La diversification du genre humain a toujours fait sa richesse. Tous les peuples du monde sont en effet structurés à la base de cette diversification, y compris la société Tunisienne qui comprend donc naturellement, hommes et femmes, noirs et blancs, des différences de tailles, de couleurs et natures de cheveux, d'appartenances géographiques et tant d'autres caractères spécifiques à chaque communauté. Mais lorsque cela devient source de discrimination, que ce soit au travail, en politique ou dans la rue, il n'est plus question de richesse mais de conflits sociaux. Comment se manifeste cette discrimination dans la société Tunisienne ? Comment cela affecte l'homogénéité de la société et bloque la communication, voire la production ? Entre blanc et noir, ce n'est qu'une nuance de couleur... M. Monji, un citoyen Tunisien noir, parle de son expérience très difficile dans l'intégration et la communication au travail et même dans sa vie privée. Il indique que depuis qu'il était à l'école, il souffrait de la discrimination même entre camarades de classe. Pourtant, on apprenait toujours aux enfants qu'il faut s'aimer et tolérer les différences, cela reste cependant théorique lorsqu'il n'y a pas d'éducation véritable qui concerne ce point. Actuellement, au travail, M. Monji indique que même si on fait semblant d'être gentil et tolérant, il y a toujours cette intention cachée, au sein du groupe, de vouloir s'isoler et éviter de le mêler dans leurs discussions « intimes ». Il existe des centaines de cas comme M. Monji qui endurent sans cesse de la maltraitance de leur entourage à cause de leur couleur, bien que plusieurs parmi les citoyens de couleur noire réussissent à affronter cette discrimination et à la battre par la volonté d'exister et de s'entretenir avec tout le monde malgré tout. La différence n'est pourtant que génétique... La discrimination, ne se résume pas à la différence de couleur, mais est remarquable aussi entre les deux sexes, et ce, par la marginalisation de la femme dans plusieurs domaines de la vie sous prétexte qu'elle soit incapable ou faible. La scène politique en est un témoin, malgré la présence de la femme dans la vie politique, son adhérence aux partis, sa représentativité parlementaire, la chance ne lui est pas réellement donnée pour être un acteur décisif de la vie politique, elle ne fait jusqu'à l'heure que suivre ou à la limite contribuer à la prise de décision. Cela constitue une caractéristique de la société patriarcale guidée par sa structure archaïque qui donne l'impression d'évoluer formellement mais jamais dans son fond. La lutte des femmes en Tunisie pour acquérir leur position égale à l'homme et n'être jugée que sur ses compétences continue quand même espérant se débarrasser de toute forme de discrimination contre elle. On ne choisit pas où on naît ... Plus loin encore, on ne devrait pas se passer de souligner un autre aspect de la discrimination qui n'est nouvellement né, mais qui date depuis plusieurs années déjà, celui de classer le peuple entre ceux originaires du sud du pays, et ceux du nord. Cette classification n'a cessé d'être cause de discrimination souvent faite par les habitants du nord du pays, surtout ceux qui se disent originaires de la capitale. M. Ferid, un citoyen tunisien qui travaille à la capitale mais qui est originaire de la région du sud ouest, affirme que la société Tunisienne n'arrive pas encore à se détacher de cette mentalité, pour lui, très classique et irrationnelle, de juger et traiter les gens selon leur origine géographique. Il précise qu'il est fier de ses origines et qu'il s'y attache en gardant toujours son dialecte et ses habitudes, et qu'il méprise ceux qui délaissent leurs spécificités et dénient leurs origines rien que pour plaire aux autres ou satisfaire les normes de la société. Il confirme que oui, il y a une discrimination très grave même en question de mariage, les familles du nord admettent peu souvent que le mari de leur fille soit du sud. « Après tout, on ne choisit pas où on naît », finit-il Discrimination positive ? Selon la psychologue, Ziadi Raja, de nos jours, de moins en moins capables d'assumer leurs attitudes discriminatoires condamnables par la culture des droits de l'Homme, certaines personnes trouvent d'autres moyens pour exprimer leur manque de tolérance de la différence de l'autre. Nous assistons donc à la naissance d'une nouvelle notion, celle de la "discrimination positive". Cette discrimination, dite positive, peut être repérée au niveau du langage social marqué par l'euphémisme comme le fait de dire "asmer" en parlant d'un noir ou encore au niveau des attitudes comme de se montrer excessivement affectueux à l'égard d'une personne handicapée par exemple. Cette forme de discrimination, bien qu'elle ne fasse qu'accentuer les différences au niveau de la représentation sociale, est socialement acceptée voire valorisée. Elle devient même un droit réclamé par certaines personnes qui en tirent des bénéfices secondaires. Elle cite l'exemple de quelqu'un qui refuse de faire la queue à la poste en prétextant un handicap touchant l'un des membres supérieurs. Pour finir, elle considère que toute forme de discrimination, qu'elle soit "positive" ou pas, renvoie directement à une représentation sociale péjorative sur laquelle il faut agir. Aucun comportement de discrimination n'a et ne doit avoir de justifications. Cette attitude revient directement à une faille de l'éducation de l'individu car on remarque les actes discriminatoires même chez les enfants. Ces derniers doivent à un certain âge recevoir une éducation des droits de l'Homme et apprendre à traiter l'autre en tant qu'humain bien avant tout et valoriser leurs points communs au lieu de l'écarter à cause de leurs différences.