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Dr Ridha Gataâ, Président Directeur Général de l'ONFP : «Il faut une vision claire pour la future politique de planification familiale»
Dossier : 50 ans de planning familial
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 03 - 2016

L'Office national de la famille et de la population célèbre le cinquantième anniversaire du planning familial. Pouvez-vous nous rappeler, à cette occasion, les missions de l'Onfp ?
L'Onfp a été créé en 1973 afin d'appliquer et donner de l'envergure à la politique de la population qui a été programmée à partir de 1966. Placé sous la tutelle du ministère de la Santé, l'Office a été chargé de mettre en place la stratégie de planification familiale et d'espacement des naissances à l'échelle nationale. Notre rôle était d'identifier et d'analyser les besoins non satisfaits en matière de planification familiale. C'est sur la base des résultats des études socio-démographiques réalisées par l'Office et des recommandations qui étaient émises que le conseil supérieur de la population élaborait, jusqu'en 2010, les stratégies et la politique de la population du pays. Depuis que ce conseil a été supprimé, il n'y a plus de vision, ni de stratégie claire concernant la future politique de la population. Nous sommes en train d'élaborer un rapport sur la situation actuelle de la fécondité en Tunisie qui sera présenté au ministère de la Santé.
Les objectifs de l'Office ont-ils évolué au cours des cinq dernières décennies ?
A partir des années 70, les stratégies de l'Office s'articulaient essentiellement autour de la maîtrise de la fécondité. Les centres fixes et les caravanes mobiles de l'Onfp ainsi que les structures de première ligne prescrivaient gratuitement des moyens contraceptifs aux femmes pour le contrôle et l'espacement des naissances. Dans les années 80, l'accent a été mis sur la santé maternelle et infantile, à travers la promotion et le renforcement des services de périnatalité. Les centres assurent des consultations pré et postnatales afin d'assurer le suivi de la santé des femmes après la grossesse et dans l'objectif également de leur prescrire une contraception postnatale afin de contrôler et d'espacer les naissances ce qui va permettre de réduire le taux de mortalité maternelle. Les années 90 représentent un nouveau tournant pour l'Office de la Famille et de la Population. Nous allons passer de la planification familiale à des prestations axées sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes. Les centres de la famille et de la population assurent des consultations prénuptiales pour les jeunes couples qui vont se marier. Des espaces Amis des jeunes ont été créés pour informer, éduquer et sensibiliser les jeunes sur les thèmes liés à la puberté, aux comportement à risque, aux infections sexuellement transmissibles, aux grossesses non désirées, à l'usage de la drogue... De nouvelles prestations ont également été introduites. Outre la santé sexuelle et reproductive des jeunes et les consultations pré et postnatales, les centres de la famille et de la population assurent des examens de dépistage gratuits du cancer du sein et du col de l'utérus. Ces centres accueillent également des couples infertiles. Un bilan-diagnostic est effectué pour déterminer les causes de l'infertilité. Ces couples sont ensuite orientés vers des médecins spécialisés et des centres de procréation assistée pour être pris en charge. Ces centres assurent également des consultations pour les femmes qui souffrent des troubles de la ménopause.
Quels sont les acquis les plus importants réalisés par l'Onfp ?
La mortalité maternelle a baissé. Elle est passée de 200 pour cent mille naissances au début du programme à 44 pour cent mille naissances actuellement. Le nombre d'enfants par femme a également baissé. Nous sommes passés de 7,2 enfants par femme dans les années 60 à 2,4 enfants par femme. L'usage des méthodes contraceptives est entré dans les habitudes. Alors que dans les années 70, moins de 30% des femmes âgées entre 15 et 49 ans utilisent une méthode contraceptive, aujourd'hui plus de 60% des femmes, se trouvant dans cette tranche d'âge, utilisent une méthode contraceptive. Des progrès ont également été réalisés en matière de mortalité infantile qui a considérablement baissé depuis les années 70 jusqu'à aujourd'hui. Le taux actuel est de 16 décès pour mille naissances. Nous avons, d'ailleurs, atteint l'objectif du millénaire concernant ce volet.
Quels sont les futurs objectifs de l'Onfp ? Que reste-t-il encore à faire pour promouvoir la santé maternelle et la santé reproductive des jeunes ?
Notre objectif est d'analyser les besoins non satisfaits à l'échelle nationale en matière de contraception. En effet, 7% des besoins en moyens de contraception ne sont pas encore satisfaits à l'échelle nationale. Nous n'avons pas encore atteint l'objectif du millénaire pour la mortalité maternelle. Le taux actuel est de 44,8 décès pour cent mille naissances alors que l'objectif du millénaire qui aurait dû être atteint en 2015 est de 20 décès pour cent mille naissances. Il existe de grandes disparités régionales en matière d'accès aux services d'accouchement assisté. La mortalité maternelle est très élevée dans le Centre-Ouest du pays. Le taux atteint 56 décès pour cent mille naissances. Il faut promouvoir la médecine spécialisée dans les zones prioritaires et réactiver le planning familial dans les régions qui ont enregistré une hausse du taux de fécondité.
Est-il vrai qu'après la révolution, les objectifs du programme du planning familial ont été remis en question et même menacés par certains courants obscurantistes ? Des centres de la famille et la population ont failli fermer leurs portes dans les régions.
Il est vrai que sous l'influence du courant religieux, nous avons observé un relâchement au niveau des services qui pratiquent l'IVG dans les centres de la famille et de la population se trouvant dans les régions. Quelques sages-femmes ont refusé de pratiquer des IVG. Au cours des cinq dernières années, nous n'avons pas poursuivi nos activités avec le même élan à cause de l'insécurité et de l'instabilité dans le pays. Nous avons enregistré une baisse des consultations de planification familiale. Mais depuis 2015, les caravanes mobiles ont repris leurs activités.
Ces trois dernières années, il y a eu un léger regain des naissances et on pratique de moins en moins d'IVG dans les centres de planning familial. Peut-on en déduire que les acquis en matière de planification familiale risquent d'être remis un jour en question ?
Certes, le nombre de naissances a augmenté. Nous sommes passés de 160.000 naissances par an à 200.000 naissances en 2014 et en 2015. Il y a plusieurs hypothèses à cela. Le nombre de jeunes en âge de se marier a augmenté ces dernières années. Cela s'explique notamment par la transition démographique observée au niveau de la pyramide des âges. Alors que la tranche d'âge comprise entre 15 et 29 ans représentait 21% de la population dans les années 60, le taux de jeunes âgés entre 15 et 29 ans a atteint 30% en 2004 pour finir par se stabiliser à 24% actuellement. C'est ce qui explique probablement le fait que taux de fécondité ait légèrement augmenté car le nombre des mariages et des naissances a également augmenté. Ces mutations observées au niveau de la population tunisienne nécessitent une vision claire en matière de politique de la population. Il faut réduire les disparités régionales en matière d'accès aux prestations de la santé maternelle et reproductive. Il faut également réduire l'écart de la mortalité maternelle entre les zones rurales et les zones urbaines, faciliter l'accès aux services de la contraception à toutes les catégories de la population et en particulier aux jeunes. Nous voulons également réduire les comportements à risque chez les jeunes et améliorer leurs connaissances en matière de santé sexuelle et reproductive en organisant des actions de sensibilisation. Un de nos défis, par ailleurs, est de développer de nouveau la coopération Sud-Sud.
Nous avons remarqué que l'Onfp n'est plus aussi active dans les régions. De moins en moins de caravanes mobiles se rendent dans les régions pour rapprocher les prestations des habitants dans les zones rurales et défavorisées. Y a-t-il eu une évaluation du travail des centres de planning familial dans les régions ?
Depuis 2015, les caravanes multidisciplinaires ont repris du service. Huit caravanes se sont rendues dans les zones rurales où l'indice de développement est le plus bas. Un équipe constituée de gynécologues, de pédiatres, de sages-femmes et d'animatrices a effectué des examens de dépistage du cancer du sein et de l'utérus. Les médecins ont procédé à un examen médical pour le diagnostic et la prescription de médicaments pour des personnes atteintes de maladies chroniques. La caravane a également assuré des séances d'information et de sensibilisation sur les méthodes contraceptives...En 2016, une dizaine de caravanes multidisciplinaires sillonneront les régions et les zones très défavorisées. Nous prévoyons de mettre l'accent sur les services de planification familiale, la contraception, les consultations pré et postnatales ainsi que le dépistage du cancer du sein et du col de l'utérus.
Que prévoyez-vous pour la célébration du cinquantième anniversaire du programme du planning familial en Tunisie ?
Nous allons célébrer officiellement le cinquantième anniversaire du planning familial au mois de mai prochain. La cérémonie sera placée sous le haut patronage du Président de la République. Nous présenterons à cette occasion l'historique ainsi que la philosophie bourguibienne de la politique de la population en Tunisie. Nous prévoyons également d'organiser au mois de septembre prochain, avec la collaboration de la société francophone de la contraception, un séminaire qui sera animé par des experts nationaux et internationaux spécialisés dans le domaine de la planification familiale. Un symposium sur le thème de l'IVG médicamenteuse sera également organisé. En Tunisie, 80% des IVG pratiquées sont des IVG médicamenteuses et 20% sont des IVG chirurgicales. La Tunisie est le premier pays arabe qui s'est lancé dans l'expérience de l'IVG médicamenteuse. L'IVG en Tunisie est pratiquée en milieu médical assisté, conformément aux protocoles scientifiquement validés.


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