Le concept de la manifestation citoyenne « Men 7a99i » est né suite à l'ensemble des arrestations et des agressions subies par un nombre de protestataires que ce soit parmi les artistes ou certains activistes politiques durant les trois dernières années. En effet, en croyant s'être révolté contre toute forme d'oppression des opinions et de la liberté d'expression exercée par Ben Ali, le peuple Tunisien se heurte à l'opposé de ses attentes, l'oppression y est toujours. L'initiative a été lancée lundi 22 Décembre, le lendemain du deuxième tour des élections présidentielles, à travers une manifestation artistique et culturelle avec la contribution de plusieurs artistes tels que le musicien Yasser Jeradi et la chanteuse Lobna Nooman accompagnée de Mahdi Chakroun. Acteurs de l'initiative Parmi les initiateurs de « Men 7a99i » on cite principalement Khaled Amami, qui a essayé pendant trois semaines avant le lancement de présenter l'initiative et de rassembler le plus grand nombre de souteneurs y compris des journalistes, des avocats, des politiciens et des acteurs de la société civile. L'idée a suivi un nombre d'arrestations et d'agressions commises lors de protestations populaires ou de manifestations artistiques. On se rappelle tous encore l'affaire des rappeurs et celle d'Azyz Amami, deux événements qui ont témoigné de la continuité d'un système d'injustice et d'oppression des libertés. Ayoub Jaouadi, acteur de théâtre et coordinateur de la manifestation, explique qu'il s'agit d'un moyen de lutte visant à former un réseau composé par les composantes de la société civile et des visages politiques ainsi que des citoyens intéressés par l'initiative et prêts à la faire évoluer jusqu'à aboutir à légaliser toutes les formes de protestations. D'ailleurs, ce volet a été l'objet des interventions des députés et avocats convoqués lundi, y compris M. Nizar Amami député du Front populaire, qui a promis de prendre en charge à coté de ses collègues la révision des textes de lois relatifs aux protestations populaires et d'en créer un, qui légitime les manifestations en masses, par la parole ou par de l'expression artistique, et interdit les dépassements commis par l'Etat et la police pour les opprimer. Activités de l'initiative Un dépliant distribué le jour de la manifestation explique les différents points à réaliser par les organisateurs et leurs collaborateurs. Huit points ont été indiqués commençant par la formation d'un équipe de travail pour le projet et la création d'une stratégie d'exécution détaillée et précise. En deuxième lieu, le projet envisage le recrutement de 25 jeunes, filles et garçons, de tous les gouvernorats de la Tunisie pour des campagnes de formations d'une durée de huit jour chacune. D'une autre part, on vise la réalisation d'une base de données qui renseigne sur les victimes de la protestation populaire en plus de la formation d'un comité de défense sociale et juridique. Le lancement de la campagne de soutien sera marqué par des caravanes qui se déplacent dans les régions. Dans une autre part, il y aura quatre manifestations qui feraient mieux connaitre le projet auprès de la société civile, des avocats, des artistes, des journalistes et des personnages d'une certaine position considérable dans la société. En dernier lieu, une vidéo résumera tous les pas du projet et contribuera ainsi à sa médiatisation sur une plus large échelle. Comité de défense sociale et juridique Ce comité est constitué par 22 membres qui ont annoncé leur soutien inconditionné au projet, il comprend entre autres 6 avocats dont M. Trifi Bassem et M. Hamam Jalel, 2 journalistes, Henda Chenaoui et Toumi Afef, des artistes tels que le musicien Ridha Chmak et la chanteuse Lobna Nooman ainsi que les acteurs de Théatre, Ayoub Jaouadi et Raja Ben Ammar, également le réalisateur Nasreddine Shili. On cite aussi le syndicaliste Wael Naouar et la blagueuse Lina Ben Mhenni. D'autres noms font aussi partie du comité et sont principalement des activistes sociaux et politiques. La famille du martyr Mohamed Belmofti a exprimé aussi son soutient pour l'intiative. L'initiative encore en cours de lancement, dépendra essentiellement de la volonté des organisateurs à développer le concept par le rassemblement progressif de voix qui s'engagent à le soutenir et le défendre. L'historique de l'oppression des libertés d'expression et de manifestation subies par le peuple à l'ère de Ben Ali, fait qu'une telle initiative soit d'une grande importance à ce stade. Espérant qu'on ne fera plus face à aucune forme d'oppression de l'opinion dans la prochaine période, et que « Men 7a99i » sera concrétisé par la loi.