Samir El Wafi a comparu hier devant la chambre de vacation correctionnelle près la Cour d'appel de Tunis, dans l'affaire l'opposant à l'homme d'affaires en fuite Hamadi Touil, lequel l'accuse d'extorsion de fonds et de trafic d'influence. Rappelons que cette affaire est passée par plusieurs étapes de la procédure, le procureur ayant soulevé au départ son caractère criminel et demandé son renvoi devant la chambre criminelle. Le 9 juin 2015, le ministère public avait dessaisi la juridiction correctionnelle du dossier de cette affaire. La cour d'appel avait pourtant condamné Samir El Wafi à 8 mois de prison ferme pour escroquerie, avec abandon des autres charges à caractère criminel à savoir la corruption et le chantage. Suite au pourvoi en cassation, formulé par la défense, l'affaire est revenue à nouveau devant une Cour d'appel autrement formée. Entendu durant deux heures devant cette Cour, Samir El Wafi a déclaré qu'il s'était déployé pour interviewer l'homme d'affaires Hamadi Touil, car il était proche de Belhassen Trabelsi et du président déchu et pouvait de ce fait lui fournir des renseignements importants lui permettant de faire le scoop. Il ajouta que pendant qu'il était en mission de travail à Paris, il fut contacté par un ami commun à lui et à Hamadi Touil, pour l'informer que ce dernier voulait le rencontrer. C'est ainsi qu'il rencontra l'homme d'affaires en question lequel lui affirma qu'il était victime d'une injustice et lui fit part de certaines révélations graves et compromettantes, a-t-il fait remarquer. Comme il voulait faire le scoop, il a essayé par tous les moyens dit-il, de convaincre Hamadi Touil à lui accorder une interview. Il lui promit même, selon ses dires de l'aider à résoudre le problème pour lequel il s'était expatrié en France. Il a ajouté devant la Cour qu'il était même prêt à lui donner de l'argent en contre partie d'une interview. Concernant sa relation avec Slim Ben Hmidane, Samir El Wafi a déclaré qu'elle était celle de n'importe quel journaliste avec un homme politique, ajoutant que Ben Hmidane l'avait déjà aidé pour avoir une interview avec Moncef Marzouki l'ex-président de la République. Il a précisé par ailleurs qu'il n'avait jamais demandé à Slim Ben Hmidane d'intervenir auprès de l'Homme d'affaires Hamadi Touil, pour obtenir une somme d'argent. Tout ce qu'il cherchait c'était le scoop, sans plus a-t-il affirmé. Concernant les enregistrements révélant qu'il avait demandé des sommes d'argent (500 mille dinars, réduits à 100 mille dinars) Samir El Wafi les a contestés niant avoir eu l'intention de soutirer de telles sommes. Le procureur a pour sa part demandé la confirmation du jugement, et le maintien de l'accusé en détention. Quant aux avocats de la défense ils ont été unanimes à demander l'acquittement de leur client pour prescription, les faits remontant à plus de trois ans, car il s'agit d'une affaire à caractère correctionnel et non criminel. Concernant la forme, ils ont demandé sur cette base la libération provisoire de leur client, qui est en détention depuis plus de trois mois. Après une interruption de l'audience pour délibérer sur ce point de procédure, la Cour a acquiescé à la demande de la défense en décidant la libération provisoire de Samir El Wafi avec mise de l'affaire en délibéré pour une décision ultérieur sur le fond.