Les fêtes populaires liées à une certaine perception et pratique de la religion ont ceci de positif, de rapprocher les familles mais surtout de jouer un rôle essentiel d'intégration sociale et culturelle qui permet l'apaisement des frustrations et des rapports conflictuels au quotidien. Les statistiques donnent une diminution sensible de la criminalité au mois de Ramadhan et dans les deux quinzaines qui suivent les deux Aïd, celui d'El « Fitr » et celui du « mouton ». Mais le revers de la médaille c'est l'environnement, totalement décapité par la Révolution. Pourquoi les fêtes « musulmanes » sont-elles si peu regardantes à la propreté et à l'hygiène... les causes sont évidentes depuis des siècles mais les solutions tardent à venir ! Finalement tout est lié. La culture environnementale connaît de grandes campagnes médiatiques et de mobilisation municipales et citoyennes, mais ça tourne en rond parce que nous n'avons pas, ou plus, de culture de l'efficacité, qui consiste à observer un phénomène, à décrypter puis aller droit au but avec des mesures simples et applicables, d'abord dans les heures et jours qui suivent l'événement, puis planifier la maîtrise une fois pour toute du délabrement incontrôlable et amplifié par l'exode rural et la « bidonvilisation » des villes. La capitale tunisienne « El Hadhra » a été conçue pour abriter 500 mille habitants avec l'avènement du Protectorat français en 1881, dans les nouveaux quartiers regardant vers la mer, qui s'ajoutent à quelque 300 à 400 mille citoyens des médinas autour de la grande Mosquée Ezzitouna et ses souks admirables de beauté et de confort. Or, aujourd'hui, le grand Tunis abrite plus de 40% de la population tunisienne soit largement les 5 millions d'âmes et l'exode ne recule pas, bien au contraire. Des villages entiers de l'intérieur, de la Tunisie profonde, loin des côtes, se vident, à telle enseigne qu'un ami pharmacien, de son état, très attaché à sa région natale a fini par jeter l'éponge et ré-émigrer vers les périphéries de la capitale, où ses amis d'enfance et toutes leurs familles se sont installés dessus-dessous bien loin de leurs paradis perdus et abandonnés du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il va falloir à tous nos planificateurs urbains qui se font bien rares et à qui on donne très peu la parole, réinventer les villes tunisiennes comme au début de l'indépendance avec la création de l'AFH, la SNIT, l'AFT et j'en passe, et qui ont joué amplement leurs rôles pendant presque un demi siècle, mais qui sont, aujourd'hui, totalement dépassées, par la poussée démographique « exodale », la raréfaction du patrimoine foncier municipal et public, et le manque de moyens financiers puisque beaucoup de ces institutions souffrent au niveau de la trésorerie. Une petite parenthèse que j'ouvre à propos de ces « Imams » obscurantistes de la « Jahiliya » qui font campagne, dans les mosquées contre le « planning » familial »... Imaginez la Tunisie sans cette détermination de fer de Bourguiba, de créer et encourager le planning, familial juste après la libération de la femme et le code du statut personnel en 1956... Eh, bien, nous serions maintenant 23 Millions de Tunisiens au lieu de 12 actuellement... et là, bonjour les dégâts... un désastre évité de justesse, car Bourguiba a empêché les prédicateurs des cavernes de prendre possession de la culture nationale de la modernité. Je ferme la parenthèse... A quoi ça sert de comparer l'incomparable ! Alors que faire maintenant et pratiquement pour oxygéner le tissu urbain, nettoyer les villes agressées défigurées continuellement par les pollueurs du ménager et du solide, malgré un grand effort des municipalités depuis une année. Tout d'abord et vite, revoir les plans d'aménagement mais sans traîner le pas, de façon à ne pas se trouver toujours, dépassés, par la réalité urbaine envahissante des nuits anarchiques et des jours fériés ! Par ailleurs entamer une expérience inspirée du système allemand, et je sais que c'est difficile... mais il y a un commencement à tout et à la rationalisation des collectes de tous les déchets ménagers et solides, de façon à obliger ( oui obliger par une loi s'il le faut) les propriétaires et habitants d'immeubles à avoir des containers différenciés de couleurs différentes pour les ordures liquides, le papier et carton, le bois, le verre et métal et plastique. Ceci permettra d'abord de faciliter la tâche des agents municipaux et de recycler plus rapidement les déchets polluants. Ça a l'air d'être difficile voire même impossible à réaliser dans l'immédiat ! Je ne le pense pas ! Tout a un commencement, et si nécessaire il faut expérimenter par étape et par quartier. L'effet boule de neige suivra. Et comme on dit « Ettounsi maândi » le tunisien est bon imitateur et s'adapte vite et nous l'avons vu pour la culture informatique qui a été entamée comme une gageure et un défi du temps de Ben Ali, très féru et passionné par les nouvelles technologies de la communication ( et du Renseignement !), et qui a fait tâche d'huile en l'espace de quelques années, avec une grande réussite. Le nouveau Ministre des collectivités et de l'environnement, M. Riadh El Mouakhar, a toutes les qualités de la jeunesse et de l'ambition pour marquer son passage dans un Ministère de la plus haute importance... Alors... il faut mordre le bras de la chemise... et bon vent ! Plus une minute à perdre ! K.G