Les observateurs déployés dans les bureaux de vote à l'occasion du premier tour de la présidentielle ont globalement salué la transparence et la bonne organisation du scrutin en dépit de la persistance de certains violations qui n'auront pas, selon eux, une incidence sur les résultats. Ainsi, Jean-Marie Bockel, le chef de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), qui a observé le premier tour de l'élection présidentielle, a salué le «professionnalisme de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), qui a organisé ce scrutin de manière intègre et en toute transparence». «La bonne tenue du 1er tour de l'élection présidentielle marque une nouvelle étape dans la transition démocratique de la Tunisie », a-t-il ajouté cité dans un communiqué de l'APCE, indiquant que «les conditions semblent-elles réunies pour que l'ensemble des candidats acceptent les résultats de ce scrutin, comme cela a été le cas lors des élections législatives.» «La participation élevée des électeurs dans ce scrutin présidentiel démontre que les citoyens attendent que le Président qui sera élu soit le garant du bon fonctionnement et de la stabilité des institutions, et s'engage dans une collaboration fructueuse avec l'Assemblée des représentants du peuple et le gouvernement qui en sera issu, afin d'œuvrer au développement économique et social de la Tunisie», ajoute l'APCE dans son communiqué publié hier. La délégation de l'APCE note, toutefois, que «certains aspects du processus électoral méritent d'être améliorés, en bénéficiant, le cas échéant, de l'expertise de la Commission de Venise», ajoutant que «la loi électorale devrait à l'avenir mieux encadrer le financement des candidats et de la campagne électorale, en insistant sur la transparence des sources, de l'utilisation et du contrôle de ces financement.» «La loi devrait également mieux prévenir les abus des ressources administratives durant les campagnes électorales», a ajouté la délégation, en allusion à l'utilisation par certains candidats des moyens matériels et humains que leurs accordent leurs fonctions. Tentatives d'achats de voix L'Association Tunisienne pour l'Intégrité et la Démocratie des Elections (ATIDE) a, de son côté, relevé dans un rapport préliminaire certaines violations du silence électoral. Il s'agit notamment d'activités de campagne et d'affichages toujours visibles (Hammam Lif, Kairouan, Manouba et de tentatives d'achat de voix à Ben Arous (distribution de collation légère dans un garage) et à Kairouan (distribution d'argent). L'ATIDE déplore également le fait que ses observateurs n'aient pas pu observer dans les cours des écoles par les chefs de ces centres à Sousse, Mannouba, Meknassi , Sbeitla, Mensia, Kairouan , Mahdia, Gafsa . Cette entrave a pu être rectifiée dans certains de ces centres suite à l'intervention de la direction de l'association auprès des IRIES concernées, alors qu'elle a persisté dans d'autres. L'association présidée par Moez Bouraoui a, d'autre part, cité des cas de non-respect des procédures de vote: ouverture des centres de votes à l'heure dans la plupart des centres de vote, avec un retard moyen de 3 minutes et atteignant maximum de 20 minutes, affichage des listes manquant dans 20% des centres et des bureaux de vote, matériel électoral manquant dans 10% des bureaux...etc L'ATIDE note que contrairement aux élections législatives, les agents responsables des bureaux de vote sont identifiés par des badges portant leurs noms et photos. Pour sa part, le réseau Mourakiboun a publié dans la soirée du dimanche 23 novembre son rapport préliminaire sur le déroulement du premier tour de la présidentielle. Il en ressort que les procédures de vote ont été respectées dans 93% des bureaux. Des infractions sans gravité ont été relevées dans 6% des bureaux de vote et des infractions qualifiées de «lourdes» ont été observées dans 1% des bureaux de vote. Le rapport préliminaire de Mourakiboun indique que les représentants du candidat Béji Caïd Essebsi ont été présents dans 92% des bureaux de vote, suivis par ceux du candidat Moncef Marzouki (73%) et du candidat Hamma Hammami (35%). Le réseau Mourakiboun, qui a déployé 4000 observateurs, a aussi relevé la continuation des campagnes électorales à l'intérieur de certains centres de vote, des tentatives d'achat de voix et un manque de compétence chez des présidents ou des membres des bureaux de vote.