C'est à Paris, aux éditions Laffont, que Najet Fakhfakh vient de faire paraître un ouvrage à la confluence de plusieurs genres. Entre regard historique et enquête journalistique, "La liberté en héritage : Journal d'une Tunisienne" propose au lecteur de suivre les pas des femmes tunisiennes depuis Elyssa jusqu'aux témoignages des militantes d'aujourd'hui. Un livre à la fois synthèse documentaire et roman de toutes les femmes... Signature, ce jeudi 4 février à 17h30 à la librairie Al Kitab. Najet Fakhfakh vient de publier une oeuvre vibrante, plurielle et riche de nombreuses voix féminines. Intitulé "La liberté en héritage : Journal d'une Tunisienne", cet ouvrage vient de paraitre aux éditions Jacques Marie Laffont à Paris. Le projet de l'auteure est des plus clairs: il s'agit pour elle de retracer l'histoire des femmes tunisiennes de Elyssa à nos jours afin d'éclairer les singularités tunisiennes. Très pédagogue, Najet Fakhfakh utilise deux démarches pour atteindre cet objectif. D'une part, elle donne la parole à une grand-mère fictive, archétype des femmes tunisiennes modernes. D'autre part, elle donne la parole à une quinzaine de femmes de tous horizons pour dresser un tableau de groupe des Tunisiennes en mouvement. Un livre nourri aux sources de l'histoire des femmes Nous sommes le 14 janvier 2011, il est 17h30. Alors que le couvre-feu ne va pas tarder, une femme se dirige vers la bien nommée clinique Elyssa. Elle vient d'être grand-mère et se demande déjà ce qu'elle pourrait offrir à sa petite-fille. Après avoir traversé la ville hérissée de barrages et troublée par la rumeur des hélicoptères, elle arrive enfin à la clinique. Ses idées se sont peu à peu précisées: elle va offrir à sa petite-fille un journal dans lequel elle consignera événements et lignages, histoire et personnages, légendes et prouesses. Un journal d'une Tunisienne qui raconte la généalogie de la liberté des femmes, qui établit un inventaire, un véritable répertoire de celles qui lui ont légué sa liberté et ouvert les horizons à sa descendante qui vient juste de naître. Cet argument permet à Fakhfakh de remonter l'histoire, un peu à l'image du film "Fatma 75" de Selma Baccar. Très clairement envisagée, la trame historique apparaît dans toute sa linéarité et renoue avec toutes les femmes illustres de l'histoire tunisienne. Simple, à la portée de tous, rédigé dans une langue facile, le livre de Najet Fakhfakh fourmille d'anecdotes et se lit aussi bien d'un trait qu'à petites gorgées, nourries aux sources de l'histoire. Les femmes en mouvement, second versant actuel et pluriel L'auteure aurait pu se contenter de ce récit. Elle va plus loin, ajoutant à l'évocation historique les reflets de l'actualité. C'est ainsi que ce livre de 280 pages propose de découvrir une quinzaine de portraits de femmes qui chacune se confie, raconte, témoigne. Politiques, artistes, activistes, ces femmes apportent un bel éclairage à la narration historique et un nouvel équilibre à l'ouvrage. Conjuguant leurs voix pour dresser le portrait d'une femme symbolique, d'une Tunisienne métaphorique dont quinze fragments épars viennent restituer une part de vérité. Leila Toubel ou Amina Srarfi racontent l'art, la musique et la révolution. Radhia Nasraoui ou Khedija Cherif évoquent la patience des combats pour la liberté. Bochra Belhadj Hamida et Yamina Zoghlami disent la richesse qu'apportent nos différences. D'autres comme Dorra Bouzid ou Kalthoum Kennou soulignent des parcours et des ambitions toujours renouvelés. En quinze portraits, ce sont des images qui défilent, mêlant les événements récents et les visions d'avenir. Quinze voix qui sont un excellent contrepoint au récit initial de la grand-mère qui, entre devoir de mémoire et désir de liberté durable, assigne aux Tunisiennes une exigence de continuer une longue marche, enracinée dans des siècles d'histoire et, surtout, dans la matrice de notre pays qui a su ne jamais castrer sa part de féminité.