Rim Ayari expose à la galerie Saladin, à Sidi Bou Saïd du 8 au 28 août, des œuvres d'art d'un type encore inédit. Rim Ayari est informaticienne de métier, mais elle tente, passionnément habitée par le démon de la peinture, s'efforce passionnément depuis plusieurs années, en France, en Tunisie et ailleurs de "cultiver" sa vocation plastique qu'elle a découverte petit à petit en commençant par s'approprier de nouveaux moyens pour saisir à travers couleurs et dessins le monde qui l'entoure d'abord d'une manière simple pour finir aujourd'hui par développer une démarche plastique savante, autonome et libre de toutes références au monde extérieur, références qui ont déterminé ses expériences artistiques de la première période de son évolution. Rim Ayari expose aujourd'hui des œuvres qui n'ont plus rien à voir avec ses premières tentatives et qui reflètent son évolution duale qui a débuté par une expérience figurative ou semi-figurative et choisit dés lors de se consacrer à une peinture de type gestuel presque explosif tant il est vrai que c'est le mouvement qui habite la couleur qui est désormais dominant. Une sorte de rupture stylistique a été opérée par l'artiste. Cette rupture avec l'ancienne production de la période de l'apprentissage a été effectuée avec force, corporellement, gestuellement où seules les couleurs tournoyantes octroient à la composition un mouvement réel qui s'achève par l'élaboration d'un système pictural nouveau pour le peintre. Comment rendre compte de cette rupture et surtout de cette métamorphose d'un travail au début assez modeste presque balbutiant à un travail brillant et à une expression intense et explosive. Rim Ayari, Franco-Tunisienne était autodidacte, elle a vite fait de dépasser cet état et a suivi les cours de peinture du Samedi au Louvre et a su multiplier les occasions pour acquérir rapidement toutes les techniques d'expression dont elle avait besoin pour consolider et améliorer son potentiel artistique. En plus du cours du Samedi au Louvre, elle est devenue membre de l'académie des arts, des sciences et des lettres de Paris. Elle a intégré aussi l'atelier des arts plastiques à Evry, son lieu de résidence. Elle a également rejoint le salon d'automne de Paris et participé ensuite à celui du Caire ... Elle fit de belles expositions, a acquis de belles expériences connu aussi de mauvaises comme celle malheureuse du salon d'automne international de Tunis de 2014, où elle fut écartée par le couple Harbaoui/Ajili qui a accaparé la manifestation pour en faire ce qui l'en a fait après plein d'engagements qui n'ont jamais été respectés. Cette période permet à Rim Ayari d'approfondir ses relations en devenant membre de l'UNAP de Tunisie et du syndicat des métiers d'arts de France ! Elle fut lauréate de plusieurs concours. Cette fréquentation quotidienne de l'art qui se fait de l'art actuel a permis à l'artiste d'ouvrir toujours plus grands ses yeux et son cœur pour élargir son expérience et enrichir sa démarche pour l'identification progressive d'une nouvelle méthode de réalisation artistique qui éclate aujourd'hui devant nous sous forme de tableaux très bien élaborés que nous essayons de bien lire aujourd'hui ! Tentative de lecture de l'apport nouveau de Rim Ayari L'apport nouveau de l'artiste reste essentiellement déterminé par l'implication de la gestualité plastique qui intègre la composition de la toile pour se mouvoir en même temps en une série d'éléments chromatiques, par des jets colorés allant jusqu'à prendre la forme d'éclaboussures vivantes et provocatrices. Cette peinture gestuelle nécessite habituellement des toiles de grande dimension mais Rim Ayari se contente de toiles de dimension plus modeste et réussit malgré tout à produire des œuvres d'une belle facture. L'on saisit avec ce nouveau développement de cette démarche plastique tout l'effort réalisé par notre artiste qui semble venir de loin pour dépasser une figuration en fin de compte modeste. Rim Ayari évolue et prend un plaisir énorme à peindre ainsi de cette si belle façon. L'on mesure la distance parcourue par le peintre qui en se libérant de l'iconographie de la fixité des petits portraits, des nus classiques, de la représentation étriquée du corps humain s'engage dans une aventure plastique de la gestualité et de la spontanéité des jets apparemment arbitraire des couleurs sur la toile. Le système élaboré par Rim n'est certes pas nouveau mais rejoint des expériences esthétiques glorieuses de l'art pictural occidental moderniste et basé sur le corps en mouvement sur l'instantané, sur l'art qui favorise l'expérience automatique, sur l'art qui libère les fantasmes inconscients et les forces obscures qui nous habitent. La gestualité pratiquée par Rim Ayari fait référence à l'esthétique lointaine de l'écriture " automatique " d'André Breton, mais aussi à la peinture gestuelle de Pollock. Ces deux références monumentales valorisent l'apport de Rim Ayari dont le mérite a consisté à exprimer un art qui se fonde sur l'expression la plus profonde de l'être et de l'homme en affirmant que l'art dit beaucoup plus que le sacré, il dit que l'art est humain, trop humain .