochies par l'envahissement des déchets de ces constructions au vu et au su de toutes les autorités, comme frappées d'impuissance face à l'énormité du phénomène. Autre constatation, il va falloir trouver du travail et de l'activité pour l'excédent démographique de ce gigantisme du grand Tunis, d'où la nécessité d'une planification urgente pour le développement tout en tenant compte de préserver la vie culturelle et sportive, ou la vie tout court dans ces cités bidonvillisées. Tout cela nous amène à une conclusion : Il faut un « gouvernement » régional pour le grand Tunis, car les gouvernorats ne suffisent plus ! Il faut chercher dans l'exemple des « Landers » allemands, des « cantons » suisses ou dans les « régions » françaises et espagnoles matière à inspiration pour nos planificateurs (s'il en existe encore après trois ans d'anarchie urbaine intégrale) pour remodeler l'espace urbain et lui donner les composantes de la vie citadine évoluée avec les espaces verts et de loisirs et surtout le sport et la culture. Mais, en période électorale, seule la poussée « démographique » des « présidentiables » compte... ! Oui, une inflation de « présidents » (sic) dignes des armées de l'Amérique du Sud dans les années 60, où les généraux étaient plus nombreux que les soldats « Miskina Tounès ». Pauvre Tunisie.... ! Quelle dévaluation du métier politique, avec ces « candidats » à la magistrature suprêmealors qu'ils ont tout raté au niveau de leurs carrières personnelles et leurs activités d'origine. Cela me rappelle la « classe des cancres », qui réussissent au rachat et à la fausse copie, car leur seule ambition, finalement, c'est de nous donner une fausse copie de la Tunisie dont on a vu les prémisses ces trois dernières années avec toutes les conséquences au niveau du développement économique, sécuritaire écologique et autres. Les citoyennes et citoyens doivent comprendre que la politique est aussi une affaire de professionnels, qui ont pour vocation de servir l'intérêt général et faire progresser le pays et non pas ramer à contre courant, en regardant vers l'arrière ! La politique pour les philosophes grecs c'est l'art suprême parce qu'il nécessite des qualités exceptionnelles, un savoir faire et une sagesse prudente. En un mot, un Président c'est une « étoffe », un bâtisseur et une vision. Mettez en forme cette équation sur la scène tunisienne et les « présidentiables », les vrais, se compteront à l'unité et pas à la douzaine. Par conséquent, le choix du « bon président » est très aisé, à condition de suivre la raison éclairée et non la passion obscure ! Gouverner la Tunisie, se mérite et ne se donne pas comme une faveur ou un cadeau d'allégeance par des partis hégémoniques et totalitaires ! Le « Président » est une institution et non un acteur téléguidé par procuration ! Dieu, aidez la Tunisie à faire les bons choix ! K.G.