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«On est face à une situation où la transition démocratique est faussée par quelques hommes d'Affaires
Publié dans Le Temps le 27 - 12 - 2015

Saïda Garrach, avocate et militante féministe connue pour ses positions fermes contre les pratiques de l'ancien système, est revenue sur la scène politique au lendemain de la révolution aux côtés de Chokri Belaïd au sein du Parti unifié des patriotes démocrates (Al Watad). Par la suite, elle a rejoint les rangs de Nidaa Tounes et, une fois les élections remportées, elle a été nommée conseillère auprès du président de la République chargée des relations avec la société civile. Depuis, nombreux sont ceux qui critiquent son «silence assourdissant» face à plusieurs affaires qui ont marqué le pays au cours de cette année : des atteintes aux libertés individuelles aux dérapages survenus au palais de Carthage, sans oublier la crise qui ravage le mouvement de Nidaa Tounes depuis plusieurs mois et le rôle joué par les membres du cabinet présidentiel dans cette crise, Saïda Garrach est revenue sur tous ces dossiers au cours de cet entretien.
-Le Temps : Plusieurs actions sont menées par quelques composantes de la société civile contre la loi 52 relative à la consommation du cannabis. On a même entendu le conseiller du ministre de l'Intérieur appeler à un amendement urgent de cette loi et Béji Caïd Essebsi avait promis, lors de sa campagne électorale, d'en réviser la sanction. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Saïda Garrach : La promesse exprimée lors de la campagne électorale de Béji Caïd Essesbi quant à cette loi – et là je tiens à préciser que l'on parle de consommation de drogues douces et non pas de drogues dures – n'était pas uniquement une promesse électorale mais un engagement envers une jeunesse qui doit être soutenue par la société. Les jeunes qui ‘choisissent' cette voie savent très bien qu'ils transgressent une loi et doivent, par conséquent, en assumer les responsabilités. Cependant, franchir la loi n'est pas toujours un choix volontaire. Les jeunes ne sont pas dans cette dimension d'analyse en rapport avec les peines encourues, ils sont dans une autre dynamique ; par définition, la jeunesse est contestataire, elle a tendance à ignorer les règles établies par les adultes dans un contexte bien précis. La jeunesse a aussi le goût de l'aventure et veut tout découvrir et tout essayer indépendamment des limites pénales en s'affirmant, à sa manière, par rapport au système des valeurs d'une société normative. Partant de cette logique là, on ne peut pas estimer que tous ceux qui consomment du cannabis ont choisi de transgresser les lois.
Les statistiques démontrent que la tranche d'âge des consommateurs de cannabis se situe entre treize et dix-sept ans. Certains consommateurs sont arrêtés et jugés suite à leur première tentative ; toute une vie peut être basculée à cause d'un joint fumé pour la première fois. Les études l'ont démontré : les jeunes, et là on parle de presque tous les pays du monde, sont souvent objets d'abus sexuels par les prisonniers les plus âgés. Administrativement parlant, et du moment où ils sont jugés selon la loi 52, ces jeunes n'ont plus le droit à la fonction publique. Aussi, et après qu'ils passent une année en prison, ces jeunes ne peuvent plus retrouver leurs études ou leur travail : toute une vie est brisée. Cela sans compter bien-sûr le regard de la société et la difficulté de se réintégrer par la suite. Si l'on veut, réellement, assumer notre responsabilité par rapport à cette jeunesse, il faut que l'on dépasse la logique de châtiment pour aller vers celle de la prévention et de la récupération. On ne souhaite nullement encourager la consommation des drogues mais on veut tout simplement donner une deuxième chance à nos jeunes, notre futur.
En principe, le 30 décembre, le chef de l'Etat devrait présider un conseil ministériel pour étudier la version finale du projet de loi qui remplacera la loi 52. Rappelons qu'il y a déjà eu un projet de loi présenté par le ministère de la Justice et Habib Essid a déjà émis un avis positif là-dessus. Avec ce nouveau projet de loi, les consommateurs de cannabis, et surtout ceux qui seront arrêtés pour la première fois, seront plutôt orientés vers une prise en charge en termes de désintoxication que vers une peine pénale.
-Le Code pénal, âgé de plus de cent ans, est considéré comme étant contraire aux principes garantis par la nouvelle Constitution. A quand l'harmonisation entre ce Code et la nouvelle Constitution ?
Il est vrai que notre Code pénal date de 1913. Les paramètres de législation de 1913 ne sont plus d'actualité. La société a évolué et le pays est passé par plusieurs stations importantes comme celle de l'Indépendance ou encore celle de la révolution. Il existe une commission au sein du ministère de la Justice qui travaille sur la réforme du Code pénal tunisien. Elle est en plein chantier et travaille sur l'harmonisation du Code pénal avec la Constitution et les conventions internationales signées par la Tunisie. On attend le résultat des travaux de cette commission qui seront adoptés par le ministère de la Justice pour être présentés, par la suite, au gouvernement et au Parlement.
-Dernièrement, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec la société civile, Kamel Jendoubi, a abordé la question du financement de quelques associations qui demeure un mystère pour les autorités. Du côté de la présidence de la République, vous êtes chargée du même dossier. Affirmez-vous les propos de Kamel Jendoubi ?
Les périodes de transition démocratique sont souvent accompagnées par des instabilités politiques flagrantes. En Tunisie, il y a eu un conflit entre deux forces sur les plans politique, idéologique et sociétal au lendemain du 14 janvier et on a vécu cette instabilité pendant toute la période de la constituante. J'ai été membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique et je sais dans quelle dynamique on a mis en place, à l'époque, la loi des associations avec le décret de 2011. A l'époque, on était habité par l'idée de ne pas reproduire le même système de cadrage du temps de Ben Ali où la société civile avait souffert le martyr. Par la suite, et au lieu d'aller vers plus de liberté comme on en a rêvé avec la Haute instance, on s'est retrouvé confronté à des forces rétrogrades. Beaucoup d'associations ont profité de cette situation pour s'installer. L'article 45 de ce décret demeure, pour moi, la grande porte par laquelle on peut avoir des financements non-contrôlés : quand une association reçoit des dons, il n'y a aucun système de contrôle qui en suit le cheminement. Cet article stipule que l'association est tenue d'aller informer les autorités de tout financement qui lui provient dans un délai d'un mois mais, et si jamais l'association en question ne déclare rien, elle n'en est pas pour autant sanctionnée. De son côté, la banque est tenue par le secret professionnel et ne peut, en aucun cas, informer les autorités des revenus de l'association. Aujourd'hui, il est temps de revoir tout le cadre juridique qui régularise le contrôle des financements des associations. On a plus de dix-huit mille associations en Tunisie aujourd'hui et on ne détient aucun moyen de contrôle réel sur leurs financements. Il faut mettre en place tout un système et une administration décentralisée pour pouvoir faire le suivi de toutes les associations tunisiennes. Le hic c'est qu'une administration pareille requiert un minimum de cinq cents employés ce qui n'est évident à faire en ce moment.
-Dernièrement, Béji Caïd Essebsi a reçu une commission libyenne qui était supposée avoir signé un accord en Tunisie. Par la suite, il s'est avéré que cette commission n'était pas officielle et que l'accord en question n'avait aucune valeur. Quelle-est la responsabilité des conseillers du président de la République dans un incident pareil ?
Le président a toujours répondu présent à toutes les sollicitations. Il ne s'agit ni de la première ni de la dernière occasion où le chef de l'Etat répond affirmatif aux demandes des différentes parties libyennes en conflit et pour cause : nos frontières avec la Libye sont contrôlées par les forces non-reconnues par l'ONU. De plus, et lors de tous les incidents qu'ont eus nos ressortissants vivant en Libye, on a été obligé de collaborer avec ces forces non-reconnues par l'ONU. Un Etat qui se respecte est tenu de trouver des solutions pour protéger ses ressortissants quand ils se trouvent dans des zones de conflit, à l'échelle internationale, c'est une stratégie très fréquente et on n'est pas les premiers à avoir eu recours à ce genre de solutions. La stabilité politique de la Libye va de la sécurité interne de la Tunisie ; établir des contacts et des relations – surtout que l'on ne dispose pas d'un système de renseignement bien bâti – avec toutes les parties libyennes nous permet de contrôler la situation. Le président de la République avait reçu le responsable de l'ONU chargé du dossier libyen à l'occasion de la rencontre tenue en Tunisie et je ne sais pas pourquoi on oublie tout cela pour focaliser uniquement sur une petite réunion isolée avec l'une des fractions en conflit.
-Comme la majorité des membres du cabinet présidentiel, vous avez été présente au meeting de Djerba tenu par le clan de Hafedh Caïd Essebsi. Avez-vous choisi votre camp dans la guerre de Nidaa Tounes ?
Pour commencer, j'avoue que je n'aime pas particulièrement l'emploi du terme ‘clan'. Aujourd'hui, le constat est clair : depuis les élections, on est entré dans une phase de déstructuration de Nidaa Tounes. Plusieurs de nos dirigeants ont été appelés à occuper des postes à la tête de l'Etat ce qui a causé un grand vide dans la direction du mouvement et les régions ont été abandonnées à leur propre sort. Ces mêmes structures régionales qui nous ont permis de gagner la majorité relative – une majorité qui ne nous a pas donné l'opportunité de gouverner comme on le souhaitait et qui a traduit le clivage dans la société tunisienne. De son côté, et comme il est le responsable des structures, Hafedh Caïd Essebsi a réussi à garder les liens avec les structures régionales. A la veille du meeting de Djerba, on avait demandé au président par intérim du mouvement, Mohamed Ennaceur, d'être à l'écoute de tout le monde afin de contenir le conflit. Mohamed Ennaceur avait été invité à assister au meeting mais avec un autre ordre du jour : commémorer l'assassinat de Lotfi Naguedh, afin de rassembler toutes les parties, tout en profitant de cette commémoration pour récupérer toutes les propositions et en discuter au sein des instances officielles du mouvement. Malheureusement, Mohamed Ennaceur n'a pas participé à la rencontre, contrairement à bon nombre de ministres et de députés qui étaient venus, tout comme moi, afin de commémorer l'assassinat de Lotfi Naguedh essentiellement et afin d'étudier les différentes solutions pour mettre fin au conflit.
Nidaa Tounes a été créé afin de rééquilibrer l'échiquier politique. Aujourd'hui, notre mission ne fait que commencer : notre parti doit être fortifié afin de pouvoir remporter les prochaines échéances et travailler sur le long terme.
-Les dernières semaines ont été intenses dans l'évolution de la crise du Nidaa avec, notamment, l'officialisation de la rupture entre les deux camps. Pensez-vous être arrivé à un point du non-retour au sein de votre mouvement ?
La politique c'est des compromis : il faut savoir faire des compromis, bien choisir le moment des compromis et bien définir leurs contenus. On a toujours été dans la logique d'éviter au parti toute implosion et de préserver tous nos militants. On a le droit d'être en désaccord, on a le droit de nous exprimer et de mener des batailles pour nos principes au sein des structures partisanes mais pas en dehors de ce cadre. Je vous donne un petit exemple : le parti socialiste français est connu pour contenir plusieurs courants. Lors des échéances électorales, et en dépit de tous leurs conflits, tout le monde s'applique et se soumet aux résultats des élections partisanes internes. Par ailleurs, et en dépit de tous leurs conflits, on n'a jamais vu le bloc parlementaire du PS se diviser ; ils sont toujours soudés pour défendre les engagements électoraux de leur parti.
-Pour revenir à notre question, Nidaa Tounes est aujourd'hui associé à des incidents de violences – ceux de la réunion de Hammamet –, à l'emploi de l'argent sale et à la question de l'héritage du statut du père. Comment ce mouvement a-t-il pu en arriver là ?
Les hommes d'affaires se mêlent toujours de la politique. Malheureusement, en Tunisie, ils cherchent à occuper les devants de la scène. On est face à une situation où la transition démocratique est faussée par quelques hommes d'affaires et cela est très grave. Cette transition est marquée par une présence des hommes d'affaires qui commence à devenir pesante. Cependant, il existe des hommes et des femmes d'affaires qui ne cessent de travailler pour aider le pays à dépasser cette phase délicate surtout sur le plan économique.
Pour revenir à la question de l'héritage, je trouve qu'on en a fait un faux débat. Par principe, et si on adhère aux droits universels, on ne peut pas priver une personne de ses droits politiques à cause de ses origines. Si l'on revient à l'Histoire de la Tunisie, Habib Bourguiba avait nommé son fils ambassadeur à deux reprises, ministre des Affaires étrangères et, par la suite, conseiller politique auprès du président de la République. Vous allez me dire que Bourguiba Junior était hautement plus diplômé que Hafedh Caïd Essebsi. Cela est vrai, mais la compétence n'a jamais été basée sur les diplômes universitaires. Comme je l'ai dit tout à l'heure, Hafedh a su garder les liens avec les structures régionales du mouvement et c'est de là où il épuise sa force. Par ailleurs, Hafedh Caïd Essebsi n'a eu aucun poste à la tête de l'Etat, les seules responsabilités qui lui ont été confiées sont exclusivement partisanes.
-C'est vrai qu'il n'a obtenu aucun poste mais on se souvient tous de sa nomination à la tête de la liste législative de Tunis I et ce qu'elle a causé comme protestations.
Pour préparer les listes législatives, on avait procédé à des élections internes à Nidaa Tounes. Hafedh avait obtenu une majorité écrasante ce qui lui avait permis de se placer en tête de liste. Suite aux protestations que vous avez citées, les élections ont été refaites et Hafedh avait obtenu exactement les mêmes résultats. Malgré cela, et vu les contestations qui en avaient suivi, Béji Caïd Essebsi avait appelé son fils pour lui demander de se retirer au profit d'un autre dirigeant du mouvement. Hafedh avait accepté tout en exigeant qu'il soit remplacé par une femme à la tête de la liste. Béji Caïd Essebsi a toujours tenu de la distance avec Hafedh : il ne l'a jamais traité comme étant son fils mais comme un dirigeant au sein du mouvement qu'il a créé. Par contre, Béji, en tant que président du mouvement, avait imposé quelques noms, lors des législatives, à l'instar d'Abeda Kefi en tête de la liste du Kef, de Mondher Bel Hadj Ali en tête de la liste de la Manouba ou encore de Khemaïs Ksila à la tête de la liste de Nabeul. C'était la même chose pour la liste de Tunis II où il avait choisi de mettre Saïd Aïdi, suivi de Bochra Bel Hadj Hmida et de Mustapha Ben Ahmed. Cela veut dire que le président du mouvement avait ‘usé' de son pouvoir pour placer quelques dirigeants et il ne l'a pas fait pour le compte de son propre fils. Par ailleurs, parler d'héritage alors que l'on a une Constitution qui régularise les élections d'une manière stricte – notamment grâce au système des tours électoraux que cela soit pour les législatives ou pour la présidentielle – cela relève de la moquerie de l'intelligence des Tunisiens. De plus, la révolution du 14 janvier a coupé les ponts avec les pratiques de l'ancien système, et l'héritage politique en fait partie, et les institutions de la deuxième République sont strictes et sévères ce qui m'amène à demander comment on peut encore parler de ce phénomène là. Je trouve que c'est une aberration de continuer de parler d'héritage politique au jour d'aujourd'hui. N'oublions pas non plus que ces mêmes Tunisiens qui se sont mobilisés et ont réussi à empêcher la première version de la Constitution – celle du premier juin 2013 – d'être validée par l'Assemblée nationale constituante alors qu'elle contenait des articles ambigus tel que celui de la complémentarité de la femme ou encore ceux liés à la Chaariâ islamique ne permettront jamais que de tels dépassements soient commis. De son côté, la société civile tunisienne – qui vient de remporter le prix Nobel de la paix – s'est impliquée dans la vie politique, alors que les partis avaient flanché, et a fait réussir le Dialogue national ne sera pas non plus silencieuse face à un tel délit. Tous ces garde-fous qui ont protégé leur Patrie depuis la révolution du 14 janvier ne sauront pas laisser passer un dépassement pareil. Arrêtons de focalisé sur un faux problème.
-Alors que Nidaa Tounes passe par une grande crise, Moncef Marzouki a fait son grand retour sur la scène politique avec son nouveau parti, la Mouvance Tunisie Volonté, qui participera aux prochaines élections municipales. Qu'en est-il pour votre mouvement ?
En Turquie, les islamistes du régime de Recep Tayyip Erdoğan avaient remporté les élections municipales quinze ans en arrière et, depuis, ils n'ont plus jamais quitté le pouvoir. Tout se joue au niveau des élections municipales. Si l'on possède une réelle vision politique stratégique qui s'inscrit dans le cadre de la durée et non pas dans celui du temporaire, en termes d'échéances électorales, et comme la Constitution stipule que le pouvoir doit être décentralisé, il est tout à fait normal de voir les différents partis politiques viser les élections municipales. A Nidaa Tounes, et si l'on ne réussi pas à clore le dossier des querelles dans les plus brefs délais, les Tunisiens seront totalement en droit de tourner le dos définitivement à Nidaa Tounes parce que, jusqu'au là, on n'a manifesté aucune maturité politique pour gérer nos conflits internes. L'appartenance à un parti doit être basée, essentiellement, sur la discipline partisane.


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