Le verdict dans l'affaire El Wafi, après un délibéré qui s'est prolongé hier jusqu'à une heure tardive, a sidéré quelque peu le comité de défense qui s'attendait plutôt à l'acquittement de leur client, ne serait-ce que pour prescription des faits datant depuis 2012, soit trois ans, correspondant au délai requis à cet effet. Le tribunal en a décidé autrement en estimant que les faits de cette affaire relèvent de la chambre criminelle. Il a de ce fait renvoyé le dossier en l'état au procureur de la République qui peut prendre les résolutions qu'il estime adéquates, en vertu de la loi et selon son intime conviction. Selon Sofiène Selliti le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, la 8ème chambre correctionnelle a décidé de maintenir l'animateur TV sous mandat de dépôt, en attendant les décisions du parquet sur ce point, ajoutant que le procureur n'a pas encore reçu le résumé du jugement afin de voir les motifs sur lesquels s'est fondé le tribunal. Cela dit ce dernier a estimé que les faits présentent un aspect criminel ce qui explique son dessaisissement sur la base de l'article 169 du code de procédure pénale, a encore précisé Sofiène Selliti. Nouvelle tournure Samir El Wafi a été au départ inculpé d'escroquerie et de trafic d'influence, ayant promis à l'homme d'affaire Hamadi Touil, en fuite depuis la Révolution d'intercéder en sa faveur pour régulariser sa situation en Tunisie, en contrepartie de lui accorder une interview exclusive, pour le buzz, et de lui donner une somme de 500 mille dinars, ramenée après discussion entre l'animateur et l'épouse de Hamadi Touil à 300 mille dinars. Seulement ceci est resté au niveau de projet qui n'a pas été concrétisé. Pourquoi alors le caractère criminel de l'affaire ? L'animateur a déclaré à la barre qu'il avait contacté Slim Ben Hmidane, l'ancien ministre du temps de la Troïka pour lui présenter des excuses, pour l'avoir impliqué dans le but de convaincre l'épouse de l'homme d'affaires et lui faire croire que cet ancien ministre peut intervenir en sa faveur. Sur ce point la défense avait déclaré au tribunal que l'accusation de leur client provient d'une calomnie de la part de Moez Ben Gharbia. Ce dernier avait allégué que Samir El Wafi a joué le rôle d'intermédiaire entre les ministres de la Troïka et certains hommes d'affaires. Or l'enregistrement détenu par la femme de Hamadi Touil, révèlerait que certains hommes d'affaires, cités nommément, et ayant des dossiers, seraient désireux de régulariser leur situation avec le contentieux de l'Etat par l'intermédiaire de l'ex-ministre en question. D'où l'aspect criminel de l'affaire, notamment avec la révélation du nom de l'ex-ministre qui pourrait même être impliqué en tant qu'auteur principal de corruption de nature à causer un dommage à l'administration publique en vertu de l'article 96 du code pénal. En l'occurrence Samir El Wafi ne deviendrait qu'un simple complice. En tout état de cause les avocats de la défense sont décidés de faire appel et attendent que le jugement soit résumé. En attendant la détention de Samir El Wafi a été prolongée.