Depuis quelques jours et jusqu'au 15 janvier 2015, les cimaises de la galerie Saladin de Sidi Bou Saïd abritent les œuvres récentes de trois artistes confirmées : deux américaines résidentes en Tunisie, Rebecca Mann et Jo Ann Morning, accompagnées de la Tunisienne, Nahla Weslati. Ces trois femmes se sont réunies pour une exposition intitulée « Three Women : interprétations » à travers laquelle le visiteur s'embarque dans une aventure picturale originale qui l'entraine dans un délire d'interprétations, de visions et de commentaires, tant les œuvres exposées oscillent entre le réel et l'imaginaire, l'abstraction et la figuration, le dynamique et le statique, le présent et le passé, le personnel et l'universel. Rebecca Mann et Jo Ann Morning, ayant élu domicile en Tunisie, ont en commun l'amour de ce pays où il fait bon vivre. Elles sont venues rencontrer la chaleur humaine, la beauté des paysages, la couleur et la lumière. Elles y ont rencontré leur source d'inspiration et ont cherché l'ouverture vers de nouvelles cultures et d'autres formes d'expression artistique. Chacune des deux a un répertoire assez riche dans le monde pictural, ayant exposé en solo ou en groupe dans plusieurs espaces de Tunisie ou à l'échelle internationale. Quant à Nahla Weslati, elle a déjà un riche parcours international ; ses œuvres exposées annoncent ses origines berbères et les traditions tunisiennes Dès l'entrée dans cette belle galerie, le visiteur rencontre les toiles de Nahla Weslati, faites en diptyques ou en triptyques et révèlent de prime abord des formes carrées, telles des céramiques ; mais pour peu que le visiteur touche le tableau, il découvre qu'il s'agit plutôt de peinture sur bois ou sur toile à base d'acrylique ou de techniques mixtes. Un seul titre est donné à ses travaux, « Signe », allant de 1 jusqu'à 10. C'est que toutes ces œuvres font paraître des signes, des symboles et des écritures hétéroclites qu'on pourrait assimiler à de la calligraphie, mais ne sont guère de la calligraphie, car elles sont le fruit du libre cours donné par l'artiste à son imagination et qui prêtent sans doute à l'interprétation. L'artiste a eu recours également à la technique du collage dans l'ensemble de ses œuvres d'où se dégage l'odeur du patrimoine et du passé et où l'artiste a mis tout son lyrisme et toute sa sensibilité. Viennent ensuite les œuvres de Rebecca Mann où l'on peut remarquer l'omniprésence de la femme, du nu. Mais la femme ici est peinte avec beaucoup de discrétion, de tact et de sobriété : elle est toujours représentée de dos ou de profil, jamais de face ; ce qui révèle cette tendance à la pureté et à la pudeur. Aussi peut-on remarquer que la majorité des femmes sont recouvertes de fleurs, comme si elle voulait mettre en relief la beauté et la douceur de cette créature, voulant ainsi peindre la féminité et non la femme dans sa nudité. La femme est plutôt peinte avec poésie et romantisme sans jamais verser dans l'érotisme qui pourrait entrainer la stimulation et l'excitation des sens. Rebecca use d'une diversité chromatique harmonieuse, toujours délicate et sensible, qui donne à l'œuvre toute sa splendeur et tout son éclat ; la couleur étant son premier souci pour donner à l'élément peint toute sa vivacité et son ardeur, quitte à appliquer une couleur imaginée ou peu commune sur la peau d'une femme. Quant à Jo Ann Morning, elle présente surtout des gravures, sans compter les quelques toiles en peinture, étant spécialiste de la gravure pour laquelle elle a une renommée mondiale. Quel que soit le mode d'expression, on ressent toujours dans les œuvres de Jo Ann Morning une sorte de fusion entre la puissance de la couleur et la force de la forme. La quasi-totalité des travaux exposés sont titrés en anglais, comme pour conserver une certaine expressivité jugée nécessaire à l'œuvre. Là encore le thème de la femme est flagrant et sa beauté semble plus explicite d'où se dégagent plus d'attraits et de douceurs à travers les formes, les couleurs et les lumières attribuées à ses toiles. Au grand bonheur des passionnés de l'art, M. Souabni, maitre de céans, nous a appris que : « vu l'absence d'un bon nombre de visiteurs qui semblent avoir manqué cette exposition, en raison des vacances à l'étranger, les artistes ont proposé de célébrer le 10 janvier, en marge de cette exposition, la « Galette des Rois », une occasion pour permettre aux amateurs de l'art de voir les œuvres de ces trois artistes qui proposent d'offrir des œuvres aux visiteurs, histoire de créer de l'ambiance et de faciliter les rencontres avec les artistes. »