«Nidaa Tounès » semble reprendre des couleurs après le doute sur sa capacité à dépasser une crise identitaire, accentuée par les combats pour le leadership en son sein. Parti « d'élites », parti de « masses », ou les deux à la fois, n'empêche que ses succès électoraux importants aussi bien aux législatives qu'à la présidence, n'ont en pas fait le parti « dominant » et encore moins, le parti du gouvernement ! Ce choix délibéré de ses leaders au sommet aura été celui de la fébrilité ! On voulait à tout prix démontrer que le parti n'est pas et ne sera pas « hégémonique » après une campagne électorale orchestrée de main de maître par ses adversaires promis au « charbon » après l'affaissement général de la Troïka et le rejet par une bonne majorité des Tunisiens de cautionner un modèle culturel et social déclassé et décadent malgré ses conquêtes au Moyen-Orient et en Libye et sa mobilisation soutenue à l'échelle internationale, y compris par la puissance américaine complice. Les Tunisiennes surtout, ont vu leur pays « volé » et menacé par l'internationale islamiste « salafiste » et voté en masse pour le dernier rempart de l'Etat national moderne et les conquêtes bourguibiennes pour la libération de la femme, les valeurs sociales progressistes du leader martyr national Farhat Hached et la spécificité identitaire tunisienne qui s'adosse à la Zitouna éclairée des Tahar et Fadhel Ben Achour et d'autres grands ulémas réformateurs de l'Islam du 19ème siècle et début du 20ème à l'image des Cheikh Salem Bouhajeb, Mohamed Essnoussi, Bayrem V et Abdelaziz Thaâlbi. Nidaa Tounès porté par les destouriens et fervents bourguibistes, les syndicalises formés à la centrale syndicale historique de l'UGTT, les intellectuels de la gauche plurielle libérés du carcan de l'idéologie contraignante, et plutôt proches de la social-démocratie européenne, a réalisé le coup de maître en passant devant la centrale islamiste Ennahdha et en poussant aux portes de l'opposition, Dr. Marzouki, l'ancien et fougueux président de la République, ainsi que les leaders majeurs de la Troïka du CPR et de Ettakatol. L'équilibre était réalisé avec en prime le fauteuil de premier de la classe, qui lui permettait de former le gouvernement et contrôler relativement le Parlement. Mais, il y avait un hic, on peut être le premier en Tunisie et le second à Rome ! Les suffrages ont donné la Nahdha très bon deuxième et la Jabha Chaâbiya bon troisième presqu' ex-aequo avec les partis libéraux d'El Watani El Hor et de Afek Tounès. Le reste, tout le monde le sait, Nidaa Tounès, lâché par la « Jabha » de M. Hamma Hammami, a dû se rabattre sur la coalition tant décriée et redoutée avec le parti islamiste, qui, il faut le dire, a joué le jeu de la manière la plus correcte allant jusqu'à soutenir le gouvernement dans les moments critiques, ce que le Nidaa a fait avec plus de discrétion. L'arrivée de M. Mohsen Marzouk, bon tribun, au secrétariat général du parti fondé par Béji Caïd Essebsi, peut elle redonner des ailes à la formation nidaïste après avoir frôlé la déconfiture du fait de l'ambition démesurée (je ne dis pas... arrivisme) de certains cadres qui voulaient coûte que coûte « leur part » d'Etat et de gouvernement ? L'œuvre et possible mais à des conditions essentielles au manageriat politique surtout dans cette période trouble de l'accumulation des exigences. La première à la base de tout, c'est de reprendre très vite et de corriger cette image de « faiblesse » du mouvement et du parti. Les citoyens, de tout temps depuis les époques antiques, n'aiment pas les faibles, surtout ceux qui sont en charge du commandement politique et social. L'adage bien tunisien dit « Koun Sid oukoulni » (soit lion et je t'obéirai). Les peuples se reflètent dans le tempérament de leurs « leaders » et pas dans celui des élites « déclassées » n'aspirant pas au commandement et au leadership comme l'explique le brillant politiste américain Moore et avant lui le sociologue italien Wilfredo Pareto. Certes, nous vivons aujourd'hui, une époque de « contraction » de l'exécutif au profit de la société civile, des partis des syndicats et des groupes de pression en général, et c'est le propre de la mutation démocratique, mais un parti de commandement doit pouvoir « dire » ce qui doit être dit et pas seulement de chercher les voies faciles de l'approche populiste. D'ailleurs, ce genre d'attitudes a vouloir satisfaire le bon Dieu, ses saints et ses contradicteurs se payent cash dans les prochains scrutins. Etre le parti de « l'autorité juste » comme l'a laissé entendre le fondateur Béji Caïd Essebsi c'est le créneau porteur mais qu'il faut consolider au moment des crises. Les Tunisiennes et les Tunisiens veulent être rassurés que le pays est « gouverné » avec un parti « référence » au socle solide et imperturbable, quand le doute attaque la nation du fait des concurrents déloyaux qui veulent le changement politique par la rue et non à travers les urnes et les institutions élues. C'est ce qu'on appelle être responsable et donc, crédible. Nidaa Tounès peut se relever rapidement, car il n'a pas atteint des seuils critiques, bien au contraire, mais pas toujours en voulant trop plaire. Rappelons-nous des grands, Churchill, De Gaulle, Bourguiba, Roosevelt. Ils ont promis des « larmes » à leurs peuples respectifs et ils ont gagné leur confiance, plus par la rigueur du propos que par la manœuvre politicienne. Donner l'espoir et l'optimisme est certes vital, mais, dire ce qui doit être dit pour situer les acteurs de la rétention sociale et du développement régional est un devoir et un acte de gouvernement que les Tunisiens apprécient à sa juste valeur le jour «J»! Le jour des choix électoraux ! K.G