La nouvelle patronne du FMI, Christine Lagarde, ne veut pas imaginer "une seconde que les Etats-Unis fassent défaut". Reste que la dette américaine est devenue un sujet de préoccupation majeur pour Obama, qui veut s'en servir pour arracher un accord avec les républicains sur des hausses d'impôts. Barack Obama, le 27 mai 2011 Pour Barack Obama, il s'agit avant tout d'un problème de politique intérieure, et d'un bras de fer qui se prolonge avec les républicains. Mais tous les acteurs de la scène économique mondiale ont les yeux braqués sur Washington. Car les aléas de la dette américaine, bien au-delà des Etats-Unis, commencent à inquiéter les marchés du monde entier, échaudés par le cas de la Grèce qui a dégénéré en crise européenne. L'endettement des Etats-Unis a atteint la somme record de 14.294 milliards de dollars et continue à gonfler au rythme du déficit budgétaire, qui doit s'afficher cette année à 1600 milliards. Devant l'urgence, la présidence américaine a annoncé une conférence de presse surprise dans la matinée (soit cet après-midi en France). Et Barack Obama a fait savoir aux parlementaires qu'ils devaient être prêts à tenir des réunions tous les jours de la semaine si cela est nécessaire pour résoudre le problème du relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis. Le plafond actuel est de 14.300 milliards de dollars mais le département du Trésor et des économistes jugent que si un accord n'est pas trouvé avant le 2 août, les Etats-Unis risquent de se trouver dans une situation de défaut technique sur leur dette. C'est-à-dire, pour parler crûment, incapables de rembourser leurs échéances... Cette situation aurait des conséquences sur l'ensemble de l'économie mondiale et pourrait plonger à nouveau le pays dans la récession. Et si les Etats-Unis ne pouvaient plus payer ? Tout en se refusant à imaginer "une seule seconde que les Etats-Unis fassent défaut", la nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a mis en garde sur la chaîne ABC contre les conséquences d'une telle éventualité, évoquant "des hausses de taux d'intérêt, des contrecoups énormes sur les Bourses, et des conséquences véritablement déplorables, pas simplement pour les Etats-Unis, mais aussi pour l'économie mondiale dans son ensemble". Dimanche matin, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a lui aussi refusé d'envisager la perspective d'un défaut de paiement. Mais il a insisté pour que les deux parties se mettent d'accord au plus tard avant la fin de la semaine prochaine. Le problème est que les républicains refusent de relever ce fameux plafond de la dette si l'administration ne s'engage pas en échange à réduire les dépenses publiques d'un montant au moins équivalent. Mais les démocrates refusent de tailler dans les dépenses sociales et plaident pour un relèvement des impôts sur les plus riches. L'administration Obama a proposé en avril de réduire le déficit de 4000 milliards de dollars sur dix ans en combinant réduction des dépenses et hausse des impôts. Mais à en juger par le ton des communiqués diffusés après la réunion de dimanche soir, un accord est encore loin d'être acquis. "Cela (nous) rend perplexe que le président et son parti continuent à insister sur des hausses massives d'impôts au milieu d'une crise de l'emploi, tout en refusant de prendre des mesures significatives pour réduire les dépenses en période de déficits records", a observé le bureau du chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell. Le dirigeant de la majorité démocrate dans cette assemblée, Harry Reid, "estime que les enjeux sont trop élevés pour que les républicains persistent à choisir la solution de facilité", a indiqué pour sa part son porte-parole. Les Echos Face au risque de contagion à l'Italie, l'Europe veut parler d'une seule voix Les craintes d'une contagion de la dette souveraine à l'Italie et l'Espagne se sont ravivées vendredi à la suite des rumeurs de démission du ministre italien des Finances, Giulio Tremonti. Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent à nouveau dans une atmosphère de crise.
La zone euro ne connaît pas de répit. A peine un pays franchit-il une étape vers l'assainissement de ses finances, comme la Grèce avec l'adoption de son plan d'austérité et l'obtention, confirmée vendredi par le FMI, d'une nouvelle tranche de crédit de 12 milliards d'euros, qu'un autre est pris dans la tourmente. Mardi, l'agence Moody's abaissait la note du Portugal de quatre crans. Vendredi, l'Italie, troisième économie de la zone euro, est entrée dans l'oeil du cyclone, avec une flambée de ses taux obligataires sur 10 ans et une chute de 3,47 % de la Bourse de Milan. Les marchés s'inquiètent de la capacité du ministre de l'Economie, Giulio Tremonti, à mettre en oeuvre le programme de rigueur tout juste annoncé, alors que ses relations avec le Premier ministre, Silvio Berlusconi, se dégradent (voir ci-dessous). A Bruxelles, où il participe aujourd'hui à une réunion sur l'avenir de la Grèce, Giulio Tremonti devra rassurer ses homologues européens sur sa détermination à assainir les finances publiques italiennes. D'autant qu'une source proche de la Banque centrale européenne (BCE) estime dans le journal allemand « Die Welt » que l'actuel fonds de sauvegarde européen « n'est pas suffisant pour préserver l'Italie de manière crédible ». Hier, tout en constatant une « crise des signatures publiques » dont les Européens sont l'épicentre, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a rappelé que la quasi-totalité des grandes économies devaient redresser leurs finances publiques et se réformer . Avec des écarts-types de croissance, d'inflation ou d'emploi peu différents des Etats-Unis, l'Europe n'est pas le plus mauvais élève, a-t-il souligné, mais elle souffre selon lui d'une gouvernance de moins en moins lisible. Or, il y a fort à parier que la réunion, aujourd'hui, des ministres des Finances sur une nouvelle aide de 115 milliards d'euros à la Grèce n'y ajoute guère de clarté. Après quinze jours de discussions intenses sur la participation « volontaire » des banques au refinancement de la Grèce, la cacophonie est à son comble. D'un côté, les pays du Nord, Allemagne, Pays-Bas et Finlande en tête, estiment qu'il faut faire payer le secteur privé « quoi qu'il arrive », alors que les agences de notation ont averti que les divers plans à l'étude entraîneraient un classe ment temporaire d'une partie de la dette grecque en défaut. De l'autre, les pays du Sud, Italie et Espagne en tête, veulent éviter à tout prix ce « défaut sélectif » qui, par effet de contagion, pourrait entraîner une envolée de leurs taux de refinancement sur les marchés. Une solution coûteuse Entre les deux, la solution proposée par la France d'un refinancement à trente ans a du plomb dans l'aile, car elle semble très coûteuse, alors que l'enjeu porte à terme sur une diminution pour la Grèce du coût de refinancement de sa dette, comme l'a rappelé ce week-end le ministre suédois des Finances, Anders Borg. Pour tenter de mettre un peu d'ordre, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy a convoqué hier dans l'urgence les présidents de la BCE Jean-Claude Trichet, de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn à se réunir ce matin avant l'arrivée des ministres européens de la zone euro.