A la barbarie, si on n'a pas envie de répondre par la barbarie, dans l'acception la plus littérale du terme, riposter sans hésiter, et ne pas se laisser faire, est un réflexe élémentaire. Face à un terroriste qui tire à vue, ou qui brandit un couteau pour l'égorger, n'importe qui fera le choix de se défendre, à n'importe quel prix puisqu'il y va de sa survie, ne le traversant pas une seconde, l'idée de tendre sa tête comme un agneau offert au sacrifice, ou de prêter sa poitrine, par « charité chrétienne », pour ne pas offenser son bourreau. Eprouver un ressentiment sans bornes, face aux terroristes de tous bords, toutes obédiences confondues, c'est plutôt dans l'ordre des choses. Une haine viscérale à leur encontre, en vue de ce qu'ils sont en train de pratiquer, comme atrocités, à l'encontre de leurs frères humains, sous couvert de la religion, ici en l'occurrence, c'est autrement légitime, lorsque l'on sait que pour ce qui les regarde, la violence tout comme le sang, ne les rebutent point. Plus ils en ont, plus ils en veulent. C'est un cercle vicieux, et un cercle infernal pour tous ceux qui ont le malheur de tomber entre leurs griffes. Du coup, les vouer aux géhennes, pour inverser le phénomène puisque c'est leur « vœu pieux » à eux de nous faire goûter aux feux de l'enfer, avant que ne tombe le rideau pour tout le monde, répond à notre plus ardent désir. Mais l'on préfère la version « soft ». A savoir, un procès en bonne et due forme, et un verdict des plus lourds, sans remise de peine, si la culpabilité est prouvée, et qu'il s'avère qu'ils aient, effectivement, les mains, tâchées par le sang. Les reconvertir aux vertus de la paix, et à l'Amour du prochain en prison, dans la perspective de les lâcher par la suite dans la nature, où la première des choses qu'ils feront une fois dehors, c'est de sévir encore, sauf miracle !, il faut vraiment être d'un optimisme béat pour y croire. La rédemption, c'est toujours possible, sauf si un pas de trop à été franchi dans « l'innommable ». On ne revient pas d'un point de non-retour... En réalité, et au vu de toutes les atrocités qui n'ont de cesse d'être commises, de par le monde, par des terroristes, qui vont même, dans leur haine de l'humain, jusqu'à se faire exploser eux-mêmes, pourvu qu'ils entraînent avec eux le plus grand nombre, pour gagner un paradis factice, que des esprits machiavéliques leur ont fait entrevoir, dans le but de servir leurs desseins obscurs, il y a, en chacun de nous, une envie très forte que tout cela cesse, et à n'importe quel prix, avec, mentalement, non pas exactement un désir de revanche, mais celui de les voir arrêtés dans leur élan. Définitivement. Et jugés, pour ce qu'ils auront fait. Un passage de Radhia Nasraoui, jeudi soir dans le cadre de l'émission : 24/7 d'Elyess El Gharbi, (El Hiwae Ettounssi) sur ce sujet, fort sensible il est vrai, donne plus qu'à réfléchir... A n'importe quel prix, ne doit aucunement impliquer que le « prix à payer » en soit de répondre à l'innommable, par l'innommable. A la cruauté, par la cruauté, à la barbarie, par la barbarie. En clair, la torture ne doit être légitimée sous aucun prétexte. Parce qu'elle nous dégrade. Et qu'elle dégrade l'humanité en nous. Certes, mentalement, on a envie d'exterminer tous les responsables de l'assassinat d'innocents, victimes d'une idéologie sanguinaire, mais cela mentalement. Dans les faits, tolérer qu'un être fait, de chair et de sang, et d'âme, -même s'il est prouvé qu'il l'a vendue au diable-, c'est être indignes, à notre tour, de notre indignité. Le renvoyer derrière les barreaux, s'il le faut, pour le restant de ses jours, c'est toujours dans l'ordre des choses. Accepter qu'il soit torturé, lors-même que l'on détourne le regard, par la violence que cela suppose, d'une scène de violence fictionnelle, au cinéma ou à la télévision, parce que l'on trouve cela, tout simplement insupportable, cela veut dire que nous sommes devenus, tout aussi coupables, d'atteinte à la dignité humaine, nous transformant ainsi, à notre tour, en monstres. On est d'accord : pas de pitié pour les terroristes ; mais la torture, quoi qu'il arrive, ne doit pas faire partie du décor. Ne doit plus faire partie du décor... Les Droits de l'Homme ne sont pas un accessoire de salon pour invités de marque.