Balade nocturne du côté de la médina de Tunis... Pas l'ombre d'un chat qui rôde, et un calme pesant ? Celui-là même qui précède la tempête ? Que nenni ! Ramadan bat son plein, l'esprit de la fête aussi, avec cafés bondés et Malouf à la clé, tandis que la foule, joyeuse et bigarrée, se déverse, par brassées, pour s'en venir veiller, thé à la menthe et café turc aromatisé à la fleur d'oranger, dans cette joyeuse cacophonie qui caractérise les nuits de la médina, souriante et éternelle, qui accueille à bras ouverts et la joie au cœur, tous les passants qui passent, et ceux qui s'attardent avec bonheur sous ses remparts apaisants, à l'ombre de ses murs patinés par les ans, et qui ne s'en laissent pas conter... Certes, l'omniprésence sécuritaire, si elle ne gêne pas aux entournures parce que tout le monde est conscient des enjeux vitaux de l'heure, avec l'épée de Damoclès de Daech, suspendue sur nos têtes, comme une menace dont il faut tenir compte, sans oublier de vivre, n'en fait-elle pas moins office d'aiguillon, imprimant par- à-coups une secousse, comme pour nous signifier qu'il faut parer à ouvrir l'œil et le bon, entre un rire en cascade et un gâteau au miel, à la douceur sans pareille d'une veillée ramadanesque, à l'ombre d'une médina qui en a vu d'autres, et qui renvoie d'une chiquenaude, avec un mépris souverain, toute velléité de menace, dans les limbes, sachant qu'elle aura au final, envers, en dépit, et contre tout, le dernier mot. Ne sont pas nés ceux qui la priveront de sa quiétude. Et ceux qui arpentent ces pavés, lors de ces soirées du mois saint, si douces au cœur, sont à son exemple : sereins et sans peur. Rien ne viendra jamais, entamer leur bonne humeur et leur joie de vivre. Parce que c'est vieux comme le monde, mêlé à la fragrance subtile des jasmins, qui connaîtront toujours d'autres saisons heureuses : c'est bien la vie qui finit toujours par l'emporter. La Médina de Tunis en est la preuve vivante... A l'exemple de la Ville, à l'exemple du pays...