Qu'est ce qui agite les Tunisiens à l'aube de cette nouvelle rentrée politique et parlementaire de l'automne-été 2017 ! Commençons par ce qui inquiète... La mobilisation toujours très accentuée du « social-syndical », qui s'accroche à ses « dividendes » acquis sous la pression constante depuis 2011 et même avant. L'UGTT veut bien du dialogue social et d'une pause, mais pas tout de suite tant qu'elle n'aura pas consolidé les acquis des travailleurs sur des augmentations amères pour les gouvernements successifs, mais jugées irréversibles par une centrale syndicale qui a pris du volume et de l'ascendant sur toutes les autres formations populaires comparables sur la scène et qui pèse de tout son poids sur les décisions – toutes les décisions – du pouvoir exécutif,y compris la politique générale et l'économie. L'appel à la « mobilisation » des syndicalistes en vue de défendre leurs « droits », annonce une année 2017, de toutes les menaces sur la paix sociale qui est à peine convalescente depuis le « happy-end » de Pétrofac et la reprise de la production au bassin minier de Gafsa-Metlaoui. Deuxième volet inquiétant, la persistance des partis islamistes, et à leur tête la centrale d'Ennahdha, à vouloir « tripoter » à l'infini, l'identité culturelle et religieuse de ce pays. Le cheikh Rached Ghannouchi, qui manœuvre jusque là sans faute, pour servir les intérêts de son parti sur le court moyen et long terme, n'a pas trouvé mieux pour refaire le « buzz » que de défendre « l'islamité » de Daëch, mais sous forme de menaces à peine voilées, du genre : « Daëch, c'est l'islam en colère », ce qui revient à dire, alors, tenez-vous à carreau, sinon ce sera le déluge et la colère de Daëch avec en projection, les décapitations à la hache et au couteau, l'asservissement des femmes vendues dans les « souks » du califat au plus offrant et toutes les merveilles « sic », de l'Islam politique califal du temps des ténèbres ! Ennahdha, a beau rectifier le tir, comme d'habitude, pour rassurer, ça ne passe plus.. ! Même Sigmund Freud, le père de la psychanalyse, n'y peut rien, le subconscient est bien l'expression des désirs refoulés et des convictions profondes qui les accompagnent... L'Islam politique à des degrés divers, même modéré, peut en cacher d'autres plus virulents et plus fanatisés avec au bout du tunnel... le totalitarisme fasciste de Daëch ! Nous sommes bien loin des lueurs d'espoir de voir Ennahdha enfourcher le cheval du parti « civil démocratique » avec les valeurs de l'Islam politisé et non institutionnalisé comme promoteur de « l'Etat-Chariaâ », avec toutes les dérives possibles du fait d'interprétations obscurantistes et rétrogrades. D'ailleurs, le vice-président du mouvement islamiste, cheikh Mourou a fait les mêmes erreurs d'aiguillage à la télé, quand il a comparé Ennahdha à la CDU allemande, et ses leaders à la chancelière Angela Merkel. Les choses ne sont pas aussi simples et l'Etat allemand est un Etat laïc au niveau institutionnel et la CDU (démocratie chrétienne) n'est pas un parti religieux, qui encadre les églises et les prêtres d'Allemagne ! Idem pour la Grande-Bretagne, quand cheikh Mourou parle de la reine Elisabeth, comme étant la présidente et le chef de l'église anglicane et donc, une sorte de papauté déguisée « protestante », il essaie de nous prendre pour des tarés parmi les canards sauvages ! A titre de rappel historique, le roi d'Angleterre est devenu le chef de l'église anglicane pour échapper justement à la tutelle du Pape catholique et du Vatican, et pour faire de l'Angleterre ce qu'elle est, une monarchie constitutionnelle et laïque en puissance. Les « manœuvres » des leaders nahdhaouis ne font que renforcer les Tunisiennes et les Tunisiens dans leurs convictions et méfiance, que Ennahdha n'est que le dérivé du parti « frères musulmans » d'Egypte stratégiquement, et que tout le reste n'est qu'adaptation tactique à l'événementiel et aux exigences des étapes pour établir une république « islamique » prononcée en Tunisie. Passons maintenant à ce qui rassure ! D'abord, la mobilisation, cette fois la bonne, des amis de la Tunisie. Le Conseil de l'Europe promet plus d'aide pour 2017 et jusqu'à 2020. Le ministre Abdelkefi essaie aussi de créer les conditions optimales pour faire venir le maximum d'investisseurs, et institutions financières mondiales au Forum de l'investissement prévu fin novembre à Tunis. Pour cela, il faut que toutes les parties et surtout les syndicats, fassent preuve de retenue pour donner la bonne image d'une Tunisie démocratique, sociale et libérale, mais stable et crédible, dans sa volonté de faciliter et promouvoir l'investissement. A notre humble avis, il faut mettre en sourdine toutes les mobilisations sociales à vouloir satisfaire des exigences irréalistes et accumulées depuis six ans et les menaces à peine voilées de nouvelles grèves et sit-in. Espérons que le sens de la responsabilité triomphera et aura le dessus sur les « batailles » de positionnement et d'appropriation de l'Etat et de la décision politique et économique, pour les irréductibles de toutes les chapelles, pressées de prendre les commandes de ce pays affaibli ! Les Tunisiens ont aussi leur mot à dire dans tout cela. Sondez-les... et vous verrez ! K.G